Nous sommes allés à la rencontre du poète et écrivain Sylvestre Clancier, figure phare de la poésie française et grand amoureux de la Roumanie. Ses poèmes ont même été traduits en roumain. Fils du poète Georges-Emmanuel Clancier, il a reçu la passion des mots en héritage. Il est aussi un passeur enthousiaste, désireux de découvrir et de faire découvrir des poètes du monde entier.
Les auteurs roumains qui m’ont le plus marqué, surtout lors de mes débuts en écriture, sont incontestablement Tristan Tzara et Eugène Ionesco que j’ai eu la chance grâce à mon père de connaître un peu. Aujourd’hui j’aime beaucoup la poésie du poète moldave Dimitru Crudu, celle de Valeriu Stancu, de Linda Maria Baros, et de bien d’autres poètes de la jeune génération, comme celle de Maria Ivanov, alors que ma poésie est pourtant très différente de la leur.
Plus d'une quarantaine de livres à votre actif, des Festivals un peu partout dans le monde et un attachement tout particulier à la Roumanie. Pouvez-vous nous en parler ?
M'intéressant depuis longtemps aux poésies de langue française écrites un peu partout dans le monde, j'ai vécu au Québec au début des années 70, j'en suis venu à m'intéresser à mon retour en France à celles et à ceux qui bien qu'ayant une autre langue maternelle écrivaient en français.
Depuis plus de dix ans j'ai développé une étroite collaboration, par exemple, avec la poète Linda Maria Baros qui vit à Paris depuis le début du siècle, elle y a fait ses études supérieures (voir votre entretien avec elle en 2022). Je lui ai proposé d'entrer au Pen club français quand j'en étais le président, elle en est maintenant la très active vice-présidente. Quand elle a été intronisée au sein de l'Académie Mallarmé et que j'en suis devenu le président, je l'ai fait élire au bureau de l’Académie en tant que Rapporteur général. Nous y travaillons ensemble et il est important de rappeler que l’Académie Mallarmé composée des plus grands poètes contemporains a toujours compté parmi ses membres non seulement des poètes français, mais aussi des poètes belges, suisses, luxembourgeois, québécois, africains, donc plusieurs poètes de nationalités différentes de l’aire francophone, mais aussi des poètes dont la langue française n’étant pas la langue maternelle ont choisi d’écrire leur poésie en français, soit partiellement, soit totalement. Je peux citer le poète kurde, Seyhmus Dagtekin, le poète chilien, Luis Mizon, la poète franco-libanaise Vénus Khoury- Ghata, le poète luxembourgeois Jean Portante, et bien évidemment la poète roumaine Linda Maria Baros qui participe aussi à mes côtés aux orientations et au rayonnement de la Maison de Poésie que je préside à Paris.
J'ai constaté il y a longtemps qu'il y avait chez les écrivains roumains une très forte attractivité de la France et cela depuis le début du 19ème siècle, voire avant. C'est le sujet que j'ai traité dans une conférence faite en 2013 à l'Université de Busan en Corée du Sud.
Pendant ma présidence du PEN Club français, j’ai développé un partenariat pour des actions culturelles et des soirées de poésies avec la poète Magda Carneci qui était responsable à Paris de l’Institut Culturel roumain. Je lui ai également proposé d’écrire dans un livre collectif que notre PEN a publié concernant la liberté d’expression et les diverses formes de censures. Puis, quand elle a représenté le PEN roumain dans les assemblées générales du PEN international auxquelles je participais de mon côté, je lui ai proposé d’être la personnalité qui a présenté ma candidature pour être élu au Comité exécutif du PEN international (j’étais soutenu par de nombreux PEN), et j’ai été élu. J’ai donc pu y siéger de nouveau entre 2011 et 2014 alors je j’y avais exercé un premier mandat de 2005 à 2007.
Je suis venu ces dernières années à différentes reprises dans diverses villes de Roumanie. A Bucarest, où le Pen club roumain m’a très amicalement accueilli deux fois.
La première fois on m’a demandé des poèmes inédits pour qu’ils soient traduits en roumains et publiés dans des journaux ou revues littéraires. C’est le poète et peintre roumain Constantin Abaluta qui l’a fait et qui m’a accompagné très amicalement pendant tout mon séjour, lors duquel j’ai eu le plaisir de retrouver mon amie Anna Blandiana. Je l’avais connue vingt ans plus tôt, elle était proche de Jean Blot, romancier et essayiste français qui fut pendant 14 ans (de 1983 à 1997) le secrétaire international de la Fédération des PEN. Je venais d’être élu secrétaire général du Pen français quand ce dernier en devint le Président avant moi.
La deuxième fois, Magda m’a proposé en tant que présidente du PEN roumain d’être l’un des participants actifs de la rencontre internationale qu’elle a organisée pour célébrer les 90 ans du Pen roumain. J’ai pu alors également participer au festival de poésie de Bucarest où j’ai fait la connaissance du poète, journaliste et traducteur, Dinu Flamand, autre francophile et francophone, ayant travaillé de très nombreuses années à Radio France Internationale (RFI). Je l’ai rencontré de nouveau lors de l’une de mes participations au grand festival des « Poètes du monde latin » organisé au Mexique par le poète mexicain, Marco Antonio Campos, correspondant de l’Académie Mallarmé que je préside.
J’étais aussi reçu en 2017 en Roumanie par l’Union des écrivains à Bucarest et également plus au centre du pays dans la ville de Brancusi où j’ai reçu le Prix qui porte le nom du célèbre poète roumain Tudor Arghezi.
Plus récemment, j'ai été reçu à Iassi par l'Institut français dirigé alors par Muriel Augry. À cette occasion, Valeriu Stancu, poète, critique littéraire, traducteur, éditeur qui est un homme de lettres roumain éminent, organisateur de l’important Festival international de poésie de Iassi, a organisé pour nous une tournée littéraire très conviviale dans plusieurs villes de la Moldavie roumaine.
Il a traduit et édité en 2020, en version bilingue, une anthologie de mes poèmes en coédition Cromedit (Iassi) et Stiinta (Chisinau /Moldavie) Elle s'intitule "Les Cordes de la vie" / " Corzile vietii".
Il m’a ensuite invité à participer au Festival international de poésie de Iassi et a traduit et publié en roumain dans les mêmes maisons d'édition mon livre de poèmes publié en France aux éditions la rumeur libre, en 2021, " Un regard infini" Tombeau littéraire dédié à mon père, l'écrivain Georges-Emmanuel Clancier décédé à Paris à l'âge de 104 ans en juillet 2018. Ce livre en roumain de la collection PoeMondia s’intitule « O privire infinita », est paru en 2023.
Valeriu Stancu vient aussi de traduire en roumain et de publier onze de mes nouveaux poèmes dans sa belle anthologie "POEZIE EUROPEANÂ CONTEMPORANÂ qui vient de paraître en septembre 2024 dans les mêmes maisons d'édition roumaine et moldave. Cette anthologie roumaine de la poésie européenne contemporaine est préfacée par le nouveau président de l'Union des Ecrivains, Varujan VOSGANIAN.
Je suis aussi un ami de longue date d’une poète roumaine dont j’apprécie énormément l’œuvre poétique. Elle a choisi la langue française, comme l’a fait plus tard la jeune Linda Maria Baros. Il s’agit de Marlena Braester qui depuis qu’elle vit en Israël (1983) y anime la magnifique revue d’expression française CONTINUUM. Elle m’a traduit beaucoup de poèmes en hébreu et travaille actuellement à la traduction d’une nouvelle anthologie de mes poèmes en roumain.
Vous vous êtes toujours passionné par les auteurs étrangers ayant choisi d'écrire en français. Pourquoi cet intérêt ?
Plusieurs facteurs m’y ont incité. Je suis natif du Limousin, cette belle province française dans laquelle on a longtemps parlé la langue des troubadours, cette langue si chantante qu’y parlait encore le peuple : les classes modestes ou pauvres, à Limoges, les jours de marché, et quotidiennement dans les bourgs et les campagnes quand j’étais enfant. Le fait que cette langue ait peu à peu disparu m’a fait appréhender assez vite que la langue française courait le même risque à partir du moment où elle n’était plus la lingua franca des élites européennes, puisque le commerce des marchandises et celui des capitaux y avaient supplanté, après le désastre de la guerre de 1939-1945, le commerce des lettres. En effet, pendant longtemps au 18ème siècle, puis au 19ème et pendant la première moitié du 20ème siècle, en raison aussi du fait que la France était devenue la patrie des droits de l’homme depuis la Déclaration de 1789, la France et la langue française ont pu aimanter les élites artistiques et littéraires du monde entier.
Le fait aussi de vivre au Québec au début des années 1970, où j’étais attaché culturel à l’Office de la langue française, au moment où « la belle province » luttait pour pouvoir parvenir enfin à obtenir son indépendance, m’a sensibilisé à l’importance du facteur politique pour accompagner et soutenir la liberté linguistique et culturelle. Il est certain que la très forte amitié que j’ai nouée alors avec l’immense poète qu’était Gaston Miron et aussi avec ceux des poètes québécois de ma génération qui partageaient sa vision de la lutte pour l’indépendance du Québec qui assurerait mieux à long terme la sauvegarde de la langue française au nord de l’Amérique, a fortement contribué à l’importance que j’ai toujours accordé à la défense et à l’illustration de la langue française.
D’où, en 1997, à mon instigation, la création sur les deux continents de l’association des Amis de Gaston-Miron peu après la mort de ce dernier, avec notamment Dominique Noguez Noëlle Châtelet, Régis Debray, Michel Deguy, Jean Royer, Claude Beausoleil, et, en 2005, le Manifeste de la Nouvelle Pléiade que j’ai écrit et signé avec plusieurs poètes dont Claude Beausoleil, Seyhmus Dagtekin, Philippe Delaveau, Hélène Dorion, Philippe Pujas, Jean-Philippe Raîche, Jacques Tornay au moment où nous fondions en écho à la première pléiade française et à celle du poète et président sénégalais Senghor, ce mouvement littéraire et ce Grand Prix international de Poésie de langue française Léopold Sédar Senghor, sous le parrainage des poètes Aimé Césaire, Georges-Emmanuel Clancier, Vénus Khoury-Ghata, Anise Koltz, Edouard Maunick, Philippe Jones et Liliane Wouters. La première fois, en 2006, nous avons décerné ce Grand Prix de poésie au talentueux écrivain et poète haïtien Jean Métellus. Le prix lui a été remis au Salon du Livre de Paris, l’année même où dans le cadre des amitiés francophones, les écrivains du Québec étaient les invités du Salon et où je remettais au président de la République française, Jacques Chirac, sur le stand des éditions Gallimard, en tant que président des Amis de Gaston-Miron, l’édition dans la collection Poésie / Gallimard des poèmes de Gaston Miron extraits de l’Homme rapaillé. Cette nouvelle édition venait de paraître.
En 2008, je proposais aux éditions Seghers de publier une anthologie de 130 poètes de langue française du monde entier que je venais de composer dans le cadre de la Nouvelle Pléiade. Bruno Doucey accepta avec enthousiasme de la publier, il me proposa d’ajouter d’un commun accord 14 autres poètes, ce que nous fîmes. Il en écrivit la préface et moi la postface pour la Nouvelle Pléiade. J’obtins, grâce à Jean-René Bourrel, le soutien généreux et vigoureux de l’O.I.F. pour faciliter et amplifier l’édition de cette anthologie « Poésies de langue française / 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde ». Jean-René Bourrel y rappela à juste titre que cette anthologie, qui fut offerte à tous les participants du grand sommet de la francophonie qui eut lieu cette année-là au Québec, venait célébrer à sa manière la fameuse anthologie réalisée 60 ans plus tôt, en 1948, par Léopold Sédar Senghor : l’anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, publiée aux Presses universitaires de France.
Bien évidemment figuraient dans cette anthologie de nombreux poètes dont le français n’étaient pas la langue maternelle, mais qui avaient été aimantés par la beauté de la poésie et de la langue françaises au point d’écrire leur poésie en français et pour n’en citer que quelques-uns, on y trouvait Marlena Braester, Fulvio Caccia, François Cheng, Seyhmus Dagtekin, Ananda Devi, Abderrahmane Djelfaoui, Charles Dobzynski, Lorand Gaspar, Moncef Ghachem, Salah Al Hamdani, Carlos Henderson, Vénus Khoury-Ghata, Myriam Montoya, Hisashi Okuyama, Chehem Watta, René Depestre.
Lors de vos visites successives en Roumanie, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
La passion des échanges et des controverses entre les différents écrivains et écrivaines rencontrés. L’attachement aussi à leur région d’origine, je peux mentionner par exemple l’attachement pour Cluj et la Transylvanie de mon ami le poète roumain, Horia Badescu, qui a écrit directement en français pour les éditions L’herbe qui tremble un beau livre de poèmes intitulé Roulette russe. Il fut aussi un excellent directeur de l’Institut culturel roumain à Paris pendant plusieurs années.
Une rencontre, un événement que vous aimeriez nous conter lors de vos séjours ?
La phénoménale capacité de nombreux « hommes de lettres » de boire avec enthousiasme, sans tomber instantanément ivres, des dizaines de verres d’alcool fort d’abricot ou d’autres fruits, alors que moi-même, n’ayant pas la même capacité, je commençais à partir en vrille et me disais intérieurement : ce sont vraiment des « hommes de litres »… Et cela se passait dans le jardin qui avait été celui du grand poète roumain Tudor Arghezi.
Vous avez été traduit dans de nombreuses langues, pensez-vous que la traduction rende justice à un texte de poésie ?
Non seulement je pense que la plupart du temps, quand ce sont eux-mêmes de bons poètes, les poètes traducteurs rendent parfaitement justice au poème initial, mais encore qu’ils parviennent parfois, sans la trahir, à enrichir la poésie initiale. C’est le cas de poètes traducteurs qui manient plusieurs langues et qui ont été déjà eux-mêmes enrichis par leurs nombreuses traductions de poètes étrangers. Je peux citer parmi ces derniers les poètes français, Jacques Ancet, Guillaume Métayer ou Jean Poncet, la poète israélienne Marlena Braester, le poète luxembourgeois Jean Portante, le poète roumain Dinu Flamand ou bien la poète portugaise, Maria Joao Cantinho.
Des auteurs roumains de la nouvelle génération et même de l'ancienne qui aurait marqué votre propre écriture ?
Les auteurs roumains qui m’ont le plus marqué, surtout lors de mes débuts en écriture, sont incontestablement Tristan Tzara et Eugène Ionesco que j’ai eu la chance grâce à mon père de connaître un peu. Aujourd’hui j’aime beaucoup la poésie du poète moldave Dimitru Crudu, celle de Valeriu Stancu, de Linda Maria Baros, et de bien d’autres poètes de la jeune génération, comme celle de Maria Ivanov, alors que ma poésie est pourtant très différente de la leur.
Votre père était un grand poète, Georges-Emmanuel Clancier. Vous lui avez d'ailleurs consacré un recueil " Un regard infini" publié à la Rumeur Libre. Le livre est également paru en roumain en 2023 ; O privire infinita de la collection PoeMondi. Que pouvez-vous nous en dire ?
C’est un livre que j’ai écrit à la campagne et spontanément, en une nuit, peu après la mort de mon père qui est mort à l’âge de 104 ans révolus, le 4 juillet 2018, dans son appartement parisien du 25 rue de Lübeck où il vécut pendant 60 ans, non loin de la rue Paul Valéry, poète qu’il admirait et dont il aimait me montrer la statue dans le jardin voisin du Trocadéro.
J’étais alors encore imprégné par toutes les conversations quotidiennes que nous avions eues lui et moi pendant les années 2014 – 2018, quand il était devenu veuf. Ma mère était morte en décembre 2014 à l’âge de 101 ans. Elle était son aînée de quelques mois, étant née en novembre 2013, alors qu’il était né, comme elle, à Limoges, le 3 mai 1914, donc avant la déclaration de la première guerre mondiale. Nous avions eu, les uns et les autres, une enfance limousine. Enfant, j’étais resté longtemps dans la maison familiale des Clancier à Limoges où j’avais vécu élevé par mes grands-parents et où vivait encore mon arrière-grand-mère Louise dont mon père avait fait l’héroïne de son cycle romanesque Le Pain noir (4 volumes) sous le prénom de Catherine appelée Cathie.
Vous êtes également un passeur en poésie. Que pensez-vous de la jeunesse, d'un certain renouvellement poétique ?
C’est vrai, j’ai toujours voulu faire connaître mes contemporains poètes, qu’ils soient français ou étrangers, quand ils épousaient notre belle langue pour nous donner le meilleur de leur création poétique. Je l’ai fait à travers des revues auxquelles j’étais attaché dans ma jeunesse, comme ce fut le cas de la revue fondée et dirigée par les poètes Oleg Ibrahimoff et Janine Mitaud, la revue Métamorphoses qui était réalisée sur les presses de l’excellent éditeur de poésie Rougerie, à Mortemart, en Limousin.
J’y ai publié moi-même des poèmes et des textes signés Pierre Sylvestre Clancier et j’en étais pendant mes études le représentant auprès des librairies parisiennes, notamment au quartier latin. J’étais même devenu à cette époque l’un des meilleurs connaisseurs des revues de poésie françaises. Quand plus tard je fus élu administrateur bénévole au sein du Comité de la Société des Gens de Lettres j’y réalisai un guide des poètes et y présidai pendant de nombreuses années la commission de poésie, mais aussi celles des affaires internationales et européennes et de la francophonie. Dans la maison d’édition Clancier – Guénaud que je soutenais, puis dirigeais entre 1976 et 1990, je publiai aussi quelques excellents poètes, notamment Jean Lescure, ami de Raymond Queneau et l’un des fondateurs avec ce dernier et François Le Lionnais de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle) au sein duquel œuvra Georges Pérec mon aîné de 10 ans que j’admirais et que j’ai eu la chance de connaître.
Il y a aujourd’hui, comme c’est le cas à chaque nouvelle génération, de jeunes poètes qui forment ce que Linda Maria Baros qui vient d’être nommée Directrice du Printemps des Poètes soutenu par le Centre National du Livre nomme la nouvelle vague en poésie. En font partie d’excellents et innovants poètes comme Arthur Billerey, Alexandre Bonnet-Terrile, Alexandre Goutard, Victor Malzac ou Baptiste Pizinat. J’y ajouterai Etienne Paulin quand il est dans sa meilleure veine, celle la plus fantaisiste, qu’il vient d’illustrer de nouveau avec son dernier livre, Le Bourriquet Vlan-Vlan. J’y ajouterai également Guillaume Métayer, leur aîné, dont le dernier livre, Mains positives, paru à la rumeur libre, nous a enchantés. Pour ma part, et sans vouloir vous flatter, je pense que vous en faites également partie de cette belle et forte nouvelle vague de la poésie française contemporaine.
Merci. Parlez-nous de votre dernier livre "L'Aimant de la poésie" ? Je crois savoir que vous essayez de définir ce que représente la poésie, du moins pour vous.
Ce livre de réflexion sur le pourquoi et le comment écrire des poèmes m’avait été demandé il y a quelques années par un ami poète, Jean Le Boël, qui est aussi éditeur en tant que directeur littéraire, d’abord aux éditons Henry, puis maintenant aux éditions la rumeur libre qui éditent la plupart de mes nouveaux livres de poèmes et rééditent aussi ceux qui sont épuisés et depuis longtemps (3 gros tomes intitulés « Œuvres poétiques I, II, III - plus de 1600 pages au total, accompagnés par un essai sur mon œuvre poétique de l’essayiste et critique littéraire, Christine Bini). L’Aimant de la poésie est un livre de forme très ouverte et très libre qui tente de répondre à la question de savoir ce qu'est pour moi la poésie : Je dis qu'elle est pour moi une couleur dans la nuit (la nuit au sens de la noirceur du monde). J'y invite le lecteur à s'interroger sur cette alchimie des mots qui nous viennent pour dire notre secret espoir que la vie vaut la peine d'être vécue, que l'homme ou plutôt l'humain adviendra un jour, si l'homme accepte de reconnaître que l'autre est lui-même quelles que soient les différences qu'il lui trouve. Nous sommes frères et devons le reconnaître sinon l'humanité disparaîtra.
Je retrace aussi dans ce livre mes itinéraires de vie et d’écriture en tant que poète. J'avais écrit et fait publier, en 2002, un essai intitulé "La Voie des poètes dans lequel je présentais mes lectures et mes admirations de quelques rares poètes qui avaient su vivre en poètes, notamment Antonin Artaud, Henri Michaux, Gaston Miron, Philippe Soupault.
En ce qui concerne mes récits en forme de journal de voyage publiés par les éditions L’herbe qui tremble dans mon autre nouveau livre : Un an en Petite Garabagne, comme l'avait fait, en 1936, Henri Michaux dans Voyage en Grande Garabagne, le lecteur pourra y découvrir les us et coutumes de peuplades qui le feront sans doute s'interroger sur ce qu'est l'autre et sur ce que nous sommes : hélas, trop souvent, des brutes sauvages.
Sylvestre Clancier publie très jeune, ses premiers poèmes en revues : Les Cahiers des Saisons, en France, Il Caffe, en Italie, Liberté, au Québec. Il a des liens avec l’écrivain roumain Ion Caraïon réfugié en Suisse. Il fait partie des poètes d’avant-garde au tournant des années 60 et début 70, en participant aux groupes Textruction, Génération, TXT. Il rencontre Ionesco et s’intéresse aux écrivains roumains qui écrivent en français.
Pendant ses études supérieures de philosophie et d’esthétique à la Sorbonne il se passionne pour les œuvres de Charles Cros, Alfred Jarry, Raymond Roussel, Henri Michaux, Jorge Luis Borges, Roger Caillois, comme pour celles des surréalistes et des fondateurs du Grand Jeu. Il travaille aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier du peintre franco-catalan Marcel Gili.
Écrivain, critique littéraire et poète, il est l’auteur de plus de quarante livres (Récits / Fictions / Recueils de poésie / Essais / Anthologies).
Il a également réalisé une cinquantaine de livres d’artistes ou de bibliophilie à tirage limité et a co-réalisé deux films. Il intervient dans des universités françaises et étrangères.
Il participe aux grands festivals internationaux de poésie et son œuvre est présente dans de nombreuses anthologies de la poésie française contemporaine.
Ses poèmes ont été traduits en plusieurs langues : albanais, anglais, arabe, croate, espagnol, grec, hébreu, italien, macédonien, néerlandais, portugais, roumain, slovaque, slovène, turc etc.
Sylvestre Clancier a été président du P.E.N. Club Français, membre du Comité Exécutif du P.E.N. International et administrateur de la Société des Gens de Lettres de France où il a présidé la commission de poésie, ainsi que la commission des Affaires étrangères, européennes et de la francophonie. Il a été vice-président de la Fédération européenne des Sociétés d’auteurs (l’European Writers’Council dont le siège est à Bruxelles). Il est aujourd’hui président d’honneur du Pen club français, cercle littéraire international.
Membre de l’Académie Mallarmé depuis 20 ans, il en a assumé le secrétariat général et en est depuis 2016 le président. Il préside également à Paris la Maison de Poésie / Fondation Emile Blémont, reconnue d’utilité publique par décret du Président de la République française depuis 1928.
Il est également membre des Jurys du Prix Roger Caillois et du Grand Prix de la Critique littéraire. Il a fondé, en 2005, le Grand Prix international de poésie de langue française Léopold Sédar Senghor sous le parrainage d’Aimé Césaire.
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