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GERARD HOLTZ - « J'ai eu beaucoup de chance dans ma vie »

Gérard HoltzGérard Holtz
Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 10 décembre 2017, mis à jour le 11 décembre 2017


Après des années passées aux côtés des plus grands sportifs à l'antenne de France Télévision, Gérard Holtz s'est installé à Rome auprès de sa femme, Muriel Mayette, directrice de l'Académie de France à Rome. Il a accepté de se confier au petitjournal.com dans le jardin de la Villa Médicis. Portrait d'un « croqueur de vie ». 

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous rappeler votre parcours aux lecteurs du petitjournal.com?

Gérard Holtz :
J'ai grandi à Belleville comme un vrai gavroche. Ma famille était modeste mais nous n'étions pas malheureux. À 9 ans, je suis tombé gravement malade. J'ai du partir en Corrèze pour traiter ma tuberculose. Quand je suis rentré à Paris, j'étais un jeune homme curieux. Je me suis intéressé aux spectacles de rue, j'ai toujours été attiré par le monde du spectacle. Je me rappelle au lycée Turgot à Paris, un de mes amis m'a emmené à la Comédie française. J'ai eu le coup de foudre pour le théâtre en voyant le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Parallèlement, il y a eu mon amour pour le sport. Je me souviens que l'on faisait des boulettes de papier pour jouer au foot dans la cour de récréation. Les médecins m'avait dit que je ne pourrais plus jouer au football après la tuberculose mais c'était mal me connaître. Cette expérience m'a donné envie de relever des défis. 

Comment êtes-vous arrivé au journalisme? 

J'ai eu un véritable coup de foudre pour le métier de journalisme en assistant au 13 heures d'Europe 1, ouvert au public. À l'époque, c'était Georges Fillioud et Jacques Paoli qui le présentaient. Pour réaliser ce rêve, j'ai fait des études. J'ai obtenu un doctorat en droit et j'ai été majeur de promotion en école de journalisme (CFJ à Paris). À mes débuts, je m'occupais de la politique étrangère à ORTF. Quatre ans plus tard, en 1977, Jean-Marie Cavada m'a proposé de présenter le journal sur Antenne 2. Je  m'occupais du 20 heures en fin de semaine. Jusqu'au jour où je me suis fâché avec Jean-Pierre Elkabbach... Il m'a viré du journal car il me trouvait trop décontracté pour présenter le 20h! En 1983, je suis passé au service des sports grâce à Robert Chapatte, qui m'a laissé sa succession pour l'émission Stade 2. Ce n'était pas une époque facile : il y avait quelques tensions au sein de la chaîne. Je me souviens m'être quelque peu disputé avec Thierry Roland. Il ne voulait pas de femmes dans le sport alors que je suis pour la parité. En 1992, après 7 ans de présentation, j'ai arrêté Stade 2 car je trouvais que l'émission ne bougeait pas assez : trop de discussions et pas assez de reportages à mon goût. Donc je me suis retrouvé à m'occuper des grands événements : le Paris-Dakar, Paris-Roubaix sur la moto, Roland-Garros, le Tour de France … C'était le bonheur total.

Que pensez-vous de l'évolution du métier de journaliste?

Je suis un peu inquiet. Il y a de plus en plus de sport à la télévision mais il est devenu payant. C'est un vrai problème car tout le monde n'a pas les moyens de payer ces chaînes. Dans le service public, notre combat ressemble à « Mission Impossible ». Nous n'avons pas les moyens de lutter contre ces industries comme le Qatar (Beinsport) ou SFR. Je trouve aussi qu'un certain nombre de jeunes journalistes se contentent d'Internet et des réseaux sociaux plutôt que de se rendre sur le terrain. Quand je pense à Charles Bietry, mon modèle, qui se rendait aux entraînements trois jours avant la compétition avec son carnet pour demander aux joueurs comment ils se sentaient....

Aujourd'hui, beaucoup de journalistes ne vérifient même plus leurs informations. Par exemple, il y a trois ans, je dînais avec des amis après le Tour de France. J'annonce que je ne présenterai pas le prochain Paris-Dakar pour assurer mon déménagement à Rome. Une jeune journaliste présente ce soir-là titrait le lendemain « Holtz viré du Dakar ». J'étais dégoûté. Je l'ai cherchée toute la matinée pour avoir des explications car ce n'était pas la vérité. Il faut vérifier ses sources face à l'avalanche d'informations qui nous fait face. 

Quel est le souvenir le plus marquant dans votre carrière? 

Sans hésiter, je pense au 4 janvier 1998, à 11h30, lorsque je me suis écrasé en hélicoptère pendant le Paris-Dakar. J'ai eu une chance extraordinaire dans ma vie. J'ai fait 20 ans de Dakar, en particulier sur la course moto car je suis un passionné des deux roues. Je faisais plus de 6 heures d'hélicoptère par jour. Ce jour-là, je survolais Peterhanssen, grand favori de la course. J'ai fait signe à mon pilote que nous avions assez d'images pour la journée. En tirant sur le manche, nous avons perdu le contrôle du moteur arrière. On est tombé sur la queue de l'appareil, on a rebondi... Par miracle, le pilote, le cameraman et moi-même sommes sortis indemnes. Ce genre d’événements vous donne la pêche. J'ai eu l'envie de croquer la vie à pleines dents comme je l'ai toujours fait. D'ailleurs, lorsque j'ai sorti un livre souvenir, intitulé Je suis plus petit que mes rêves, j'ai longtemps hésité à le nommer « croqueur de vie ». 

Le téléthon : « une de mes plus grandes fiertés »

Dans mes plus grands souvenirs, il y a aussi les scoops. L'abandon de Laurent Fignon sur le Tour de France, j'ai été le premier à le savoir. Par chance, j'étais ce matin-là sur le plateau de Télématin. J'ai eu Maradona à Paris, après avoir attendu toute la journée dans le couloir de son hôtel et j'ai réussi à lui poser trois questions. Une de mes plus grandes fiertés, c'est d'avoir créé le Téléthon en 1987 avec Claude Sérillon et Michel Drucker. 

On connaît votre passion pour le théâtre. Comment en êtes-vous arrivé à vous produire sur scène? 

Encore une fois, j'ai eu beaucoup de chance. J'ai croisé un metteur en scène à Versailles, Jean Daniel Laval. Il m'a conseillé de prendre des cours avant de passer une audition. De fil en aiguille, je me suis retrouvé sur scène à jouer du Molière pendant plus de sept ans, des Fourberies de Scapin au Malade Imaginaire. Je devais également jouer une pièce cette année à Bruxelles mais j'ai botté en touche car je suis vraiment occupé. 
 

Gérard Holtz Muriel Mayette
Muriel Mayette et Gérard Holtz à la Villa Medicis

 

Quels sont vos projets dans les mois à venir? 

J'écris un livre avec mon fils aîné, Julien, qui est la suite d'une collection intitulée « 100 histoires de légendes de... ».  Après le Tour de France, le sport automobile, je souhaite continuer la série avec le sport féminin. Je suis pour la parité dans le sport. On a également signé pour une année supplémentaire, cette fois-ci sur le vélo en général. Ensuite, j'ai un documentaire en préparation avec France Télévisions, consacré à Marie Paradis, première femme à avoir escaladé le Mont-Blanc. 

Un petit mot sur Rome? 

Je suis tombé amoureux de Rome. Il y a une théâtralité dans cette ville qui me fascine. J'adore la façon qu'ont les gens de parler avec les mains, de s'habiller pour sortir le soir. J'aime apprendre et cela fait plus de 9 mois que j'apprends l'italien... Ce n'est pas facile (rires). J'ai fait plein de nouvelles rencontres dans des milieux différents comme l'art, le sport, le cinéma. Rome est un coup de foudre pour moi. Encore un.

Propos recueillis par Valentin Basso.

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