Le Covid-19 a provoqué la plus forte crise économique de ces 100 dernières années, avec un choc sur le marché du travail et dans de nombreuses entreprises. Face à cette réalité, Mujeres Avenir a invité les responsables de différents secteurs à analyser les solutions pour surmonter cette crise.
Les entreprises ont été les protagonistes évidents depuis que la crise déclenchée par la pandémie de coronavirus a éclaté dans le monde, et elles continueront de l'être en tant qu'éléments indispensables pour en sortir. La pandémie a entraîné un changement très profond et soudain des fondements économiques qui régissaient jusqu'à présent notre société, à commencer par les habitudes des consommateurs.
Face à cette réalité, des responsables de différents secteurs ont analysé la semaine dernière les solutions pour surmonter la crise du Covid-19, lors d'une conférence virtuelle organisée par Mujeres Avenir, l’association franco-espagnole qui lutte pour l'égalité économique et sociale, et qui est composée d'un conseil d'administration composé de femmes influentes dans des domaines très divers.
Des solutions concrètes
L'événement qui se voulait très concret, s’intitulait : "Entreprises face à la crise : les dirigeants font leur diagnostic et proposent des mesures pour l'avenir". Il a ainsi rassemblé plus de 300 dirigeants et cadres d’entreprises, qui ont pu écouter les interventions de plusieurs représentants de différents secteurs, en plus de la Secrétaire d'État à l'économie et au soutien aux entreprises, Ana de la Cueva.
Une des principales conclusions est que seules les entreprises qui sauront s'adapter aux nouveaux paramètres de santé, de sécurité, d'hygiène, de responsabilité, et qui le feront dans une optique de conscience et de solidarité, continueront d'avancer et aideront à sortir progressivement de la crise.
Ainsi, la Secrétaire d'État à l'économie et au soutien aux entreprises, Ana de la Cueva, a clôturé l'événement Mujeres Avenir par cette réflexion : "Le Covid-19 a changé nos vies, il a changé nos priorités, mais les défis que nous avions en tant que pays, nous les avons toujours. Au cours de cette crise, nous avons pu constater la capacité et la compétitivité de nos entreprises, la résilience de la société, la solidarité, et ce sont là les atouts du pays sur lesquels nous devons construire un avenir meilleur pour tous".
Situation avant la pandémie
Pour Ana de la Cueva, "avant l'arrivée de la crise, l'Espagne était dans une situation positive, se développant de manière durable. Nous sommes maintenant dans un moment radicalement différent. Le confinement a été positif pour la santé des Espagnols, mais il a eu un impact énorme sur l'économie. Mais le Coronavirus a montré notre capacité de réaction, sur le plan économique et en termes d'organisation sociale ; en quelques jours, des millions de professionnels télétravaillaient, les entreprises ont découvert leur visage plus social en soutenant leurs employés, la solidarité a eu une présence mondiale et le travail de nos services de santé, de la police ou des enseignants a été reconnu".
Trois axes d'action du Gouvernement
"De la part de l'administration, en sept jours, nous avons fourni des lignes de liquidité aux entreprises, telles que des garanties ICO, dont plus de 84 milliards d'euros ont été débloqués pour aider les petites et moyennes entreprises. D'autre part, les entreprises ont pu gérer facilement la demande d'ERTE, un soutien clair aux travailleurs, qui permet un réajustement temporaire dans les entreprises, afin que ces employés retrouvent leur emploi le plus rapidement possible. Le soutien aux plus vulnérables a été une prémisse du gouvernement dès le premier jour, avec des moratoires de crédit, qui permettent aux familles d'alléger leur fardeau financier. Et enfin, nous avons approuvé le revenu minimum vital, un modèle d'intégration au marché du travail, qui nous permettra d'éliminer les poches de pauvreté que nous ne pouvons pas avoir dans notre pays, et qui a été ratifié par le Congrès sans aucun vote contre".
Et après la pandémie ?
"Sans ces mesures, la reprise aurait été plus compliquée et maintenant nous devons avancer dans les deux prochaines années de la législature pour promouvoir la reprise économique, en soutenant une transition écologique et une économie verte, un pacte pour l'industrie, l'entrepreneuriat et la numérisation, la promotion de l'intelligence artificielle, le soutien à la formation professionnelle où les diplômes sont liés aux demandes des professionnels des entreprises, le soutien à la science avec des fonds publics et privés, le renforcement de l'État-providence, de la santé publique, d'une justice qui fonctionne, ou la lutte contre l'inégalité".
Selon la présidente de Mujeres Avenir, María Luisa de Contes, "il est évident pour nous tous que, à court terme, le retour à la 'normalité' n'est pas assuré ; cependant, ce n'est pas précisément cela qui préoccupe le plus les entreprises aujourd'hui, mais le fait même que cette 'normalité' puisse être rétablie. La pandémie a provoqué un changement soudain des fondements économiques qui ont régi notre société jusqu'à présent ; à l'avenir, la production et la distribution des produits, et même les habitudes des consommateurs, devront être abordées par les entreprises comme s'il s'agissait de nouveaux aspects, de sorte que les entreprises qui ne sauront pas s'adapter aux nouveaux paramètres seront inévitablement exclues du processus dit productif".
Cecilia Boned, présidente en Espagne de la banque française BNP Paribas, a souligné pour sa part que, heureusement, cette crise est arrivée à un moment où la santé financière des banques était bonne : "Dès le premier jour, nous avons été aux côtés de nos clients, en fournissant des liquidités, en finançant plus de 20% des grandes opérations de liquidités des entreprises européennes, en aidant plus de 100.000 particuliers et PME espagnols".
Une économie qui dépend trop du tourisme
"L’Espagne sera plus durement touchée par le poids du tourisme, un secteur qui doit réduire son pourcentage dans le PIB tout en maintenant sa production de richesse. Elle doit augmenter le poids des centres de recherche, qui attirent et retiennent les talents, investir dans les énergies renouvelables, où nous avons des leaders mondiaux, encourager la réhabilitation des centres urbains et pas seulement les nouveaux développements immobiliers, et les banques doivent attirer les liquidités internationales, qui sont actuellement abondantes, vers ces secteurs d'activité en Espagne", a conclu Cecilia Boned.
De son côté, Marta Martinez, présidente de la multinationale IBM en Espagne, Portugal, Grèce et Israël, a rappelé comment la technologie a permis à des millions de professionnels de continuer à travailler normalement. "Elle a été le soutien de la société aux entreprises, pour qu'elles puissent continuer à travailler. En moins de 24 heures, IBM a fait travailler 351.000 employés à domicile, mais ils n'étaient pas seuls, depuis IBM nous les avons soutenus dans tous leurs besoins personnels et professionnels, en leur apportant une assistance globale".
L’ère du sans contact
"Les êtres humains ont une formidable capacité d'adaptation aux situations extrêmes et nous avons mené des études internes sur 25.000 personnes, pour repenser le monde dans les années à venir. Les professionnels veulent changer leur mobilité, ils ne veulent plus autant voyager, les paiements vont augmenter jusqu'à 40% en mode 'sans contact' et le télétravail est venu pour rester. Ce ne sont là que quelques-unes des habitudes que nous avons changées et dont certaines seront maintenues à l'avenir".
"Les entreprises doivent tirer parti des capacités que nous offre l'intelligence artificielle, notamment en développant notre cybersécurité, en renforçant les compétences numériques et en s'ouvrant à de nouveaux modèles économiques, ce qui nous permettra de sortir de la crise", a conclu Marta Martínez.
La présidente en Espagne et au Portugal de la multinationale française Sodexo, Carina Cabezas, a pour sa part rappelé que du jour au lendemain 50% de leur activité a été arrêtée, mais qu’en même temps Sodexo a travaillé plus que jamais pour les hôpitaux et les maisons de retraite. "A chaque moment de l'histoire, les entreprises sont des acteurs, aujourd'hui et toujours nous devons travailler pour une reprise économique et sociale rapide, durable et inclusive".
Moins d'impôts, plus de liquidité
Le secteur des exportations était représenté par Cristina Forner, présidente des vins Marqués de Cáceres qui a affirmé que la crise économique provoquée par le Covid-19 est arrivée au pire moment pour le secteur qui avait déjà dû subir la guerre commerciale avec les États-Unis. "Si nous ajoutons que nous n'avons pas pu vendre aux restaurants et aux hôtels, que les caves à vin sont pleines de vin et que les ventes en ligne n'ont pas pu prendre en charge tout le commerce traditionnel, nous verrons sans doute une baisse des prix". Pour faire face à cette crise, Cristina Forner demande le soutien du gouvernement : "Si le gouvernement décide que les entreprises doivent payer plus d'impôts, il doit retarder le paiement : donner aux entreprises plus de temps pour se redresser. Elles ont maintenant besoin de liquidités pour rester ouverts, des liquidités qui ne peuvent pas être affectées exclusivement aux impôts si nous voulons conserver des emplois. Nous devons tous ramer dans la même direction".