D’un point de vue extérieur, cela ne paye pas de mine. Hormis la queue assez longue les lundis après-midi car l’entrée est gratuite entre 16h et 17h, rien n’indique vraiment que le lieu vaut le détour. Et pourtant, c’est un véritable petit palais qui est situé à l’intersection du Casco Antiguo et de Feria. Pour tous les curieux ayant déjà visité les principaux monuments sévillans et qui ont deux heures libres devant eux, la découverte de cet endroit hors du temps peut combler les friands de jardins et de patios.
Retour sur l’histoire du Palais
Le Palacio de las Dueñas est édifié dans le courant du XVème siècle sur un site adjacent au couvent de Santa María de las Dueñas, d'où il tire son nom. Selon la légende, la famille Pineda, par un malheur du destin, a été contrainte de la vendre en urgence en raison du paiement d'une rançon aux musulmans pour l'un des membres de la famille.
Le Palais sera alors acheté par Catalina de Ribera, une figure notable de la noblesse sévillane, avant d’être offert comme dot à la Maison d’Alba, pour le mariage d’une des filles Ribera. Depuis lors, le palais fait partie de l'énorme patrimoine artistique de la famille Alba. Ouvert au public à l'initiative du 19ème duc d'Alba, Carlos Fitz-James Stuart, il est aujourd'hui l'un des monuments les plus visités de Séville.
Par ailleurs, las Dueñas a été le lieu de rencontre de personnalités du monde de la culture et de la noblesse, comme Grace Kelly, Jackie Kennedy, le roi Alfonso XIII ou encore Eugénie de Montijo. Aujourd’hui, le palais appartient toujours à la famille Alba, tout en étant classé comme “Bien d’intérêt culturel” depuis 1931.
Des jardins exotiques mais typiquement espagnols
Après avoir franchi le portail principal qui protège las Dueñas de l’agitation de la rue, ce qui étonne en premier, c’est la verdure : les jardins sont ornés de fontaines, de statues, de céramiques andalouses, les arbres sont immenses, se mêlent cactus et citronniers dans un joyeux bazar organisé. La richesse du sol andalou et son climat favorable ont permis l’introduction d’espèces végétales lointaines.
Outre le majestueux patio central, le Patio del Aceite, plus petit et discret, vaut lui aussi le détour, avec ses façades blanches et oranges et ses palmiers immenses.
Un intérieur richement décoré : l’art sous toutes ses formes
Enfin, c’est en entrant dans l’édifice que l’on s’aperçoit de l’intemporalité du lieu, avec une variabilité qui va du style mudéjar à l’esthétique baroque.
Les pièces les plus remarquables du Palais sont toutes disposées autour du patio central : el Salón de la Gitana, dans lequel trône une sculpture en bronze d’une danseuse, réalisée par l’artiste valencien Mariano Benlliure. Lieu de réception et vitrine sociale du Palais, le salon écrase le visiteur par son opulence : tout est surchargé de détails, du sol jusqu’au plafond, dans un esprit très rococo.
La balade continue : d’autres salons, eux aussi présentant des collections de peintures, des fresques, de tapis, exceptionnelles. La Capilla, lieu de culte et de recueillement, est décorée dans un style résolument gothique.
Deux autres pièces méritent aussi d’être mentionnées : la Sala de los Carteles, qui doit son nom à l’importante collection d’affiches qui y est exposée, certaines étant vieilles de plus d’un siècle. Elles sont éditées annuellement, à l’occasion de la Feria de Abril et de la Semana Santa. L’hommage au folklore andalou est évident, avec des tenues traditionnelles exposées en vitrine. Et le Salón del Tablao fait honneur au flamenco, mais aussi à la peinture, deux passions de la Duchesse, décédée en en 2014.