L'Egyptien Ayman al-Zawahiri, "cerveau" d'al-Qaïda, est devenu, après la mort d'Oussama Ben Laden, l'homme le plus recherché au monde. Le suppôt de Ben Laden pourrait bien prendre la tête de la nébuleuse terroriste, à moins que ce ne soit déjà le cas
"Ben Laden est mort, vive al-Zawahiri", les terroristes du mouvement islamiste al-Qaïda pourraient bien entonner cette bien triste ritournelle, teintée de vengeance, depuis l'annonce du décès de leur chef saoudien. Ayman al-Zawahiri (IntelCenter/AFP) était jusqu'alors le deuxième homme le plus recherché au monde, il est passé numéro 1 lundi. L'Egyptien âgé de 60 ans est depuis des années aux côtés du leader islamiste et est considéré comme le "cerveau" de nombreuses opérations terroristes.
Ayman, l'Egyptien
Ayman al-Zawahiri est né dans une famille égyptienne aisée et a poursuivi des études de médecine, dont il ressort chirurgien en 1974. Pourtant, le "docteur" comme il est surnommé, s'intéresse plus aux idéologies radicales islamistes qu'aux scalpels. A l'âge de 14 ans, il s'engage auprès des Frères musulmans, puis se radicalise d'avantage à l'Université du Caire. Il y crée la première cellule clandestine du Jihad islamique. Dans les années 1980, il s'en va au Pakistan pour soigner les Afghans qui ont fui le pays pendant le conflit avec l'Union soviétique. Il rencontre l'homme d'affaires saoudien Oussama Ben Laden et rejoint les moudjahidines afghans dans leur combat contre l'armée rouge. Toujours obsédé par la constitution d'un régime islamique en Egypte, il tente de renverser à plusieurs reprises le pouvoir en place. Ayman al-Zawahiri est ainsi arrêté en 1982 pour le meurtre du président Anouar el-Sadate. Il sera finalement innocenté après avoir effectué trois ans de prison. Il aurait avoué sous la torture et les coups les noms d'autres responsables islamistes qui ont ensuite été arrêtés et pour certains exécutés.
Après sa libération, il quitte l'Egypte pour le Soudan. Le poids de la culpabilité aurait accentué sa haine envers le régime égyptien d'Hosni Moubarak, qu'il aurait tenté de tuer, en vain, en organisant un attentat lors d'une visite officielle en Éthiopie en 1995. Il est tenu responsable en 1997 du massacre de Louxor, où sont tuées 62 personnes dont 58 touristes étrangers.
Al-Zawahiri, l'idéologue
Se concentrant sur l'Egypte, Ayman al-Zawahiri ne prend pas part au concept de "jihad mondial" défendu par son ami (et patient) Oussama Ben Laden. Ce n'est que parce qu'il n'arrive pas à atteindre son but en Egypte, qu'il décide de le rejoindre en Afghanistan à la fin des années 1990 et rédige avec lui huit ans plus tard le manifeste d'al-Qaïda, qui annonce la création d'un "Front islamique mondial contre les Juifs et les Croisés". L'idéologue de la nébuleuse islamiste serait depuis à l'origine de nombreuses attaques terroristes : attentats suicides contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie (1998), contre le destroyer USS Cole au Yémen (2000) ou encore contre le World Trade center et le Pentagone (2001). Sa tête a été mise à prix à 25 millions de dollars par les autorités américaines, qui le recherchent activement. Hors des radars depuis 2001, il a été déclaré mort à deux reprises (2002 et 2007) mais a toujours démenti par des vidéos. Il a d'ailleurs passé de nombreux messages audio ou vidéo, avec ou sans Oussama Ben Laden, pour menacer les Etats occidentaux, dont la France, en 2009, suite à la loi contre le port du voile.
Nouveau (?) chef d'al-Qaïda ?
Selon le Jordanien Houthayfa Azzam, fils de feu Abdallah Azzam l'un des fondateurs d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri est depuis plusieurs années à la tête du mouvement terroriste, même si Oussama Ben Laden gardait son statut symbolique de chef. "Le fils de Ben Laden, Omar, me l'a dit lui-même, lorsqu'il a décidé de revenir dans son pays, l'Arabie saoudite. Il m'a expliqué que sa décision a été motivée par le fait que son père perdait le contrôle. al-Qaida est tombé dans la main de fer de l'Egyptien", a expliqué ce repenti à l'AFP. Pourtant, pour certains spécialistes, le "docteur" n'a pas le charisme nécessaire à la tâche et sa prise de pouvoir officielle pourrait entraîner un morcellement des différentes branches qui composent al-Qaïda. "Zawahiri ne possède pas les qualités requises pour diriger al-Qaida. De nombreux membres, notamment originaires de la péninsule Arabique, n'accepteront pas sa tutelle", explique ainsi au Figaro, Nasser al-Bahri, l'ancien garde du corps d'Oussama ben Laden. La nouvelle n'a pourtant rien de rassurant, d'après Houthayfa Azzam, Ayman al-Zawahiri, soutenu ou pas par les cellules d'al-Qaïda, serait "encore plus extrémiste" que ne l'était Oussama Ben Laden.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) jeudi 5 mai 2011
En savoir plus
Article de France 24, Ayman al-Zawahiri, successeur probable de Ben Laden à la tête d'Al-Qaïda
Article du Figaro, Ayman al-Zawahiri, idéologue de l'extrême
Article de 20 minutes, Ayman Al-Zawahiri, cerveau d'Al-Qaida et nouvel ennemi public numéro 1 des Américains
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