A la fin de chaque saison de chasse aux lièvres, une tradition datant du Moyen-âge veut que les lévriers, qui ont été élevés par les chasseurs et utilisés pendant toute la saison, soient malheureusement dans le meilleur des cas abandonnés, ou dans le pire des cas, maltraités, sacrifiés, mutilés et objets de bien d’autres supplices encore.
Si le 1er février est la Journée internationale pour les Galgos, la chasse au lièvre, elle, se termine le premier dimanche de février en Espagne, pays qui autorise encore la chasse sans fusil. Commence alors une autre tradition, bien plus sanglante et barbare encore. Les lévriers utilisés pour chasser le lièvre connaissent un funeste destin. Aujourd’hui encore, en 2019, plusieurs milliers de lévriers (ils seraient 50.000 chaque année, selon l'association SOS Galgos), aussi nommés galgos et podencos, sont selon une tradition, pendus. Et de la pire manière qui soit : les pattes arrières touchant à peine le sol, afin de faire durer le supplice le plus longtemps possible. Il existe aussi d’autres alternatives, certains galgos sont tout bonnement jetés dans des puits, d’autres brûlés vifs, mutilés, etc. L’imaginaire humain n’a jamais de limite quand il s’agit de faire souffrir.
Le chien meurt d’une mort lente et atroce
La tradition remonte au Moyen-Âge, quand le lévrier était considéré comme un chien d’aristocrates. D’après l’association franco-espagnole L’Europe des lévriers (EDL), "posséder un galgo était un signe de distinction et de position sociale élevée. Cependant, déjà à cette époque, les seigneurs étalaient leur puissance en pendant les chiens des paysans qui osaient les défier en se procurant un lévrier". Aujourd’hui, les chasseurs se débarrassent des chiens car ils ne veulent pas garder de bouches à nourrir. La mort du chien dépendra de ses résultats lors de la saison de chasse. Selon l’association Galgo Save Belgium, "la tradition veut que plus un chien souffre dans cette vie, meilleur sera le prochain galgo pour le chasseur espagnol. […] Les chiens qui ont mal travaillé sont atrocement maltraités, […] pour ensuite être pendus vivants à une branche d’arbre. Leurs pattes arrière touchent encore le sol et quand le galgo veut s’asseoir pour se reposer, alors il se pend. Le chien meurt d’une mort lente et atroce. Les chiens qui ont par contre bien travaillé sont directement pendus à une branche plus haute et meurent rapidement. Les femelles qui ont bien chassé restent encore une saison pour porter des chiots. C’est la nouvelle génération de galgos pour le chasseur espagnol".
Placés en Belgique, en Hollande, en Allemagne et en France, l’opinion publique étant davantage sensibilisée à la protection animale
Des associations pour la protection animale se mobilisent pour sauver ces chiens. Il existe peu de refuges en Espagne, pour qui ces chiens n’ont généralement pas le statut d’animaux de compagnie, mais d’outils de chasse, même si peu à peu les choses changent. "Seuls 10% des milliers de galgos et podencos abandonnés chaque année sont secourus par les associations espagnoles. Ils sont placés en Belgique, en Hollande, en Allemagne et en France, l’opinion publique étant davantage sensibilisée à la protection animale. Hors des frontières ibériques, le lévrier retrouve enfin sa vraie place de chien de compagnie", explique l’association franco-espagnole EDL. Les autres survivants qui ne sont malheureusement pas trouvé à temps par les associations, sont emmenés en fourrières où ils sont gazés.
Du côté de la loi, la législation espagnole, déjà très légère concernant la maltraitance des lévriers (risque d’un an d’emprisonnement pour maltraitance), n’est en plus que très rarement appliquée. La première condamnation date de 2013, et n’est que très peu réitérée. Plusieurs associations se battent pour faire reconnaître au niveau européen ces massacres de chiens, mais pour le moment il n’y a pas eu de résultats. La polémique autour de ces pratiques ne risque pas de s’arrêter, tant que l’éthique ne prendra pas le dessus sur la tradition, quelle qu’elle soit.