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L'École française de Rome organise un colloque autour du pontificat global de Pie XII

Affiche du colloque autour du pontificat global de Pie XIIAffiche du colloque autour du pontificat global de Pie XII
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 11 juin 2021

L’École française de Rome et le DHI-Rom organisent un colloque international du 14 au 16 juin 2021 à Rome autour du thème suivant : Guerre et génocide, reconstruction et transformation : Le pontificat global de Pie XII, 1939-1958

 

L’École française de Rome et le Deutsches historisches Institut in Rom (Institut historique allemand à Rome) organisent conjointement un colloque international portant sur l’histoire globale du pontificat de Pie XII (Eugenio Pacelli, pape de 1939 à 1958), dont les archives ont été ouvertes très récemment. Un an après la mise à disposition pour les chercheurs des archives de Pie XII, et malgré l’impact de la crise sanitaire, ce colloque offre un premier aperçu des enjeux historiques et des pistes de recherche prometteuses de cette ouverture exceptionnelle.

 

Enjeux de l’ouverture des archives Pie XII

En mars 2019, le pape François annonçait l’ouverture tant attendue des archives du Vatican pour le pontificat de Pie XII. Affirmant sa confiance dans la « recherche historique sérieuse et objective », le pape Bergoglio annonçait : « L’Église n’a pas peur de l’histoire ». Un an plus tard, le 2 mars 2020, les premiers chercheurs pouvaient accéder aux archives de Pie XII. Cette ouverture est historique à plusieurs égards, ne serait-ce que par la démarche exceptionnelle qu’elle représente : l’ouverture des archives du Vatican procède pontificat par pontificat, sans règle prédéfinie de délai, et dépend d’une décision souveraine du pape. Depuis l’ouverture du pontificat de Pie XI (1922-1939) en 2003-2006, les historiens attendaient avec impatience celle des archives de son successeur (Pacelli était déjà Secrétaire d’État à partir de 1930) afin d’appréhender sur une plus longue durée l’attitude du Saint-Siège vis-à-vis des totalitarismes fasciste et communiste, des crises humanitaires et des mutations culturelles et sociales de l’âge des extrêmes.

L’ouverture des archives Pie XII était d’autant plus attendue qu’il s’agit d’un pontificat discuté qui se situe dans une période de grands changements politiques et religieux, du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale aux prémices du concile Vatican II. Surtout, la question épineuse de l’attitude du pape face au nazisme et face à la Shoah a donné lieu à des controverses mémorielles depuis les années 1960 et à une histoire polarisée, entre condamnation et apologie, alimentées par le projet de béatification du pape Pacelli. La publication, entre 1965 et 1981, de 11 volumes de documents sélectionnés par quatre historiens jésuites commissionnés par le Vatican, les Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, a permis aux historiens de mieux comprendre l’attitude du Saint-Siège durant cette période, mais ces précieux recueils de sources n’épuisaient cependant pas les interrogations de la communauté scientifique en l’absence d’un accès direct aux archives.

L’ouverture de mars 2020 offre désormais un véritable continent archivistique aux chercheurs en rendant accessible quelques 16 millions de feuillets correspondants à des documents très variés : lettres, rapports, notes internes, pétitions, extraits de presse, ou encore photographies. De fait, la richesse des fonds ne déçoit pas : réparties entre plusieurs centres (des Archives apostoliques – ex « secrètes » – à celles de l’ancien Saint-Office), les archives couvrent une période cruciale de l’histoire politique, internationale, sociale et religieuse du XXe siècle, du cataclysme de la guerre mondiale à la Guerre froide, de la décolonisation à l’émergence d’une société de consommation.

 

Une rencontre internationale pour de futures recherches historiques

L’organisation franco-allemande d’un colloque international sur le pontificat de Pie XII vise ainsi à répondre aux enjeux globaux de cette ouverture d’archives. Les archives du Vatican dépassent le champ de l’histoire de l’Église et offrent de nouvelles sources pour l’histoire politique, diplomatique, sociale et culturelle du XXe siècle, interrogeant également des thèmes contemporains tels que migrations et mondialisation. Les questions historiques à explorer débordent largement les seuls débats mémoriels liés à l’Allemagne nazie et à la Seconde Guerre mondiale, et offrent de nouvelles pistes pour la reconstruction d’après-guerre, la guerre froide et la décolonisation. Les archives permettront de nombreux approfondissements par exemple sur l’attitude de l’Église face au communisme, le rôle du Saint-Siège dans la politique italienne, l’alignement du Vatican en faveur des démocraties libérales à partir de 1944 et du bloc de l’Ouest dans la guerre froide.

Il s’agit donc d’un vaste chantier archivistique, appelant à la mise en place de projets collectifs et à un investissement dans la recherche. Entre octobre 2019 et janvier 2020, une équipe française coordonnée par l’École française de Rome a ainsi organisé un cycle de rencontres préparatoires, rassemblant quelques 70 chercheurs, à Lyon, Bordeaux et Paris, ces travaux ayant conduit à la programmation du colloque international romain, initialement prévu en juin 2020 et reporté en juin 2021 à cause de la crise sanitaire.

Avec un format hybride, en ligne et à Rome, le colloque rassemble 40 historiens provenant d’universités et institutions des pays suivants : France, Allemagne, Italie, Belgique, Danemark, Espagne, États-Unis, Pays-Bas, Royaume-Uni, Slovaquie et Suisse et. Neuf panels sont prévus autour de thèmes suivants : approches archivistiques, médiatisation du pape, gouvernement de l’Église, le Saint-Siège face à la Shoah, la reconstruction d’après-guerre, la décolonisation, la guerre froide, la globalisation de l’Église, et les changements culturels annonçant Vatican II. Deux tables-rondes sont également prévues. L’une se tiendra au sein même du colloque, le 15 juin, et sera consacrée au thème « Génocide, diplomatie et humanitaire », autour d’une discussion avec Giuliana Chamedes (University of Wisconsin-Madison), David Kertzer (Brown University), Raffaella Perin (Università Cattolica del Sacro Cuore, Milan) et Karène Sanchez Summerer (Leiden University).  La seconde aura lieu à l’Institut français Centre Saint-Louis, le 16 juin : Lucia Ceci (Università di Roma Tor Vergata), Nina Valbousquet (École française de Rome), Simon Unger-Alvi (Deutsches historisches Institut) évoqueront le thème de « La diplomatie vaticane de Pie XII : perspectives italiennes, françaises et allemandes »

Au vu des limitations d’accès aux archives causées par les restrictions sanitaires de l’année qui s’est écoulée, ce colloque ne prétend pas apporter des réponses définitives aux questions historiques ouvertes. Il vise plutôt à évaluer l'état actuel de l'historiographie, encourager de nouvelles discussions et établir un agenda pour de futures recherches autour d’un groupe international de chercheurs.

 

Plus d’informations sur le site de l’École française de Rome.

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