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Le cerf de Sant Eustachio, mosaïque symbolique du passé de Rome

Dessin du cerf de Sant EustachioDessin du cerf de Sant Eustachio
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 16 avril 2021, mis à jour le 22 avril 2021

Tout habitant de Rome a sans doute eu l’occasion de traverser la place Sant Eustachio, ou même de déguster un café au comptoir du bar du même nom réputé le meilleur du monde (telle est l’inscription qui figure sur ses murs), gageons d’Italie du moins, pays où ce breuvage amer est le plus existentiel.

Si tel est le cas, chacun a pu se demander pourquoi une mosaïque représentant un cerf était incrustée dans le sol ainsi qu’un dessin similaire sur les tasses, sur les paquets de café, etc.

Un premier indice se découvre sous les nuages, si on lève la tête pour observer l’église trônant dans un coin de la place car, sur ce cadre religieux, on peut remarquer la tête d’un cerf ayant entre ses cors un crucifix.

Le PetitJournal.com de Rome vous propose de découvrir l’histoire légendaire de ce cerf. Permettons-nous de regarder ainsi entre ses bois.

Histoire

Dans l’Antiquité, cette place se nommait « piazza della Schola », en référence au palais de la Sapienza, situé à l’autre extrémité de la place et dont on voit de dos, le dôme.  À partir de 1499, elle porte le nom de « Sancto Stati » (contraction probable du nom S. Eustachio). Les origines de l’église sont liées à une légende chrétienne selon laquelle elle se dresserait sur la maison du centurion Placidas (sous les ordres de l’Empereur Trajan au IIeme siècle après J-C.), encore païen comme l’exigeait sa fonction militaire, qui, un jour, partit chasser dans les montagnes de la Mentorella (au-dessus de Tivoli).

Alors qu’il parcourait un bois, il rencontra un cerf qui portait un crucifix brillant entre ses cors. Alors le cerf, qui reçut de la part du Seigneur le pouvoir de parler en son nom lui dit : « Placidas, pourquoi me poursuis-tu ? Je suis le Christ, que tu honores sans le savoir, et je suis venu sous cette forme pour te sauver et, à travers toi, sauver aussi tous les idolâtres ». Bouleversé face à cette apparition, Placidas rentra chez lui, raconta son incroyable histoire à sa femme et tous deux décidèrent de se convertir avec leurs deux fils. Ainsi, ils se firent baptiser et reçurent de nouveaux noms : Placido fut appelé Eustache (du grec eustáchios, c'est-à-dire "qui donne de bons épis"), sa femme fut renommée teopista (par les termini greci théos pístos, c'est-à-dire " croyant en Dieu"), et leurs enfants, l'un teopisto et l'autre agapio (du grec agápios, c'est-à-dire " celui qui vit de charité ").

Persécution

Cependant, du fait des répressions promulguées sous les Antonins, Eustache fut persécuté en raison de sa nouvelle religion. On lui confisqua tous ses biens et il fut condamné à vivre éloigné de sa famille (en Égypte) avant d’être réhabilité, après de nombreuses années, sous le titre de général par Trajan, qui devait alors affronter des barbares. Hadrien devait ensuite succéder à Trajan et les évènements, une nouvelle fois, placèrent Eustache face à sa foi.

En effet, invité à Rome pour recevoir les honneurs, il fut arrêté avec toute sa famille sur l’ordre de l’Empereur Hadrien, coupable d’être chrétien et de ne pas honorer les dieux du panthéon romain. Ils furent torturés et amenés au Colisée pour être donnés en pâture aux lions, mais les animaux miraculeusement n’osèrent pas les toucher. Ils inclinèrent la tête et s’en allèrent.

Ne pouvant accepter ce miracle, Hadrien ordonna alors de les mettre dans un taureau d’airain. Cette torture, dont le symbole nous échappe, fut mise au point par un tyran d’Agrigente, particulièrement cruel puisque l’Athénien qui avait conçu le taureau fut le premier à l’expérimenter (mésaventure qui resta célèbre, d’ailleurs Dante se remémore ce châtiment au chant XXVII de l’Enfer). Lorsque l’on vint, quelques jours plus tard, chercher les corps de la famille, l’on constata avec stupeur qu’ils étaient parfaitement intacts ; c’est la raison pour laquelle on décida de les ériger au rang de saints.

Sa légende traversa le pays et les frontières ; on la raconte non seulement dans l’église Saint Eustache à Paris, mais également en Angleterre.

Karine Gauthey
Publié le 16 avril 2021, mis à jour le 22 avril 2021

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