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BUCAREST CENTENAIRE - Palais de justice, le berceau de la démocratie

Bucuresti,_Romania,_Palatul_de_Justitie_(Arhitecti_Albert_Ballu_si_Ion_Mincu);_B-II-m-A-18941_(4)Bucuresti,_Romania,_Palatul_de_Justitie_(Arhitecti_Albert_Ballu_si_Ion_Mincu);_B-II-m-A-18941_(4)
wikimedia.org
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 30 juin 2018

La Constitution libérale de 1866 jetait des bases solides au principe de la séparation des pouvoirs au sein de l’État, si désirée par les Roumains des trois Principautés, parce qu’il ne faut pas oublier la lutte d’émancipation des Transylvains. La Grande Union de 1918 uniformisait justement cette répartition démocratique des rôles des officialités, montrant un intérêt particulier pour la justice - les siècles des dominations étrangères avaient réveillé un certain goût  pour l’intégrité, dans l’esprit de la conscience nationale. Le premier monarque qui comprend cela parfaitement, est le roi Charles Ier, qui laisse aux Roumains et à la capitale, un Palais de Justice - symbole de l’honnêteté et de la démocratie moderne.

 

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Constantin Bacalbasa se rappelait qu’avant la construction du Palais de la Justice, cet endroit était occupé par la vieille Cour d’appel et par deux pensions - Buchholtzer (pour les garçons), et Gachstater (pour les filles). Les archives attestent que ces maisons appartenaient antérieurement au logothète valaque Mihalache Manu, mais la Petite Union de 1859 engendre l’augmentation des officialités et des tribunaux. Par conséquent, le roi Charles Ier ordonne la démolition des bâtiments ; en 1882, suite au développement économique de la capitale, il décide de faire construire un édifice monumental, digne des instances judiciaires d’un royaume démocratique et indépendant.

 

Huit années plus tard, sur la rive de la Dambovita, la première pierre est mise en place par le roi lui-même, les travaux durant jusqu’en 1895. Pendant la cérémonie d’inauguration, le ministre de la justice, Eugeniu Stanescu, déclarait : « Le Palais de la Justice est l’œuvre, en terme de plans, d’un architecte français distingué, Albert Ballu ; en ce qui concerne l’exécution et la coordination des travaux, il appartient à nos architectes roumains, dont l’architecte en chef fut Monsieur Ion Mincu, diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris […] ».

 

Le bâtiment est réalisé dans le style néo-Renaissance (Renaissance tardive) et sa façade est décorée par des sculptures allégoriques ; six statues encadrées par des pilastres veillent sur la voûte de l’entrée principale, rappelant ainsi les origines antiques de la démocratie : l’Attention, la Vigueur, la Loi, la Justice, l’Éloquence et la Vérité. L’ensemble est couronné par les figures sculptées de la Force et de la Prudence, enserrant une horloge. Le temps semble devenir le leitmotiv de l’édifice - l'actuelle Salle des Pas Perdus était nommée à l'origine la Salle de l’horloge car elle disposait d’une horloge qui comptabilisait la durée des procès. Au sommet du toit, on peut apercevoir le symbole de la royauté - la couronne, et le faisceau - emblème de l’autorité étatique, porté par les licteurs de la Rome antique ; ramenant encore à l’idée de l'écoulement irréversible du temps et évoquant l'évolution de l’État roumain, depuis ses origines jusqu’à l’instauration du royaume.

 

Dans les années ’30, on rajoute au Palais quatre nouvelles annexes, deux d’entre elles appartenant à l’Assemblée des Avocats, qui a aussi financé leur construction. Le risque séismique élevé de la capitale se manifeste quelques décennies plus tard - le tremblement de terre de 1977 produit plusieurs détériorations graves, suite auxquelles la Salle des Pas Perdus reste fermée pendant une longue période.

 

Les leaders de la Roumanie communiste auront des points de vue différents concernant le Palais : Gheorghe Gheorghiu-Dej voulait le transformer en un Palais de la Culture, alors que Nicolae Ceausescu projetait sa démolition et la construction d’un autre édifice des instances juridiques, sur les ruines du vieux Monastère Vacaresti. Heureusement, la Révolution de 1989 interrompt ses démarches. La restauration du bâtiment ne reprend que dans les années 2000 et un groupe d’architectes roumains et français sera responsable des travaux - la grandeur du Palais de la Justice est ressuscitée grâce à la collaboration harmonieuse des nations qui l’ont créé.

 

Souces: Enciclopediaromaniei.ro, Fr.discover-bucharest.com, Cab1864.eu  

 

Ana-Maria Roșca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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