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BUCAREST CENTENAIRE - La maison Arion, les débuts du petit Paris

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Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 27 septembre 2018, mis à jour le 27 septembre 2018

L’histoire a toujours su récompenser les caractères forts et les esprits les plus belliqueux. Le destin du général Éracle (Éraclie/Héraclès) Arion confirme cette règle : il a plaidé en faveur d’un armement efficace de l’armée roumaine et pour avoir plusieurs régiments d’artillerie pouvant soutenir l’infanterie. La pertinence de ses techniques fut prouvée pendant la guerre d’indépendance, quand il a lutté sur le front, aux côtés des soldats, organisant les opérations défensives de la ville de Calafat et dirigeant l’artillerie roumaine pendant le siège de Pleven (Plevna).

 


Son pragmatisme était remarquable, complété d’un cosmopolitisme discret ; la formation militaire qu’il débute à Bucarest, s’achèvera en France. Quelques années après, il rentre au pays et soutient l'équipement des divisions de l’armée avec des canons performants, français et allemands. De plus, pendant la guerre d’indépendance (1877-1878), il occupait la fonction d’attaché militaire de la Roumanie, rapportant directement  au commandant des troupes russes, le Grand Duc Nicolas Romanov.

 

Au début des années 1880, on le trouve élevé au rang de général et marié depuis déjà presque deux décennies, avec la fille d’un boyard, Sevastia Alexandrescu. Le couple commence à ressentir le besoin d'emménager dans une résidence privée, digne du prestige d’Éracle Arion, et suffisamment spacieuse pour les quatre enfants de la famille.


La maison du général Arion représente le début de la carrière de Jean (Ion) D. Berindey, qui, pendant la première moitié du XXe siècle, se trouve parmi les architectes roumains les plus prolifiques. Jusqu’au commencement proprement-dit de son activité, la popularité de son père qui était aussi architecte, constituait la meilleure lettre de recommandation pour celui-ci. Dimitrie Berindey avait publié de nombreuses études analytiques concernant l’état de l'architecture dans les Principautés Unies ; il avait remarqué l’aspect de forteresse, conservé dans presque tous les édifices et le style byzantin adopté dans l’architecture civile et religieuse, mais remanié selon le goût de l’époque et les habitudes de la société. Son fils décide de rompre avec cette tradition, jonglant tout le long de sa carrière avec la multiples possibilités offertes par des styles déjà consacrés.


Prenant comme source d’inspiration le titre du roman écrit par Ion Marin Sadoveanu, la résidence de la famille Arion marque la fin du siècle dans la ville de Bucarest, l'édifice étant élevée en 1898, selon les principes architecturaux de l’éclectisme français. Récemment diplômé de l’École nationale de Beaux-Arts de Paris, le jeune Berindey réalise une bâtisse dont l’extérieur garde, dans une certaine mesure, un précédent historique français ; grâce au mélange harmonieux des éléments néo-rococo, néo-baroques et néo-classiques, il offre à la bâtisse un aspect inédit, couronné par l’intérieur décoré dans le style Louis XIV. À première vue, le bâtiment situé sur la rue Lascar Catargiu frappe par son aspect colossal, relativement compact : la perspective horizontale joue un rôle fondamental au niveau du socle, mais pour les étages supérieurs, elle garde une simple fonction décorative, débordant au niveau de la mansarde, grâce à la corniche et aux lucarnes. Son allure élancée est soutenue par les encadrements verticaux des fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage, intégrées dans une seule voûte haute et ronde. C’est impossible de ne pas remarquer les balcons, dont la base s’appuie sur des bossages sculpturaux, richement ornés ; quant aux détails en fer forgé, ils deviennent comme une marque de fabrique de l'architecte, celles-ci se retrouvant dans la plupart des immeubles qu’il a projetés. Les grillages des balcons et la rampe de l’escalier principale misent sur le jeu des lignes courbes ; pour les marquises indiquant les deux entrées, on a utilisé le même matériau, complété par des insertions en verre.


Malgré tout, le commanditaire de cette résidence n’a pas eu l’occasion de beaucoup en profiter, fait qui nous rappelle un peu l’histoire du Palais Cantacuzino, élevé toujours par Jean D. Berindey. Après seulement cinq ans, le général meurt, en 1903, la maison étant léguée sa femme.

 

Sources : E-architecture.ro, Hisour.com, Dictionnaire de l’architecture roumaine moderne (consulté sur le site Issuu.com)       

 

Ana-Maria Roșca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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