Découvrez Cardemy, la start-up française révolutionnaire basée entre Paris et Tokyo, qui transforme l'apprentissage des langues avec une application innovante, personnalisée à l’extrême grâce à l'IA pour chaque métier et passe-temps ! Financée avec succès en seulement 4 heures sur la plateforme de crowfunding Kickstarter, l’appli Cardemy promet un apprentissage “qui s'adapte aux besoins professionnels des utilisateurs, à leurs performances, à leurs intérêts personnels, à leur niveau et à leurs compétences dans la langue cible.”
Nous avons rencontré Nicolas Seraphin, CFO et co-fondateur de Cardemy.
Comment est née l'idée de Cardemy ?
Lorsque j’arrive au Japon en 2012, j’ai un poste en CDI dans le domaine de la fusion-acquisition. J’ai déjà un niveau de Japonais plutôt solide (JLPT N1), mais il me manque les automatismes propres aux situations que je rencontre dans le monde du travail : présenter une opportunité d’investissement, mener une négociation, analyser des états financiers, etc.
Christophe, l’autre fondateur de Cardemy, rencontre les mêmes difficultés lors de sa prise de poste en tant que VIE, et ce malgré un niveau de Japonais JLPT N2.
À l’époque nous étions logés dans la même guest house et nous échangions sur nos difficultés au travail par rapport à la langue japonaise. J’avais suivi une approche immersive, mais un peu désorganisée qui me donnait un excellent niveau de communication sur des sujets généraux. Christophe suivait une approche plus méthodique (utilisant des flashcards sur Anki) lui permettant de bien maîtriser la lecture.
C’est après plusieurs années dans nos postes respectifs que l’idée de Cardemy est née. Nous voulions mettre en avant une approche d’acquisition du langage plus naturelle et ciblée sur les besoins de chaque apprenant.
Pourquoi une formation de japonais « classique » ne convient pas aux personnes confrontées au monde du travail au Japon ?
La plupart des méthodes d’apprentissage sont génériques. Même les cours « business » sont très souvent centrés autour du keigo, mais ne préparent pas aux situations propres à différents domaines professionnels.
Par exemple, quand je travaillais dans le M&A j’avais non seulement besoin de bien connaître certains termes financiers, mais également d’être à l’aise avec les chiffres, pour pouvoir faire le va-et-vient entre les devises, le système occidental à trois zéros et celui japonais à 4 zéros.
Le keigo, bien qu’utile, n’est pas le seul élément d’un japonais « professionnel ». Apprendre par exemple à utiliser des 漢語 à la place des 和語 comme 使用する plutôt que 使う est un sujet souvent absent de ces formationssauf pour quelques exemples basiques de business 101 (同席する、送付する par exemple)
Les formations tendent à être très « scolaires » avec une insistance sur la grammaire et son explication. Malgré son indéniable importance, développer une compréhension intuitive du langage est bien plus utile et pragmatique à mon sens.
Parlez à un natif japonais de 自動詞 (verbe intransitif)・他動詞 (verbe transitif) , et vous verrez sa réaction. Les apprenants du français aussi s’aident de différentes règles : la plupart des mots qui se terminent en «-e» sont plutôt féminins sauf pour « -age » « ege » ou « isme ». En tant que native, j’imagine que vous n’aviez jamais entendu parler de cette règle et cela ne vous empêche pas de distinguer les noms féminins et masculins, car vous y avez été exposé de manière répétitive et les connaissez intuitivement.
Quelle est la méthode Cardemy ?
L’idée est donc d’apprendre cette nouvelle langue comme un natif apprend sa langue maternelle en y étant exposé de manière répétitive. Bien évidemment, un apprenant adulte ne disposant pas du même capital temps qu’un enfant en bas âge, Cardemy optimise cette exposition à la langue en s’adaptant au niveau de l’apprenant et à ses objectifs.
Concrètement il s’agit d’une plateforme e-learning proposant des flashcards vidéo générées à partir de n’importe quelle vidéo YouTube en ligne. Une flashcard vidéo est un court quiz de 5 à 15 secondes contenant une à deux phrases permettant de mettre en contexte vidéo un mot ou une tournure grammaticale.
La technologie propriétaire Cardemy identifie grâce à l’IA, et à partir de milliards de phrases dans le Big Data (YouTube), les mots et flashcards les plus appropriés à chaque apprenant en fonction de son niveau et/ou de ses objectifs souvent professionnels, mais aussi personnels (hobby/passion).
L’exposition répétée à des contenus ni trop simples ni trop difficiles permet à l’apprenant de comprendre le sens du message grâce au contexte tout en découvrant de nouveau mots et expressions.
Les flashcards sont centrées sur l’objectif professionnel ou les passions de l’apprenant, ce qui permet de maintenir sa motivation à travers le temps. Le format flashcards à partir duquel sont générés des exercices d’écoute, de lecture et de compréhension permet à l’apprenant de pratiquer le microlearning (courtes sessions de quelques minutes à travers la journée).
Enfin l’algorithme de répétitions espacées de Cardemy choisit la prochaine fois où l’apprenant sera exposé à la flashcard en fonction de son degré de réussite afin d’insister sur les points faibles et ne pas perdre de temps sur les points forts.
Nous proposons des cours particuliers en option. Vous pouvez y pratiquer différentes mises en situation pour vous entraîner à des situations spécifiques. Après la leçon, votre professeur vous envoie des flashcards personnalisées en relation avec les notions vues pendant celle-ci pour vous permettre de continuer à travailler en autonomie.
Vidéo de présentation de l'application d 'apprentissage du japonais (en anglais) :
Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confronté lors de la création de l’application ?
Côté technique, un défi important a été de définir la valeur des « contextes » auxquels sont exposés les apprenants. Je m’explique. Une personne à un niveau de japonais défini. Elle veut être exposée au vocabulaire issu d’un contexte donné (milieu de la finance, biomécanique, leader une réunion, etc.). Comment définir les vidéos et les phrases à retenir qui auront le maximum de valeur ajoutée pour elle ? Il y a énormément de facteurs à prendre en compte comme la longueur de la phrase, sa difficulté, le contexte dans lequel le mot de vocabulaire à apprendre est introduit, etc.
Il faut identifier des phrases qui auront le maximum d'intérêt pour l'apprenant, qui lui permettront d’aller encore plus loin. Par exemple pour apprendre le mot « prêt », on va créer des phrases qui permettront à la personne d’apprendre les termes « prêt bancaire », « prêt immobilier », etc.
Malheureusement Il faudra parfois sacrifier un petit peu la complexité du contexte pour s'assurer que la personne pourra comprendre la phrase, en doser le niveau de difficulté. C’était un point très compliqué à gérer. Nous le faisons d’ailleurs en partenariat avec le CNRS et, encore aujourd'hui, nous continuons d'améliorer l'algorithme pour qu’il propose toujours mieux.
Un autre challenge auquel nous sommes toujours confrontés actuellement c'est la fiabilité de la base de données dans laquelle nous puisons ces contextes. Aujourd'hui nous avons pris le parti de la qualité, c'est-à-dire de faire valider toutes nos flashcards, toutes ces phrases d’entraînement, par des humains. Ça va assez vite, mais nous sommes quand même limités par ce facteur.
Si demain nous étions sûrs à 90 % que les contextes sont bons, même quand ils ne sont pas revus par des humains alors nous pourrions multiplier notre nombre de vidéos flashcard par 1000, voire peut être par 10.000. Cela nous permettrait de répondre de façon instantanée à n'importe quel type de demande, peu importe le centre d'intérêt de l’apprenant ou l'industrie dans laquelle il travaille.
Ainsi, un délai de quelques jours pour répondre à un besoin dans un domaine tel que « les acides nucléiques thérapeutiques » (client véridique) nous semble « acceptable » aujourd’hui (rires) même si cela peut avoir un impact négatif sur la première impression de l’apprenant.
Bien sûr, nous avons été confrontés à plein d‘autres défis ! La création d’exercices de difficulté progressive pour l’apprenant par exemple.
Vous avez aussi été confrontés à des défis humains ?
En effet. Nous avons décidé de ne pas internaliser les cours particuliers donnés aux apprenants. Nous travaillons donc avec différents professeurs de langue de différents âges, des gens qui ont une certaine expérience de la pédagogie, mais pour qui la partie « technologique » n’est pas toujours évidente.
Nous nous sommes aussi rendu compte que ce n’était pas forcément évident pour eux d’imaginer ce que serait une bonne flashcard pour un apprenant. Il est d’ailleurs arrivé que des apprenants en japonais avec un très bon niveau soient bien meilleurs que le professeur pour trouver des flashcards qui leur correspondent.
On a travaillé là-dessus, on a beaucoup évolué en interne. La qualité des cours est là et on reste derrière en support. Il y a eu des ratés, mais maintenant on travaille avec des profs sensibilisés et formés.
Comment gérez-vous la sécurité de l’application et les données utilisateurs ?
Nous respectons la mise en conformité RGPD. Nous avons gagné le concours Impact EdTech en 2020, très exigeant sur ce point. Nous stockons le minimum de données, encryptons les données stockées dans sur un serveur sécurisé. Les paiements sont gérés via la plateforme Stripe sans passer par nos serveurs. Nous n’avons pas besoin de connaître le nom du client, car il peut s’enregistrer sous pseudonyme. Nous ne lui demandons même pas de courriel professionnel, sauf en projet BtoB (et encore). Nous demandons encore moins l’âge, la situation familiale, etc., des clients.
Nous avons seulement besoin du minimum pour pouvoir personnaliser l'expérience, c’est-à-dire le domaine dans lequel l’apprenant veut apprendre comme l’ingénierie aérospatiale ou la finance ou ses éventuels passe-temps.
Est-ce qu’il y a des options pour jouer en communauté et/ou en compétition dans l’appli ?
Pas encore, mais on y voit vraiment un intérêt. Les decks de cartes de chaque apprenant leur sont propres. Nous ne proposons pas du « cours sur étagère », mais nous avons déjà fait un premier pas pour développer cet aspect communauté. Aujourd’hui, lorsqu’un utilisateur fait ses révisions, il peut générer une carte pour des invités qui n’ont pas de compte. Nous n’en sommes donc qu’au début, mais oui, c’est quelque chose que nous voulons voir grandir.
L’e-learning Cardemy a été testé par plus de 10000 utilisateurs aujourd’hui. En combien de temps un apprenant peut-il espérer progresser avec cette méthode ?
Cela dépend énormément des utilisateurs, évidemment. Si on part une utilisation quatre à six fois par semaine (ce que nous recommandons), en plus des cours particuliers, ce que l’on constate c'est que l’apprenant passe d’un niveau intermédiaire à niveau avancé en moins de six mois. Même en trois mois, avec une utilisation de 30 à 40 minutes quasi quotidienne, on passe facilement ce niveau.
En ce qui concerne le JLPT on a des gens qui passent facilement de N2 à N1 en six mois sans aucun problème. On a aussi souvent vu des gens passer de N3 à N2 en moins de six mois.
Cependant, une grande part de nos apprenants ont des objectifs métiers (comprendre et/ou intervenir en réunion, conduire une réunion, faire une présentation dans tel ou tel domaine) ou personnels (pouvoir soutenir leur enfant binational à l’école, être capable de gérer son patrimoine et investir dans l’immobilier, etc.) et pas seulement de réussir un examen. C’est plutôt dans ce cadre que nous préférons mesurer le « succès ».
Compte Instagram de Cardemy
Privilégier cet apprentissage en solo, sans oral, a-t-il des conséquences sur la capacité des apprenants à s’exprimer par la suite ?
C’est à ça que servent les cours particuliers. Une heure ce n’est pas beaucoup, mais cela permet justement de faire tout ce qu'on ne peut pas faire seul avec l’application.
Beaucoup de roleplaying, de la pure discussion avec des corrections qui interviennent plutôt après la leçon via les flashcards ou bien un retour par email.
S’exprimer c'est 10 à 15 % du travail seulement. Le plus important est d'être exposé à la langue. C'est ça qui va nous faire prendre des réflexes. D’ailleurs, beaucoup de gens pensent que leur problème est de ne pas oser prendre la parole en japonais, mais en fait, on remarque qu’ils ont souvent encore une marge de progression au niveau de la compréhension de la langue.
Ou alors ils ont un problème de prise de parole plus général, y compris dans leur langue maternelle. Ça arrive que les professeurs les aident à travailler là-dessus au passage.
Quelles sont les prochaines étapes pour le développement de Cardemy ?
Cardemy a surtout adopté une approche B2B jusqu’à présent. Cependant, étant donné les retours très positifs des apprenants et leur motivation à prendre parfois en charge eux-mêmes la formation lorsqu’un projet B2B au sein de l’entreprise ne se concrétisait pas, nous avons été convaincus de son potentiel B2C.
Nous avons donc lancé une campagne de crowdfunding le 4 juin 2024, pour le lancement officiel de l’application mobile Cardemy à destination du marché B2C.
Nous avons atteint notre objectif de commandes en seulement 4h et espérons que le montant continuera d’augmenter pour nous permettre de développer sereinement de nouvelles fonctions rendant l’application plus autonome et efficace, même sans cours.
Je pense par exemple à de nouveaux types d’exercice d’entraînement à la prononciation, un chatbot IA pour pratiquer des situations professionnelles et la création de flashcards en rapport avec la conversation une fois celle-ci terminée, etc.
Nous sommes convaincus que notre approche d’acquisition plutôt que d’apprentissage, combiné à une personnalisation sur le niveau et les objectifs, est la meilleure façon de progresser rapidement. Cette méthode propose d’acquérir une maîtrise intuitive de la langue et permet une utilisation pragmatique de cette dernière au quotidien.. Nous allons continuer de nous développer dans ce sens.
Merci à Nicolas d’avoir répondu à nos questions . Pour soutenir le projet Cardemy et profiter de grosses réductions avant la sortie officielle de l’application en septembre, vous pouvez toujours participer au Kickstarter jusqu’au 30 juin.
Je profite de réductions sur l'application !
L’application beta sera disponible à partir de juillet pour les personnes qui ont soutenu Cardemy sur Kickstarter, et à partir de septembre sur les app stores.