Des expertes issues de différents domaines ont été réunies la semaine dernière par l'association d'amitié hispano-française Mujeres Avenir, pour analyser la situation actuelle dans le contexte du Covid-19. Cristina Gallach, Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères a insisté sur l'importance des politiques féministes, pour sortir de la crise.
La pandémie du Coronavirus a stoppé l'activité de nombreux secteurs et organismes, mais "le travail de la lutte pour l'égalité de genre ne peut pas s'arrêter", selon Mujeres Avenir, qui a poursuivi son labeur et ses missions, pendant ces semaines de confinement, à l'instar de la "plateforme d'appui", lancée début avril.
La conférence organisée jeudi dernier, la première depuis l'annonce de l'état d'alerte, retransmise online via streaming (avec -exactement- 233 connexions en direct et devant les présences -virtuelles- des ambassadrices du Luxembourg, de Moldavie, de Chypre et du Maroc, de nombreuses représentantes d'organismes internationaux et d'adhérentes du monde entier), prétendait apporter une réflexion et des réponses aux questions suivantes, toujours depuis une perspective de genre : "Où en somnmes nous ? Comment sortirons-nous à moyen terme de la crise provoquée par la pandémie ? Et, surtout, quel avenir souhaitons-nous ?"
Pour la Secrétaire d'Etat espagnole aux Affaires étrangères Cristina Gallach, "ce n'est qu'unies et en renforçant les valeurs éthiques et les mécanismes scientifiques que nous pourrons définir un cadre d'action qui nous permette de faire face à cette situation et sortir de la crise". Et d'ajouter : "Il est essentiel de faire valoir les politiques publiques que le Gouvernement a mises en place en faveur de tous -et de toutes- avec un soucis toujours d'équité". La Secrétaire d'Etat a assuré que le Gouvernement s'est efforcé, depuis le début de la pandémie, d'éviter "que les principales victimes en soient une fois encore les femmes et les jeunes filles, comme cela a déjà eu lieu par le passé, où les concepts d'égalité et d'inclusion ont souffert d'importants retours en arrière".
Maria Luisa de Contes, Présidente de Mujeres Avenir, a débuté son intervention en évoquant les membres de l'association décédés pour cause du Coronavirus -ils sont 4, ce sont tous des hommes, et la Présidente en a profité pour rappeler que ces derniers représentent 15% des membres de l'association. Surtout, elle a souligné l'importance d'une actitude optimiste dans le contexte présent, rappelant que "la société et les femmes ont changé, les participantes à cette tribune nous montrent comment nous pouvons rompre le cercle vivieux de l'inégalité de genre". "Pour lutter contre les injustices et changer la société, nous devons faire les choses ensemble, à l'initiative des univers institutionnel et entrepreneurial", a-t-elle estimé.
Au cours de la conférence modérée par Laura Pérez, associée du cabinet Pérez-Llorca -amphytrion de la rencontre- María Blasco Marhuenda, Présidente du CNIO -l'équivalent de l'Institut Curie français- et membre du comité de conseil de Mujeres Avenir, a rappelé que "la science est cruciale pour stopper ces pandémies et si nous avons été capables de séquencer le génome du Covid-19 en si peu de temps, c'est grâce aux connaissances et aux installations des chercheurs français et chinois basés à Wuhan". Pour la chercheuse, la situation que nous vivons va se répèter à l'avenir. "Il faut donner plus de moyens à la Recherche en Espagne" a-t-elle défendu.
Le risque désormais est une rupture du consensus et du dialogue, en retour en arrière sur les avancées sociales, qui ont été, en ce qui concerne les femmes, fondamentales
Pour María Lourdes Arastey Sahun, Magistrate au sein du Tribunal Suprême, "cette crise a touché toute la population. Il était impératif de minimiser l'expansion du virus, en donnant un cadre légal au Gouvernement, qui lui permette de faire face à ces circonstances extraordinaires". Et de continuer : "Le risque désormais est une rupture du consensus et du dialogue, en retour en arrière sur les avancées sociales, qui ont été, en ce qui concerne les femmes, fondamentales. Cette crise, comme les précédentes, affecte plus les femmes que les hommes, est source d'une augmentation de la violence de genre, mais aussi de l'exploitation sexuelle, et est également à l'origine d'une surcharge aux dépens de la femme, dans la répartition des taches domestiques, lors du confinement".
Ana de Miguel Álvarez quant à elle, professeure d'université en philosophie morale et féministe reconnue, est revenu sur "la forte conscience communitaire" qui a accompagné le début du confinement, regrettant que "c'est lorsque l'on voit la sortie du tunnel que les grandes inégalités réapparaissent et que nos priorités changent".
Une crise économique d'une ampleur inédite
Mar Gallardo Mateo enfin, associée de PwC et membre du conseil d'administration de Mujeres Avenir, a apporté un regard macro-économique sur la crise, avançant qu'il n'y en a pas eu de plus forte depuis le Crack de 1929 ou, en Espagne, depuis la Guerre civile. "En 2007-2008, la crise a fait chuter le PIB global de 0,1%", a-t-elle expliqué, "on estime qu'en l'occurence il devrait chuter de près de 3%". Les secteurs pharmaceutiques et des télécommunications sont ceux qui devraient le mieux tirer leur carte du jeu, a-t-elle estimé, tandis que le secteur bancaire devrait subir une baisse d'activité comprise entre 3% et 7%, le commerce, l'industrie et l'immobilier une chute de l'ordre de 15%, l'automobile, la restauration et le tourisme enfin, une dégringolade comprise entre -20% et -40% de leur PIB.