Tandis que, avec un certain nombre d'années de retard sur la France et l'Europe du nord, le marché bio espagnol connaît désormais une croissance exponentielle, le Français Bio c' bon a initié depuis 2015 son développement dans le pays, avec des ouvertures de magasins pour l'instant centrées sur la capitale.
Piloté par Raquel Herzog, francophone et ex-Parisienne, le projet s'inscrit dans une dynamique de concentration et de rationalisation de l'offre, où la marque tricolore entend faire valoir son savoir-faire. L'Espagne constitue en outre le premier bassin de production bio d'Europe : la présence sur le territoire constitue aussi l'opportunité d'affiner les flux vers la France.
Les Espagnols dédient environ 1,5% de leur budget alimentaire au bio, contre quelque 5% en France
C'est une histoire d'opportunité, qui n'aurait pas été la même sans un peu de culot -et beaucoup d'expérience- dont la Basque Raquel Herzog a su faire preuve au bon moment. Après un parcours l'ayant mené de son Saint Sébastien natal à Londres puis Paris, et un CV consolidé dans le conseil en entreprise, dans l'achat-vente des sociétés et l'export, son envie de rentrer en Espagne se concrétise lorsqu'elle observe le développement de Bio c' bon en Italie. Jugeant que le marché de la Botte disposait de nombreuses similitudes avec celui de la péninsule Ibérique, elle contacte la marque et lui propose de se charger de son implantation en Espagne. Une démarche culotée, certes, mais n'allant pas sans une bonne dose de travail derrière : Raquel Herzog met en pratique son expérience en conseil stratégique d'entreprise, réalise une étude de l'offre et de la demande bio, définit le type de consommation existante, analyse le potentiel, chiffre la taille du marché. "Le marché espagnol Bio vaut 1,5 milliard d'euros, il est de 7 milliards en France", éclaire-t-elle. "Les Espagnols dédient environ 1,5% de leur budget alimentaire au bio, contre quelque 5% en France", compare-t-elle encore. "Mais la caractéristique essentielle de ce marché est son taux de croissance, de l'ordre de 15% annuels".
Le marché espagnol est l'un de ceux qui connaissent la plus forte croissance en Europe
Voici plusieurs années que le bio en Espagne commence à poindre le bout de son nez. Tandis que pendant longtemps les Français expatriés dans le pays ont souffert d'une offre quai inexistante, disséminée et peu lisible, les points de vente et les gammes se sont depuis 4/5 ans multipliés, preuve d'un intérêt naissant du public local pour une consommation plus saine. Particulièrement marqué dans les centres urbains, à l'instar de Madrid, le développement du marché bio est surtout tangible en Catalogne, dans le Pays Basque, la Communauté de Valence et dans les Canaries. "Le marché espagnol est l'un de ceux qui connaissent la plus forte croissance en Europe", explique Raquel Herzog. "Il s'agit d'un marché qui est en pleine structuration et c'est le moment, pour les marques qui en ont les moyens, d'investir, pour y consolider une position forte". Fort de ses quelque 150 supermarchés répartis dans 6 pays dans le monde (dont 130 en France et 6 en Espagne), Bio c' bon grandit sur un concept de boutiques en propre, caractérisées par l'amplitude de la gamme proposée : "Notre philosophie consiste à permettre que la famille, du bébé aux grand-parents, puisse trouver chez nous la totalité de son panier d'achat", décrypte la responsable de la marque en Espagne. Dans l'alimentaire, l'hygiène corporel, le nettoyage et le "super-alimentaire" (compléments, vitamines, huiles essentielles etc), Bio c' bon propose près de 4.500 références, "dont 92% en provenance d'Espagne".
En France on a parfois une vision erronée de l'agriculture écologique espagnole, qui est pourtant d'excellente qualité
Si les boutiques à Madrid disposent en rayons de nombreuses références françaises, notamment de vin et de fromage, l'essentiel des ventes se réalise sur les produits frais, fruits et légumes, viande et poisson, essentiellement issus de l'agriculture espagnole, de Navarre, de Murcie ou d'Almérie principalement. "Nous travaillons avec la Communauté de Valence pour les agrumes, ponctuellement avec la Communauté de Madrid pour les tomates, la courgette ou encore la bière artisanale", détaille Raquel Herzog. Avec un pays premier producteur européen de fruits et légumes bio, l'intérêt de détecter des filières susceptibles d'être développées en local, mais aussi dans les autres pays où Bio c' bon opère, est évident. "Parmi nos objectifs, la valorisation de notre centre logistique de Coslada et l'établissement de flux vers la France, l'Allemagne ou la Hollande, autant de pays qui s'alimentent du potager bio espagnol, et l'établissement de routes sans intermédiaire, permettrait de réduire les coûts de l'approvisionnement", analyse Raquel Herzog. Qui ajoute : "En France on a parfois une vision erronée de l'agriculture écologique espagnole, qui est pourtant d'excellente qualité, avec un vrai travail de fond réalisé sur les critères de production et la variété des espèces produites".
En attendant le développement en Espagne suit son cours à bon rythme. Avec une ouverture courant mai au numéro 12 de la calle Bravo Murillo, Bio c' bon compte aujourd'hui 6 boutiques dans le pays, toutes concentrées dans la capitale. "Comme disent les Français, dans notre métier il y a 3 priorités pour assurer le succès d'un point de vente : l’emplacement, l’emplacement et l’emplacement", sourit la Basque. Le marché, lui, devrait continuer à croître. Avec 6 millions d'habitants, Madrid représente encore un marché prioritaire, qui connaît de fait la plus forte croissance dans le pays. On devrait donc y assister à l'ouverture d'autres boutiques dans les mois à venir.