Le terme « ides », qui signifie étymologiquement « diviser » (du latin « iduare »), utilisé dans le calendrier romain, désigne le 15 des mois de mars, mai, juillet et octobre, et le 13 des autres mois. Le 15 mars, en 44 avant Jésus-Christ, jour festif dédié au dieu Mars, Jules César fut assassiné lors de la réunion du Sénat dans la curie de Pompée sur le Champ de Mars (actuel forum piazza Argentina).
Chronologie des raisons d’un assassinat programmé
L’année 44 a été marquée par de nombreux changements entrepris par Jules César, ceux-ci ne plurent pas à ses détracteurs encore légion au Sénat. En effet, le 1er janvier marque le début de son consulat (c’est la cinquième fois qu’il occupe ce poste) ; il en profite notamment pour faire créer en son honneur une troisième confrérie de Luperques. Le 26 janvier, il retourne à Rome et est acclamé roi par la foule. Le 14 février, à l’occasion d’une séance au Sénart, il est déclaré dictateur à vie. Le lendemain, durant les fêtes des Lupercales, Marc Antoine lui offre publiquement le diadème royal. Ainsi, son comportement du début d’année (et avant également) avait suscité de nombreuses inquiétudes chez certains sénateurs, qui décidèrent de comploter contre lui.
Cicéron, dans la Deuxième Philippique, rapporte que le premier complot se déroula à Narbonne à la fin de l’année 45 : Caius Trebonius, ancien légat de César durant la guerre des Gaules, explique son projet de le tuer à Marc Antoine, qui refuse d’y participer mais n’en touche mot à César. Durant les mois suivants, l’orgueil de César agaça les sénateurs : après les Féries latines, au milieu des acclamations collectives, un homme se détacha de la foule pour déposer sur sa statue une couronne de laurier. Ainsi, un second complot se mit en place, sous la direction de Caius Cassius Longinus, préteur qui désirait le consulat (selon Plutarque). Il parvient à rallier plusieurs sénateurs à sa cause, il comprend rapidement qu’une personnalité symbolique doit également intégrer le complot ; de fait Brutus rejoint la conspiration.
Des signes annonciateurs
Selon Suétone, plusieurs signes annonçaient la mort de Jules César. Quelques jours avant sa mort, César avait reçu une prédiction de l’haruspice étrusque Titus Vestricius Spurinna, lui indiquant de se méfier des ides de mars à travers les termes suivants : « Cesare, tra lo sfarzo e la gloria, ti prega di guardarti dalle Idi di marzo » (« César, entre le faste et la gloire, je vous mets en garde contre les Ides de Mars »). Mais, trop insouciant ou soucieux de quelques réformes à mener, il ne l’écouta pas. De même qu’il ne vit pas de signe funeste dans la comète à l’apparence de javelot qu’il aperçut quelques semaines plus tôt. Par ailleurs, dans Vies Parallèles, Plutarque raconte que la veille de son meurtre, César dîna chez Marcus Lepidus. Lors du repas, une question se fit entendre : « Quelle est la meilleure des morts ? », le dictateur s’empressa alors de répondre : « Celle à laquelle on ne s’attend pas. » Le matin du 15 mars, sa femme Calpurnia tenta en vain de l’empêcher de se rendre au Sénat, ayant vu sa mort en rêve (elle pleurait, tenant entre ses bras son époux égorgé). À son arrivée au Sénat, Artémidore, l’un des informateurs de César, essaya de l’avertir en lui tendant une supplique donnant tous les noms des conspirateurs, il ne daigna pas la lire.
Les faits du 15 mars
Après avoir imaginé divers scénarii, les conspirateurs décident d’agir durant la séance du Sénat des ides de mars. Ainsi, le 15 mars, après avoir attiré Marc Antoine en dehors de la curie de Pompée, les conjurés assènent 23 coups de poignards à César, qui s’écrit, selon Suétone : « Ista quidem vis est ! » (« Mais c’est de la violence ! »). Il semblerait qu’au moment où Brutus tire son poignard, César ait prononcé ces mots « Tu quoque mi fili » (« Toi aussi mon fils ! »). À la fin de la journée, des esclaves viennent chercher le corps pour le porter au médecin Antistius, selon qui un seul des vingt-trois coups de poignard aurait été mortel.
Le lieu exact du meurtre
En 2012, les chercheurs du CSIC, dirigés par l’historien Antonio Monterroso, ont trouvé lors de fouilles dans le forum piazza Argentina une dalle de béton de trois mètres de large et de deux mètres de haut. Celle-ci, commandée par Octave (Auguste), en mémoire de son père adoptif, aurait été placée précisément à cet emplacement pour indiquer le lieu du meurtre.
Un lieu de commémoration
Habituellement, Rome fête ces ides de manière grandiloquente, à l’exemple des mythes du passé, comme pour faire revivre les origines de la ville. En effet, l’an dernier, le Gruppo Storico Romano avait reconstitué la mort de Jules César dans le forum du Largo Argentina. On pouvait admirer l’arrivée de César, les conspirateurs lui faisant face au sein de la curie de Pompée ; s’en suivirent alors vingt-trois coups de poignards, à la suite de quoi une longue procession se rendit jusqu’au Tempio del Divo Giulio dans le forum romain. Malheureusement, cette année, en raison de la quarantaine imposée, cette reconstitution n’a pas pu se dérouler. Le Gruppo Storico Romano présente ses excuses à toutes les personnes qui souhaitaient assister à cet événement et aux journaux et radios accrédités. Mais comme le disaient les Romains : UBI MAIOR MINOR CESSAT ! On peut néanmoins revoir cet événement dans cette vidéo de 2016 ou regarder un extrait du film César (2012) et de la série Rome