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Xavier Tormos: objectif, "produire le meilleur Aloe Vera du monde"

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Publié le 7 février 2019, mis à jour le 18 février 2021

Français d'origine valencienne installé en Espagne depuis 27 ans, Xavier Tormos assure l'élaboration à Aguilas, dans le parc naturel de la Sierra de la Almena, de quelque 350.000 litres annuels de jus d'Aloe Vera. Une production 100% bio, qui trouvent ses pricipaux débouchés sous formes de compléments alimentaires et de produits cosmétiques, en France.

 

Lauréat des Trophées des Français d'Europe 2019, catégorie Environnement, sponsorisée par Accor - Planet 21.


 
C'est en 2013, en pleine crise économique, alors que l'entreprise technologique qui l'emploie connaît une période de flottement prolongée, que cet ingénieur agronome passionné d'ornithologie, saisit au vol l'opportunité qui se présente à lui. "Un ami qui connaissait ma sensibilité sur la question, m'a demandé de le conseiller et de m'associer pour lancer une production agricole, sur un terrain situé en plein parc naturel", se souvient-il. C'est ainsi que Xavier Tormos se pique au jeu, et pas qu'un peu : depuis 5 ans il cumule ses fonctions de cadre supérieur au lancement de la marque Atalaya Bio, mais aussi à la supervision de la culture de l'Aloe Vera, de sa transformation et de sa commercialisation. Cinq années folles, qui ont vu les plants d'Aloe croître à bon rythme, et les enseignes de bio françaises s'intéresser de près à un produit d'une qualité largement supérieure à celle traditionnellement disponible sur le marché.
 
 
"Il n'y a pas de mystère", explique Xavier Tormos, avec un enthousiasme intact chaque fois qu'il évoque le domaine de 500 hectares qui accueille sa plantation. "Il s'agit d'une vallée en plein parc Réseau Natura 2000, située entre deux montagnes, complètement isolée, à 7 ou 8 kilomètres de la mer à vol d'oiseau". Une vallée à laquelle pendant longtemps a manqué un facteur essentiel à sa mise en culture : l'autorisation d'utiliser à des fins agricoles, une source de montagne naturelle, qui l'arrose au quotidien. C'est lorsque la concession d'eau -après 10 ans de litige- est enfin tombée, que Xavier Tormos a fait le choix de se lancer dans la culture de l'Aloe Vera -, qui consomme 7 fois moins d’eau que l’horticulture. "Les conditions idéales sont réunies pour faire cette culture bio", décrypte-t-il : "un isolement total de toute source de contamination, un ensoleillement de plus de 300 jours par an, aucun gel en hiver et un climat sec".

 

 
 Pourquoi cultiver l'Aloe Vera en Espagne ?

 

Pourquoi l'Aloe Vera ? "J'ai fait une analyse qui est à la portée de tous", résume l'ingénieur agronome. "L'Europe, avec notamment l'Allemagne, la France ou encore le Royaume Uni, constitue le principal consommateur d'Aloe Vera. Pour autant, il n'y a presque pas de production sur place. Les études disponibles nous montrent que l'immense majorité de l'Aloe Vera consommé en Europe est cultivé aux Etats-Unis ou au Mexique". L'Espagne, avance Xavier Tormos, en cultive seulement quelque 250 hectares en 2016, une goutte d'eau dans un océan. Pour 2019, l'objectif du Français est clair : mettre en culture 20 hectares (l'équivalent de près de 120.000 plants) et atteindre 350.000 litres de production de jus d'Aloe. "En 2022, nous devrions atteindre les 700.000 litres de production", prévoit-il. De fait, la demande est au rdv : les enseignes de bio françaises se sont montrées séduites par la qualité du produit, avec des concentrations en polisacharrides, polyphénols, activité antioxidante, acides aminés et en mucilages particulièrement élevées, par rapport à celles existantes sur le marché.
 

95% de la production est absorbée par le marché français


 
"L'Aloe Vera apporte des bienfaits pour l'organisme à l'échelle digestive, grâce aux fibres solubles naturelles que contient sa pulpe, mais est aussi reconnu pour sa capacité à augmenter les défenses et renforcer le système immunitaire", explique Tormos. Qui développe : "Pour transporter l'Aloe Vera du continent américain vers l'Europe, et afin de réduire les coûts, les fabricants sont amenés à déshydrater la pulpe, qui voyage sous forme de poudre. Arrivée en Europe, cette dernière est réhydratée et transformée, un processus qui retarde entre 4 et 5 mois l'accès du produit fini au consommateur". Moins frais, largement plus manipulé, l'Aloe Vera perd en qualité, défend Tormos. C'est autour de cette réflexion que s'est articulé le choix de produire un produit haut de gamme, en local, et que le succès rencontré s'explique. Le gel est extrait directement de la feuille, et mis sur le marché rapidement ce qui lui confère un grand pouvoir thérapeutique et cosmétique. "Les médecins commencent à prescrire les produits Atalaya Bio à leurs patients, qui sont agréablement surpris par les résultats", souligne l'intéressé.  Aujourd'hui, 95% de la production est absorbée par le marché français. La prochaine étape consistera à démarcher les marchés allemands et britanniques. Et l'Espagne ? "En Espagne nous sommes forcés de travailler sur des niches, où les consommateurs sont sensibles à la qualité et disposés à dépenser plus", analyse le responsable de la marque Atalaya Bio.

 

Je crois beaucoup aux étrangers qui sont plus sensibles au bio et à notre démarche

 

Car si en France ses produits sont majoritairement vendus en "marque distributeur", le lancement d'une marque propre fait aussi partie du projet qui occupe l'entrepreneur. "C'est à la fois mon bébé et mon mal de crâne", sourit Xavier Tormos, à propos d'Atalaya Bio. Design, marketing, conditionnement, distribution, commercialisation, community management... Autant de facettes qui viennent se greffer aux questions de production et de transformation propres aux produit, et font de l'aventure une épopée dans laquelle plus d'un startuper devrait se reconnaître. En attendant les cosmétiques d'Atalaya Bio trouvent leurs débouchés sur Internet,  dans l'hôtellerie de luxe, les spas et autres paradors. "Le secteur, avec son formidable potentiel touristique, constitue aussi pour nous une façon de sensibiliser les étrangers à nos produits", estime Xavier Tormos. "Je crois beaucoup aux étrangers", ajoute-t-il, "qui sont plus sensibles au bio et à notre démarche". Pour sa part, formé "à la vieille école" et diplômé en 1992 de l'Institut Supérieur Agricole de Beauvais, "à une époque où on enseignait encore l'usage exclusif des pesticides", voilà longtemps qu'il milite pour une autre façon de produire des aliments. "Mon parcours bio, je l'ai fait tout seul", défend-il. "Et qu'on y soit sensible ou pas, une chose est claire : l'agriculture conventionnelle n'est pas durable pour notre planète", tranche-t-il. Sans compter qu'elle ne s'accorde pas non plus à son objectif : "produire le meilleur Aloe Vera du monde".


Plus d'infos sur www.atalaya.com/fr ou @aloeatalayabio

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