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BUCAREST CENTENAIRE - Maison des Lahovari, art nouveau à la roumaine

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Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 12 septembre 2019, mis à jour le 12 septembre 2019

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la famille des Lahovari était souvent comparée aux Bratiano, les Lahovari étant la plus importante famille politique de Roumanie appartenant au Parti Conservateur. Les frères Alexandru, Ion (le père de l'écrivain roumain d'expression française, Marthe Bibescu) et Jacob Lahovari occupèrent plusieurs fois les fonctions de ministre des Affaires Etrangères, et selons les dires de C. Iordachita dans "Familia Lahovari. Ascendenţă şi destin politic" c'est justement cette succession (1890-1907) qui a garanti le rapprochement de l'état roumain avec l'Entente franco-russe, anticipant ainsi l'implication de la Roumanie dans la première Guerre Mondiale.

 

 

Avant de rejoindre la politique des affaires étrangères roumaines, Jacob Lahovari avait été ministre de la Guerre, s'avérant être un précurseur digne du général Berthelot. Refusant de rester uniquement un bon stratège et un commandant des armées, il était toujours sur la ligne de front principal pendant la guerre d'Indépendance, aux côtés des soldats. Il ne cherchait pas les honneurs, et se laissait conduire par l’amour le plus sincère pour la Roumanie qu’il a transmis également à sa petite-fille Martha, et avec le temps, l'attachement pour le jeune royaume indépendant deviendra un mode de vie.

 

 

L'un de ses principaux soutiens fut l'architecte roumain Ion Mincu, fraîchement diplômé de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris à qui on a confié le projet de la maison du général Lahovari. Le jeune architecte créa une harmonie entre les courbes dans le style Art Nouveau et la mythologie roumaine, devenant ainsi le père du style néo-roumain. Tant la construction en elle-même que les décorations extérieures trouvaient leurs sources d’inspiration dans les vieilles maisons de paysans et de boyards des principautés roumaines, mais aussi dans les monastères byzantins, les bâtiments aux influence turques-phanariotes (propre au Bucarest du XIXe siècle) ou encore les palais et les églises construites par Constantin Brancoveanu dans le style architectural qui porte son nom. Dans une interview pour la revue Arhitectura, Mincu déclarait: "J’ai cherché l'expression la plus typique et la plus simple, surtout que les dimensions réduites le permettaient. J’ai utilisé la polychromie, qui est dans la nature du Roumain et pour cela j’ai fait appel au carrelage pour des raisons de durabilité et de beauté."

 

 

Construite en 1886, la maison Lahovari représente la renaissance des racines saines d'un arbre brisé par la tempête, dont la façade cumule des siècles d'histoire. L'entrée principale est marquée par un balcon central dans le style des manoirs de boyards, dont le toit repose sur des piliers en bois, soutenus par des petits pylônes épais. On peut remarquer un intérêt particulier pour les éléments architecturaux orientaux car à la place des arcades courtes typiques, on retrouve des hautes voûtes de style turque, en forme d'accolades, d'où ressortent des médaillons verts en céramique, décorée avec des motifs ethnographiques spécifiques de la région de l'Olténie. L’ensemble du balcon est couronné par une ceinture en terre cuite, représentant des éléments de la culture militaire roumaine, rappellant les origines du peuple roumain – en sachant que l'architecture roumaine de la Dacie était pauvre en ornements, les bâtiments ayant principalement un caractère militaire. A l’opposé, on retrouve deux frises latérales, identiques, réalisées dans le même céramique émaillée et colorée, représentant des miniatures de dragons, rappelant le vieil étendard des Daco-Gètes. Ainsi, l'architecture classique reprend ses droits grâce aux motifs ornementaux choisis et à travers la disposition symétrique des fenêtres latérales dans la partie inférieure des bas- reliefs.

 

 

Les historiens contemporains considèrent la Maison Lahovari comme le premier bâtiment de style néo-roumain, Ion Mincu misant sur l'affirmation de l'esprit national et la reconnaissance de l'architecture traditionnelle. Quant à Jacob Lahovari, il avait ordonné la construction d'une habitation roumaine, d’où il avait secrètement planifié l'union de la Transylvanie avec la Roumanie. Si son destin lui aurait permis de vivre une décennie de plus, il aurait vu son rêve devenir réalité.

 

 

Sources: E-architecture.ro, Historia.ro, Bucurestiivechisinoi.ro

 

Ana-Maria Roșca

 

Traduction : Lucas Cosset

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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