L'écrivain Federico García Lorca l'assurait : « En Espagne, la seule chose qui commence à l'heure, c'est la corrida ». En effet, 20h30 précise : les trompettes sonnent, les protagonistes pénètrent dans l'arène. Trois novilleros, débutants, défilent devant mes yeux : Arturo Saldívar, Mexicain de 20 ans, Luis Miguel Casares, 19 ans, et Miguel Luque, Madrilène de 24 ans. Chacun d'entre eux doit affronter deux taureaux.
Le moment que j'attendais arrive : la lidia, ou combat, débute. Au cours de la première partie, le matador et ses peones effectuent des passes de capote pour gauger la force du taureau. Le deuxième temps est celui des banderilles. Des bâtons de 80 cm de long sont plantés sur le dos de la bête. Enfin, ils laissent la place au matador pour le duel final : la faena. Malheureusement, je reste sur ma faim. Le public demeure silencieux : pour la corrida des grands soirs, il va falloir attendre.
Oreille et triomphe
Miguel Luque fait alors sa seconde entrée dans l'arène. Face à lui, un taureau bien plus puissant et nerveux que les précédents. L'un de ses peones, Raúl Mateos, se fait attraper par l'animal. Mais plus de peur que de mal. Grâce à cette première alerte, l'assistance se réveille enfin. Moment rêvé pour engager à nouveau les hostilités?
Avec le cinquième combat de la soirée, le jeune Arturo Saldívar commence fort : genoux à terre, yeux dans les yeux face à un taureau de plusieurs centaines de kilos. Dans l'assistance, certains exultent, d'autres, envahis par la peur, se masquent les yeux pour ne pas voir. Après une prestation complète et sans faute, las Ventas ont trouvé leur héro du soir.
Les mouchoirs blancs flottent au vent : Arturo Saldívar, le jeune matador mexicain, porte l'estocade sous l'ovation du public. A l'origine partagé, je me surprends moi-même, debout, en train de crier de joie : les arènes m'ont conquis.
Jean TRICOIRE (www.lepetitjournal.com Madrid) 20 juillet 2009
Information pratique : http://www.las-ventas.com/