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L’UNESCO inscrit Kaeng Krachan au patrimoine mondial malgré l’opposition locale

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Ian GRATTON
Écrit par Peyoun CASTILLO
Publié le 27 juillet 2021, mis à jour le 2 août 2021

L'Unesco a ajouté lundi le site thaïlandais de Kaeng Krachan à la liste du patrimoine mondial, au grand dam des Karen qui vivent dans la zone depuis plus d’un siècle et font l’objet de persécutions.

 

Lors de la 44e session, lundi, le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco, formé des représentants de 21 pays désignés, a voté par 12 voix contre 9 pour approuver l'inscription du complexe forestier de Kaeng Krachan qui s’étend entre les provinces de Ratchaburi, Petchburi et Prachuap Khiri Khan, dans l’ouest de la Thaïlande.

La nouvelle a bien entendu ravi le ministre thaïlandais des Ressources naturelles et de l'Environnement, Varawut Silpa-archa, lequel a déclaré après le vote que la décision de l’agence onusienne était un cadeau pour les Thaïlandais, rapporte le journal local Bangkok Post.

Mais elle a sonné comme un coup de tonnerre pour les défenseurs des droits humains et surtout les autochtones Karen persécutés depuis plusieurs années par les autorités locales qui estiment toute présence humaine indésirable au nom de la protection de la nature.

 

Deux rejets pour des questions de droits humains

 

Le Comité du patrimoine de l’Unesco avait d’ailleurs déjà rejeté à deux reprises en 2016 et 2019 la demande de la Thaïlande pour le classement du parc en raison de questions liées au traitement des tribus vivant dans la forêt depuis au moins le début du 20e siècle, selon des archives de l’armée.

Des questions loin d’être résolues puisque les cas d’évictions violentes et d’arrestations d’autochtones ont fortement augmenté cette année, comme l’on fait remarquer vendredi des experts indépendants pour l’ONU qui ont mis en garde le comite du patrimoine contre un classement du parc de Kaeng Krachan.

Plus de 80 membres de l'ethnie Karen ont en effet été arrêtés cette année, parmi lesquels 28 dont un enfant ont été inculpés pour "empiétement" sur leurs terres dans le parc, et le communiqué souligne qu'il n'y a pas eu de consultations permettant aux Karens de participer au processus de nomination de l'UNESCO.

"Si la candidature au classement était approuvée, elle perpétuerait le déni du droit des Karen à rester sur leurs terres ancestrales et à exercer leurs activités de subsistance traditionnelles basées sur la rotation des cultures. Cela compromettrait également leur rôle important dans la sauvegarde de la biodiversité dans la forêt", avaient notamment souligné les trois experts dans leur rapport dont le journal Prachathai restitue le communiqué.

Kaeng Krachan est le parc naturel le plus vaste de Thaïlande, couvrant 2.915 kilomètres carrés. Il se situe au partage des eaux des fleuves Petchaburi et PranBuri, et abrite une faune et une flore d'une grande variété.

Dans un édito sans concession intitulé Forest dictatorship at Kaeng Krachan dénonçant l’approche gouvernementale de la question, la journaliste Sanitsuda Ekachai rappelait en mars dernier qu’après 25 ans de difficultés liées à la réinstallation forcée, la pandémie et la pénurie de nourriture ont fait réaliser aux Karen que rentrer chez eux était leur seul choix possible pour assurer leur sécurité et leur survie.

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