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Mariano Benlliure, le sculpteur valencien qui a laissé son empreinte en Espagne

le portrait de Mariano Benlliurele portrait de Mariano Benlliure
D. Edgardo Debas
Écrit par Marion Mergault
Publié le 17 novembre 2022, mis à jour le 18 novembre 2022

Ses statues se dressent dans les plus grandes villes d’Espagne. 75 ans après sa mort, Mariano Benlliure est toujours là. Le sculpteur Valencien, Madrilène puis Romain d’adoption, a marqué son temps et sa profession avec des sculptures imposantes, tant héroïques que réalistes, qui décorent monuments, tombes et œuvres religieuses. Pour l’anniversaire de sa mort, les Archives municipales de Valencia organisent une exposition qui retrace les relations entre le sculpteur et la ville. L’occasion de revenir sur le parcours de cet artiste considéré comme le dernier grand maître du réalisme du XIXe siècle. 

 

L’art chez les Benlliure, une histoire de famille

La maîtrise de la technique et de la matière de Mariano Benlliure est reconnue dès son vivant par ses pairs. Cette maîtrise, il la doit notamment à des débuts artistiques précoces. Une plongée dans son enfance pourrait laisser croire que son destin était déjà tout tracé. Mariano a vu le jour à Valencia en 1862 dans une famille d’artistes de génération en génération. C’est son père, peintre décorateur, qui transmet son goût pour l’art, à lui et ses frères. Trois d’entre eux deviendront des peintres connus et reconnus.

 

Des débuts artistiques très jeune à Valencia

Le jeune Mariano est un artiste précoce, ce qui contraste avec sa capacité à communiquer. Jusqu’à 7 ans, il ne parle pas, avant de commencer à prononcer quelques mots, puis à bégayer pendant des années. Pourtant, côté artistique, un enfant de son âge ne pourrait pas rêver mieux. À ses débuts, Mariano Benlliure est un autodidacte. Il ne fréquente aucune école artistique, mais apprend en observant le peintre valencien Francisco Domingo Marqués, qu’il découvre en accompagnant son frère José à ses cours de peinture. Le petit garçon commence à s’intéresser au processus pictural, avant que le modelage retienne son attention. Ainsi, à six ans, il réalise sa première sculpture, sur le thème de la tauromachie.

En 1874, la famille Benlliure part s’installer à Madrid, où Mariano travaillera dans plusieurs ateliers de dessin, de sculpture et de ciselage, qui lui permettront d’améliorer sa technique artistique. Il aboutit à une nouvelle pièce, encore sur le thème de la tauromachie, qu’il présente à l’Exposition nationale des Beaux-arts en 1876. La même année, la famille déménage temporairement à Zamora, où Mariano reçoit sa première grande commande pour la Confrérie Royale de la Sainte Sépulture de Zamora.

 

une statue de benlliure
Monuments aux Cazadores de Alcántara (1931), Valladolid. Photo : Zarateman

 

Les années romaines

Mariano Benlliure s’envole à Rome en 1881, où il rejoint son frère Juan Antonio. Il commence à travailler comme peintre et aquarelliste, avant de se consacrer à sa passion de toujours : la sculpture. La capitale italienne va marquer un tournant dans sa vie d’artiste. Là, il se perfectionne dans la maîtrise des techniques et des matériaux, auprès des fonderies artistiques les plus importantes et lors de ses fréquentes visites aux carrières de Carrare. Il complète sa formation avec l’étude du vérisme, de la statuaire classique, baroque et de la Renaissance, et de la sculpture de l’Italie de son temps. Tout ça le mène, en 1884, à envoyer une pièce à l’Exposition nationale des beaux-arts de Madrid, Accidenti !, représentant un jeune enfant de chœur se brûlant les doigts avec l’encensoir, travail qui lui rapportera la seconde médaille du concours. Ce prix lui ouvre les portes de la clientèle madrilène, aristocratique et institutionnelle, à un moment critique pour le développement du monument public. 

 

La sculpture de Barbara de Bragance, oeuvre de la consécration en Espagne

Pendant son séjour à Rome, il se rend à Paris à deux reprises, en 1883 et 1885, où il réalise le buste du peintre valencien Francisco Domingo, professeur de son frère. Il présente cette œuvre aux expositions internationales de Munich en 1890 et de Berlin en 1891, où il remporte la première médaille. Avec ce même buste, il obtient la médaille d’honneur à l’Exposition internationale de Vienne de 1894 et à l’Exposition universelle de Paris en 1900.

C’est à ce moment qu’il reçoit sa première grande commande à Madrid : la sculpture de Barbara de Bragance, reine d’Espagne dans les années 1740. Un projet qui, avec la première médaille de l’Exposition nationale des beaux-arts de Madrid en 1887 – obtenue par la statue du peintre José Ribera pour son monument à Valencia – le consacre définitivement dans son pays d’origine. Après 15 ans à Rome, il revient s’installer à Madrid, mais conserve son atelier italien jusqu’en 1901.

Il devient alors le sculpteur officiel de la restauration des Bourbons en Espagne. Son atelier madrilène, rue José Abascal, voit passer toutes les personnalités publiques de cette période.

 

Statue de la reine Barbara de Bragance, Plaza de la Villa de París à Madrid
Statue de la reine Barbara de Bragance, Plaza de la Villa de París à Madrid. Photo : Ketamino

 

De nombreux postes à responsabilité

Sa carrière définitivement lancée, Mariano reçoit de nombreux prix, commandes et reconnaissances plus prestigieuses les unes que les autres, notamment la médaille d’or de la ville de Valencia. Il est également nommé académicien de l’Académie royale des beaux-arts de San Fernando, puis directeur de l’Académie des beaux-arts d’Espagne à Rome en 1902. Il devient également directeur du Musée d’art moderne de 1917 à 1931, aujourd’hui intégré au Musée national du Prado à Madrid, ainsi que directeur des Beaux-arts de 1917 à 1919.

Dans ses dernières années d’artiste, le sculpteur revient au thème de la tauromachie qui l’a inspiré dès son enfance, refait certaines œuvres et en crée de nouvelles pour les présenter dans une exposition à Madrid en 1944. Il s’éteint en novembre 1947 dans la capitale espagnole, avant que ses restes soient rapatriés à Valencia, où il est enterré aux côtés de ses parents au cimetière de Cabañal. 

 

Figure majeure du développement du monument public

Mariano Benlliure a développé sa carrière à une époque où la sculpture publique a connu un essor. Tout au long de sa vie, il s’est distingué par sa polyvalence thématique, son sens du détail et sa maîtrise technique. Aujourd’hui, Valencia conserve plusieurs œuvres de sculpteur, comme le Mausolée de Blasco Ibáñez ou le Monument à José Campo Pérez I Marqués de Campo, témoins impérissables du passage du sculpteur dans la ville méditerranéenne.

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