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HISTOIRE D'UN LIEU - Le destin malheureux du Palais Stirbei

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Source: Wikipedia.org/ Sabin Iacob
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 1 octobre 2020, mis à jour le 1 octobre 2020

Pendant les deux siècles derniers, Bucarest assumera son rôle de capitale de la Roumanie, en 1859, mais aussi en 1918. La ville regorge ainsi de ces bâtiments d’époque, qui ont su résister au temps, au grand remaniement urbain et à l’industrialisation entrepris par le régime communiste vers la fin du siècle dernier. Malheureusement, le destin ne s’est pas montré clément avec tous ses trésors architecturaux - l’histoire, plutôt triste, de la dernière résidence princière de la Valachie, le Palais Stirbei, peut en témoigner.

 

Le Palais Stirbei, situé sur Calea Victoriei, est le parfait exemple de l'empreinte que peut laisser l'histoire sur le paysage urbain. Dans un style classique et épuré, typique de l'architecture roumaine du XIXe, l'édifice reflète la puissance de ses anciens propriétaires, appartenant au dernier prince de la principauté de Valachie. Rentré de Paris, le prince Barbu Dimitrie Stirbei voulait faire restaurer son ancienne demeure seigneuriale, respectant les tendances de l’époque ; les travaux ont donc duré de 1833 jusqu’en 1835, selon les plans du Français Michel Sanjouand, le premier architecte en chef de la capitale et le président de la Direction d’Architecture et du Génie de Bucarest.


Pendant le règne de Barbu Stirbei (1849-1856), le Palais devient le siège de la Cour Seigneuriale de la Valachie; l’édifice était alors très prisé par la haute société bucarestoise et par des grandes personnalités étrangères, pour ses bals notamment et ses cérémonies très sélectes. Parmi ces événements mondains, on compte la visite, en 1843, du prince Albert, le frère du souverain de la Prusse et le beau-frère du Tsar Nicolas Ier.     

 

Le bâtiment servit aussi de résidence à trois générations de la famille princière Stirbei jusqu'au début du XXe siècle; après 1880, rentrant en possession du prince Alexandru Stirbei, le fils du voïvode. C’est le commencement de l'expansion architecturale et industrielle du palais, devenu un véritable domaine suite à la construction des étables, des demeures pour le personnel qui y est employé, et des annexes visant à servir de point de vente pour les vins des Caves Stirbei et la marchandise de la Fabrique de Conserves Stirbei de Buftea.

 

Nicolae Vatamanu écrivait dans son œuvre  "Autrefois en Bucarest", qu’il y avait un parc derrière le Palais, « embelli par des cascades et des grottes » et que son intérieur était d’un luxe raffiné. Dans un passage du recueil autobiographique "Les Souvenirs du colonel Lacusteanu", Grigore Lacusteanu affirmait : « À l’intérieur, les plafonds étaient peints, les poêles monumentaux provenaient de Venise et de Lombardie, les meubles étaient d'un luxe européen. Entre 1853 et 1854, pendant la Guerre de Crimée, il a servi de résidence au commandeur des troupes d’occupation russes […] ».

 

Le bâtiment initialement élevé par Sanjouand est pourvu d’une façade plutôt sombre, suite aux interventions des architectes Xavier Villacrosse et Moritz von Ott. C’est après 1888 qu’Alexandru Stirbei demande la restauration de sa façade à l’architecte Friedrich Hartmann, pour l'orienter vers un style classique, aux éléments éclectiques. La tour bâtie dans la partie nord-est de l’édifice était soutenue par quatre colonnes ioniques, ultérieurement remplacées-  maintenant, les quatre piliers, chacun coiffé d'une cariatide, renforcent l'aspect noble et imposant de la bâtisse, diminuant sa symétrie architecturale. Les archives parlent aussi de l’existence d’une maison des gardiens, ayant l’aspect d’un ancien temple grec et démoli dans la période de l’entre-deux-guerres ; les dimensions de la cour d’honneur ont été réduites aussi, suite à l’extension du boulevard Calea Victoriei.

 

Nationalisé par le régime communiste et mutilé au cours du grand remaniement, le Palais Stirbei a aujourd'hui perdu son élégance, ainsi que sa fonction représentative de bâtiment d'Etat ; seul le jardin, une dernière miette d’un domaine somptueux, nous raconte aujourd’hui sa triste histoire.

 

Sources: Bucurestiivechisinoi.ro, Jurnalul.antena3.ro, Arhivadearhitectura.ro, Adevarul.ro    

 

Ana-Maria Roșca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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