Réputée pour ses plages tropicales et parcs nationaux, ses temples, ses vestiges anciens, la Thaïlande abrite plusieurs sites, villes ou aspects culturels inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Fondée en 1945, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture - connue sous le nom de l’UNESCO - reconnaît aujourd'hui la richesse et la diversité du patrimoine mondial à travers plusieurs catégories telles que le patrimoine matériel, le patrimoine immatériel, les géoparcs ou encore les villes créatives. L’objectif principal étant de faire connaître et de protéger des lieux et des traditions que l’organisation considère comme exceptionnels.
De par sa géographie particulière, son passé historique et l'hospitalité de sa population, la Thaïlande dispose d’un riche héritage naturel et culturel qui attire les voyageurs et fait la fierté des habitants. Lepetitjournal.com vous propose de les découvrir ou redécouvrir.
Patrimoine mondial
L'UNESCO a été créée il y a bientôt 80 ans, mais ce n’est qu’en 1972 que la version finale de la "Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel" a été officiellement adoptée. Depuis lors, l'organisation Onusienne désigne chaque année un peu partout dans le monde des sites considérés comme dignes de figurer sur sa liste du patrimoine mondial. Cette reconnaissance leur confère un statut de grande importance destiné à protéger et à préserver leur beauté et leur valeur culturelle pour les générations à venir.
Il existe actuellement 1.223 sites officiels du patrimoine mondial de l’UNESCO dans le monde, dont 47 dans les pays de l’ASEAN et 8 en Thaïlande.
Sukhothaï
Capitale du premier royaume du Siam aux XIIIe et XIVe siècles, Sukhothaï fut fondée entre 1238 et 1257. Inscrit au Patrimoine mondial depuis 1991, le site classé constitue un bien en série composée de trois villes anciennes comprenant Sukhothaï, Si Satchanalai et Kamphaeng Phet. A l’époque, elles partageaient toutes une langue et un alphabet, un système administratif et juridique commun, et ont laissé en témoignage des œuvres monumentales, qui illustrent le début de l’architecture et de l’art thaïlandais connu sous le nom du “style Sukhothaï”.
Aujourd’hui, le parc historique de Sukhothaï est un site remarquablement bien entretenu. Ses vestiges, malmenés par la jungle pendant des siècles, ont commencé à être restaurés dès les années 1960. La configuration des lieux, avec ses ruines éparpillées reliées par des chemins pavés entrecoupées de douves et d’étangs, se prête parfaitement à une balade à vélo.
Ayutthaya
La ville d’Ayutthaya, fondée en 1350, fut la deuxième capitale du royaume de Siam. Entre le XIVe et le XVIIIe siècle, cette cité florissante devint l’une des agglomérations les plus grandes et les plus cosmopolites du monde, ainsi qu’un carrefour de la diplomatie et du commerce international. Ayutthaya était construite sur une île entourée de trois cours d'eau la reliant à la mer, à un emplacement stratégique, au-dessus de la barre du golfe de Siam, qui la mettait à l’abri des attaques de navires de guerre étrangers. La ville fut néanmoins attaquée et rasée en 1767 par l’armée birmane, venue du Nord.
Aujourd’hui les ruines d’Ayutthaya constituent un vaste site archéologique inscrit au Patrimoine mondial depuis 1991. Située à 85 km de Bangkok, l’ancienne capitale peut se visiter sur une journée, même s’il est recommandé de passer au moins une nuit pour découvrir l’atmosphère de la ville le soir, surtout quand celle-ci se vide des cars de touristes et que l’on peut profiter de la vue des temples éclairés. Parmi les sites incontournables : le Wat Si Sanphet et ses 3 chedis, le Wat Mahathat connu pour sa tête de Bouddha emprisonnée dans les racines d’un arbre ou encore le vaste Wat Chai Wattanaram au bord de la rivière.
Ban Chiang
Entre 3.500 av. J.-C. et le 9ème siècle apr. J.-C., le nord de l’Isaan — dans un triangle compris entre Nong Khai, Sakhon Nakhon et Khon Khaen — a connu une mystérieuse civilisation dont on peut découvrir des traces sur le site archéologique de Ban Chiang. Ce site préhistorique d’habitation humaine et de sépulture est considéré comme le plus important à ce jour en Asie du Sud-est. Le site témoigne de l’existence d’activités agricoles ainsi que de la production et de l’utilisation de métaux.
Pour en savoir plus sur cette civilisation, le musée de Ban Chiang est l’un des plus modernes et des plus intéressants de Thaïlande. Situé à une cinquantaine de kilomètres d’Udon Thani, il expose l’essentiel des objets découverts lors de fouilles réalisées entre 1972 et 1997. Le site a été inscrit au Patrimoine mondial en 1992.
BAN CHIANG - Sur les traces d’une mystérieuse civilisation
Si Thep
Si Thep était une capitale culturelle et commerciale durant la période Dvaravati, du VIe au Xe siècle, avant l'avènement du royaume de Siam au XIIIe siècle. La ville, dont les ruines s'étendent sur 462 hectares, a su développer un style artistique propre qui reflète la cohabitation entre le bouddhisme et l’hindouisme. L’UNESCO a inscrit Si Thep au Patrimoine culturel mondial en 2023.
Phu Phrabat
Phu Phrabat est le tout dernier site thaïlandais à avoir reçu le label UNESCO en juillet 2024. Présentée comme "un témoignage de la tradition des pierres Sema de la période de Dvaravati", la région des monts de Phu Phrabat abrite le plus grand corpus au monde de ce type de marqueurs religieux pour cette période située entre le VIIe et le XIe siècle de notre ère.
Dong Phayayen-Khao Yai
Le complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai s’étend sur une longueur de 230 km traversant six provinces du nord-est du royaume jusqu’à la frontière avec le Cambodge. Ce site naturel très riche situé à moins de 3 heures de route de Bangkok abrite plus de 800 espèces de faunes. Il est d’importance internationale pour la conservation des espèces de mammifères, d’oiseaux et de reptiles menacées et en danger d’extinction, notamment les éléphants d’Asie, les tigres, le banteng et le crocodile du Siam.
Thung Yai-Huai Kha Khaeng
Situés sur les provinces de Uthai Thani, Tak et Kanchanaburi, les sanctuaires de faunes Thung Yai-Huai et Kha Khaeng sont inscrits depuis 1991 au Patrimoine mondial. S’étendant sur plus de 600.000 ha en bordure de la frontière avec le Myanmar, les sanctuaires, demeurés en grande partie intacts — c’est l’une des zones forestières les moins accessibles et les moins perturbées de Thaïlande —, contiennent presque toutes les formations forestières de l’Asie du Sud-Est continentale. Ils abritent un ensemble d’espèces animales très divers, dont 77 % des grands mammifères (notamment éléphants et tigres), 50 % des grands oiseaux et 33 % des vertébrés terrestres que l’on trouve dans cette région.
Kaeng Krachan
Kaeng Krachan, inscrit en juillet 2021, est le parc naturel le plus vaste de Thaïlande, couvrant 2.915 kilomètres carrés. Cette zone de forêt tropicale située à la frontière avec la Birmanie, couvre plusieurs parcs nationaux, dont Kaeng Krachan, Kui Buri et Chaloem Phrakiat Thai Prachan. Ce site est reconnu pour sa biodiversité exceptionnelle, abritant une grande variété d'espèces animales et végétales, dont des tigres, des éléphants et des gibbons. La région est également un important corridor écologique pour les espèces migratrices. Kaeng Krachan est considéré comme vital pour la conservation des écosystèmes de forêts tropicales et subtropicales en Asie du Sud-Est.
Villes créatives
Le Réseau des villes créatives de l’UNESCO (RVCU) a été créé en 2004 pour promouvoir la coopération avec et entre les villes ayant identifié la créativité comme un facteur stratégique du développement urbain durable. Les villes qui forment actuellement ce réseau travaillent ensemble vers un objectif commun : placer la créativité et les industries culturelles au cœur de leur plan de développement au niveau local et coopérer activement au niveau international.
À ce jour, la Thaïlande compte sept “Villes créatives”.
Le charme intemporel de la vieille ville de Phuket
Phuket a été reconnue “Ville créative de Gastronomie” en 2015, suivie en 2017 par Chiang Mai consacrée “Ville créative d’Artisanat et d’Arts populaires”. En 2019, l’UNESCO ajoutait Bangkok en tant que “ville du design”, ainsi que Sukhothai qui rejoignait Chiang Mai avec le titre de “Ville créative d’Artisanat et d’Arts populaires”. Deux ans plus tard, Phetchaburi était saluée comme “Ville créative de gastronomie”. Et enfin, l'an dernier, l'UNESCO a désigné Chiang Rai et Suphan Buri, la première comme "Ville créative du Design", et la seconde comme "Ville créative de Musique".
Chiang Rai au rythme de la Biennale thaïlandaise d’art contemporain
Géoparc
Il existe aujourd’hui 213 géoparcs mondiaux UNESCO dans 48pays. L’UNESCO estime que ce label, adopté le 17 novembre 2015 par les 195 États membres, "montre l’importance accordée par les gouvernements à la gestion holistique de sites et de paysages géologiques exceptionnels".
En 2018, l’UNESCO a approuvé la désignation du premier géoparc thaïlandais, celui de Satun. Réputée pour ses formations rocheuses et son parc naturel exceptionnel, la province de Satun est riche en fossiles, karsts, grottes maritimes et lagons époustouflants.
En 2023, le géoparc de Khorat est devenu le 2e géoparc thaïlandais à rejoindre les sites Unesco. Ce géoparc est reconnu pour son patrimoine paléontologique et archéologique, sa géologie, et son héritage culturel
Le géoparc de Satun certifié par l’UNESCO, une première en Thaïlande
Patrimoine culturel immatériel
Créée en 2006, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a dans un premier temps été signée par 30 états membres avant d’être rejointe par 163 pays en 2015.
Le théâtre Khon
En 2018, le théâtre Khon a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Le Khon est un théâtre de danse masqué qui associe des éléments musicaux, vocaux, littéraires, rituels et artisanaux pour illustrer la gloire de Rama, héros incarnation du dieu Vishnu, qui apporte l’ordre et la justice au monde.
Le massage traditionnel thaïlandais
Depuis 2019, le massage thaïlandais traditionnel fait partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Considéré comme faisant partie de l’art, de la science et de la culture des soins thaïlandais traditionnels, le massage thaïlandais ou “Nuad Thai” se classe actuellement en deux catégories principales : le nuad thai thérapeutique et le nuad thai destiné à la promotion de la santé. Le massage thaïlandais tire son origine de soins personnels appliqués par le passé par la société paysanne thaïlandaise.
Chaque village disposait alors de masseurs-guérisseurs que les villageois consultaient pour leurs problèmes musculaires, dus au travail dans les champs. Au fil du temps, cette expérience s’est transformée en un système de connaissances formel. L’école du Wat Pho, la plus ancienne et la plus célèbre du pays, voit affluer des centaines d’étudiants chaque mois pour se former aux techniques millénaires du massage thaïlandais.
La danse Nora
Inscrit en 2021, le Nora est une sorte de danse vivante et acrobatique accompagnée de chants improvisés originaire du Sud de la Thaïlande. Ce drame dansé combine des mouvements gracieux, des chants, et des récits inspirés du folklore et de la mythologie bouddhiste, souvent interprétés lors de rituels ou de festivals. Les danseurs, vêtus de costumes colorés avec des ailes et des queues stylisées, exécutent des mouvements précis et rythmés, accompagnés de musique traditionnelle.
Songkran
Enfin, Songkran, célébration populaire marquant l’entrée dans le nouvel an thaïlandais, connue aujourd’hui dans le monde entier pour ses batailles d’eau géantes qui éclipsent une tradition plus ancienne, est le dernier bien thaïlandais à avoir rejoint en décembre 2023 la "Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité" de l’Unesco.
Songkran en Thaïlande inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco
Mémoire du Monde
En 1992, l’UNESCO a créé le programme Mémoire du monde, visant à sensibiliser la communauté internationale à la richesse du patrimoine documentaire, à la nécessité d’assurer sa conservation pour les générations futures et à le rendre accessible au grand public.
En Thaïlande, plusieurs archives, ressources et documents font partie de ce programme : les archives épigraphiques de Wat Pho, les documents d’archives du Roi Chulalongkorn et de la transformation du Siam (1868-1910), l’inscription du roi Ram Khamhaeng, les négatifs sur les plaques de verre photographiques royales et la collection des copies originales, et enfin “Les registres du Conseil de la Siam Society”, 100 années d’enregistrements sur la coopération internationale et la diffusion du savoir dans les arts et les sciences.