L’Andalousie investit 4,2 millions d’euros dans une thérapie innovante contre les cancers du sang. Objectif : des traitements CAR-T plus efficaces, moins toxiques et accessibles à davantage de patients.


L'Espagne se lance dans la course aux traitements innovants contre les cancers du sang. Avec un budget de 4,2 millions d’euros, l’Andalousie mise sur les thérapies 'CAR-T' pour révolutionner la prise en charge des tumeurs hématologiques. Une avancée scientifique qui interroge sur le retard de la France en matière d’achat public d’innovation.
Un appel d’offres à 4,2 millions d’euros pour vaincre le cancer
Développer un traitement plus efficace, moins toxique et accessible à un plus grand nombre de patients. Voilà l’ambition de CART_ANDALUCÍA , un programme financé en partie par l’Union européenne et porté par la Junta de Andalucía. L’appel d’offres, lancé par le ministère de la Santé et de la Consommation, s’adresse aux entreprises et instituts de recherche prêts à travailler sur une nouvelle génération de thérapies CAR-T.
Ces traitements, qui reposent sur la modification génétique des cellules immunitaires du patient, sont une révolution pour les cancers du sang. Mais ils restent limités : « L'absence de réponse chez certains patients, la toxicité élevée et les coûts astronomiques freinent leur démocratisation», reconnaît l’administration andalouse. L’objectif est donc clair : dépasser ces blocages et ouvrir la voie à des alternatives viables, notamment pour des maladies comme la leucémie aiguë myéloblastique ou la leucémie lymphoblastique T, pour lesquelles les options actuelles sont insuffisantes.
Quand l’Andalousie s’organise, la France tâtonne
En Andalousie, on ne fait pas que parler d’innovation, on la structure. On annonce des projets, on les réalise sans mettre en avant la case oubliette. Le projet est encadré par un comité technique regroupant des acteurs de la santé publique et de la recherche biomédicale, sous la supervision du Bureau technique des achats publics d'innovation en santé d'Andalousie (OT-CPISalud) et du Réseau andalou de conception et de traduction de thérapies avancées (Radytta). L’enjeu est aussi économique :
En développant nos propres traitements, nous réduisons notre dépendance aux géants pharmaceutiques - ministère andalou .
Un modèle dont la France pourrait s’inspirer. L’Hexagone, pourtant pionnier en biotechnologies, peine à structurer une politique ambitieuse d’achat public d’innovation.Résultat : l’accès aux CAR-T reste limité, et les coûts explosent. En 2022, un traitement pouvait dépasser les 350 000 euros par patient. Une facture qui laisse bon nombre de malades sur le carreau.
L’innovation médicale, un pari politique
L’Andalousie pose ainsi une question clé : faut-il attendre les avancées des laboratoires privés, ou les provoquer ? En misant sur la recherche publique et la collaboration avec des entreprises locales, la région espagnole espère faire baisser les coûts tout en améliorant l’efficacité des traitements. Mais encore faut-il que la stratégie fonctionne. L’appel d’offres court jusqu’au 10 avril, et reste à voir si les propositions seront à la hauteur des espoirs placés dans ce projet. Car en matière de lutte contre le cancer, les promesses ne suffisent pas. Ce sont les résultats qui comptent.