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PETITE ENFANCE - Quelle place accorder au jeu dans les maternelles?

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Écrit par Petite enfance
Publié le 9 février 2018, mis à jour le 9 février 2018

Peut-on encore jouer à l’école maternelle ? Oui, c’est même obligatoire ! Mais malheureusement les écoles réduisent le temps pour les récréations, et c'est une mauvaise chose pour les enfants qui ont besoin de ce temps de détente.

 


Une maman s'est récemment confiée à nous : "Mon plus jeune fils a commencé la maternelle il y a quelques mois, et comme j'avais déjà fait cette transition avec mon fils aîné, je n'étais pas aussi préoccupée par les choses qui m'avaient inquiétées la dernière fois. Je savais que même si mon petit gars était triste de me dire au revoir, il s'adapterait. Je savais qu'il se ferait des amis (éventuellement), qu'il se sentirait à l'aise dans la salle de bain de l'école et qu'il s'acclimaterait aux journées plus longues et bien remplies. Non, ce qui nous inquiète le plus c'est la tendance actuelle pour un jardin d'enfants dit "aux normes" depuis quelques années."


Elle a raison ! Les études récentes étayent plusieurs de ces changements, les éducateurs s'en inquiètent aussi, pour eux l'éducation tend à accroître les compétences de nos enfants mais elle néglige le plus important, en réduisant les opportunités pour eux de se divertir.


Nous ne pouvions pas nous attarder sur cette réalité sans en critiquer ses aspects néfastes pour le développement de nos enfants. Outre le fait que, des décennies de recherche sur le développement de l'enfant et les neurosciences nous ont démontré que les jeunes enfants apprennent beaucoup mieux par le jeu, le fait de rester en mouvement et d'engager quotidiennement leurs sens, il s'avère évident qu'à long terme cela donnera des enfants stressés et agressifs. Le niveau de stress est donc à la hausse chez les jeunes enfants, ils s'inquiètent de plus en plus de ne pas connaître les bonnes réponses, de commettre une erreur alors que ce ne sont pas des problématiques de leur âge; ils font même des cauchemars et finissent immanquablement par craquer parce qu'ils ne veulent plus aller à l'école.

Nous ne pouvons pas aller jusqu'à parler de maltraitance mais les enfants se sentent tyrannisés et peuvent ainsi passer à côté d'une période précieuse d'innocence et de curiosité. Nous déplorons également les niveaux de tests auxquels sont confrontés certains jardins d'enfants, car ils ne mesurent que partiellement les types de compétences que les enfants d'âge préscolaire auraient dû assimiler. Nommer des lettres et des chiffres est quelque chose de superficiel et presque sans rapport avec les capacités que nous voulons que nos enfants développent: autorégulation, capacité de résolution de problèmes, compétence sociale et émotionnelle, imagination, initiative, curiosité, pensée originale.


Bien sûr, ce n'est pas la façon dont fonctionnent toutes les écoles maternelles, fort heureusement, mais c'est une tendance qui risque de devenir la norme comme l'a très bien exprimé cette maman inquiète à ce sujet. Certaines des différences majeures que l'on peut déceler dans la qualité de l'éducation de la petite enfance sont liées aux inégalités socio-économiques. En général c'est dans les communautés à faibles ressources que les enfants sont le plus souvent soumis à de fortes doses d'exercices et de tests menés par des enseignants. Ce n'est pas comme dans les quartiers favorisés où les enfants ont l'occasion d'aller à des programmes de la petite enfance avec toutes sortes de jeux proposés, des ateliers artistiques très diversifiés et un apprentissage par projet. C'est la pauvreté qui est à l'origine de cette disparité. C'est juste déchirant. Chaque enfant devrait avoir une chance égale d'avoir une éducation équilibrée, peu importe d'où il vient, ou de quel milieu social il est issu. En plus, les boîtes en carton, les bouteilles en plastique, les pâtes, les cailloux sont parfois des jouets beaucoup plus intéressants pour les enfants, pas besoin d’un budget pharaonique pour leur donner l'occasion de jouer et d'être plus créatif.


Alors, que faire pour contre-carrer tous les changements qui se profilent dans le système éducatif actuel? Il faut certainement du travail pour parler aux parents des différentes recherches initiées autour de ce sujet, des réformes qui s'imposent dans l'éducation préscolaire, et nous devrions tous soutenir les jardins d'enfants et leurs éducateurs qui aident les enfants sans les brimer, pour leur permettre d’explorer et de découvrir un peu plus chaque jour. Mais nous pouvons à notre petite échelle s'engager à mettre en place dans les salles de classe des aires de jeu et des centres d'activités qui conviennent parfaitement pour des jeunes de cinq ans. Les parents doivent demander aux enseignants combien de temps les enfants vont-ils passer à jouer? Les questionner sur la place accordée au divertissement et à celle consacrée à l'apprentissage scolaire de leurs enfants.


Pour conclure, nous vous conseillons donc de choisir des structures plus réceptives au dialogue parent-professeur car il est toujours bon d'avoir un véritable échange avec les enseignants et l'administration scolaire. Vous ne devriez jamais avoir peur de demander, de soumettre des idées et de défendre les besoins légitimes de vos enfants.

 

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Publié le 9 février 2018, mis à jour le 9 février 2018

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