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PATRIMOINE - L’Ecole Française de Rome ouvre ses portes

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 14 janvier 2014, mis à jour le 15 janvier 2014

Fleuron de la recherche française en Italie en matière d'Histoire, d'Archéologie et de Sciences Sociales, l'Ecole Française de Rome ouvre pour la première fois ses portes au grand public. Hébergée au Palazzo Farnese, par ailleurs siège de l'Ambassade de France en Italie, elle peut se prévaloir d'un fond documentaire qui fait d'elle la plus grande bibliothèque française à l'étranger. Dès le 7 février prochain, il vous sera possible de la visiter. Rencontre avec sa directrice, Catherine Virlouvet.

Lepetitjournal.com : L'Ecole Française de Rome. Le nom n'est pas forcément inconnu du grand public mais peu connaissent son activité. Pouvez-nous la présenter ?

Catherine Virlouvet : L'Ecole Française de Rome (EFR) est un organisme de recherche et de formation à la recherche. Ce n'est pas une école contrairement à ce que sa dénomination pourrait laisser supposer. C'est une école de pensée en matière de recherche en Histoire, Archéologie et Sciences Sociales.
Sa dénomination remonte à 1875, année de sa fondation, quand la France d'alors a voulu reprendre la main sur les fouilles archéologiques après la guerre de 1870. A l'origine rattachée à l'Ecole Française d'Athènes, elle a été fondée comme école préparatoire à la recherche.

Près de 140 années plus tard, comment fonctionne-t-elle ?
L'Ecole Française de Rome est un établissement public qui dépend du ministère chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche avec un statut similaire à  celui des universités. Elle appartient aujourd'hui au réseau des Ecoles françaises à l'étranger, composé de la Casa Velazquez à Madrid, l'Ecole française d'Athènes dont elle constituait l'antenne romaine initialement, l'Ecole française d'Extrême-orient et l'Institut français d'archéologie orientale au Caire.
Elle appartient par ailleurs à l'Union internationale ?des instituts d'Archéologie, Histoire et Histoire de l'Art à Rome?, un réseau de 35 instituts locaux représentant 27 pays, qui chaque année à la rentrée, propose une conférence.
Par ailleurs, l'EFR collabore à des programmes de recherche sur le bassin méditerranéen (Algérie), dans les Balkans occidentaux mais aussi en Amérique latine.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est la formation à la recherche ?
La formation à la recherche est en effet la toute première mission de l'EFR. Pour se faire, nous recevons des jeunes doctorants français sur un programme particulier. On propose par exemple des ateliers de une à deux semaines pour des doctorants portant sur thématique précise. On y traite notamment de l'état de la recherche en la matière. Sur ce laps de temps, les doctorants sont hébergés dans notre annexe Piazza Navona, tout comme les formateurs. L'expérience va donc bien au delà de l'aspect universitaire. Il s'agit d'une immersion totale.
Les programmes de formation s'adressent également à des stagiaires sur des chantiers de fouille, les archives, la bibliothèque, etc. Enfin, nous accueillons chaque année environ 150 boursiers qui bénéficient d'allocations spécifiques pour la prise en charge pédagogique.
Grâce à cette mission, l'EFR créé un réseau qu'elle met à disposition de son public qui vient y apprendre le métier d'enseignant chercheur.

Précisément, quel est votre périmètre d'intervention en matière de recherche ?
Nous devons suivre en effet un programme quinquennal réparti selon 14 thématiques et décliné en une cinquantaine d'opérations. Nous menons ces travaux soit en interne, soit en partenariat avec des chercheurs qui viennent spécialement. Ce dispositif oblige de fait nos élèves à travailler en groupe.
Chaque programme peut donner lieu selon, à des opérations de terrain sur les sites archéologiques par exemple, des rencontres, des colloques, des expositions. Parmi les thématiques actuelles nous pouvons citer "la pluralité religieuse en méditerranée", "Rome et le monde catholique" ou bien encore "les espaces sacrés".

Que faîtes-vous de ces travaux de recherches ?
L'Ecole Française de Rome a en effet pour finir une mission de divulgation de la recherche. Nous publions une trentaine d'ouvrages par an, avec une nette tendance à la publication sur internet. Deux fois l'an, nous publions également Les mélanges, une revue historique sur l'Antiquité, le Moyen-Age et l'Histoire contemporaine. A compter de cette année, nous imprimerons les exemplaires à la demande. Mais notre mission de divulgation concerne aussi les tables rondes, les fouilles, les thèses des membres, et ce, toujours sur avis d'un conseil scientifique.

Qui sont finalement ces chercheurs privilégiés ?
Nous distinguons plusieurs profils. Les membres avant tout qui représentent le c?ur historique de l'école. Ils sont accueillis pour un an, renouvelable deux fois. Leur nombre est fixé à 18. Evidemment les postes sont très prisés. L'année dernière, pour 7 postes disponibles, nous avons reçu une centaine de candidatures. La plupart du temps, il s'agit de doctorants en fin de thèse ou de post-doctorants qui ont un projet post-doctoral. Les membres ont vocation à devenir chercheur ou enseignant-chercheur.
Nous accueillons par ailleurs des allocataires, comme nous l'avons déjà dit. Enfin, nous disposons de trois maîtres de conférence et d'un docteur pour la mission de formation.

De l'extérieur, l'Ecole Française de Rome semble être une institution très fermée. Vous travaillez actuellement à son ouverture. Pourquoi ? Comment ?
L'Ecole Française est accueillie par l'Italie. Il est donc de notre devoir d'ouvrir le Palazzo Farnese au public, dans la continuité de l'ouverture de l'ambassade. Il s'agit également de valoriser la recherche à un moment où la recherche fondamentale est menacée.

Salle Edoardo Volterra

Nous menons pour cela plusieurs types d'action, dont des interventions dans les lycées et les écoles qui proposent le double diplôme franco-italien EsaBac. A partir du 7 février, nous ouvrirons également nos portes aux visites guidées. Menées par l'association "Inventer Rome", celle-là même qui assure la visite de l'ambassade, les visites se tiendront dans un premier temps dans la foulée de la dernière visite du vendredi soir du Palazzo Farnese. Les visiteurs pourront ainsi, moyennant le prix de 7 euros au lieu de 5, visiter les salons, mais aussi la loggia qui donne accès à la bibliothèque par l'escalier d'honneur. La visite se limitera au 2è étage du Palazzo Farnese, pour respecter le cadre de travail des chercheurs dans la bibliothèque.

Vos bureaux donnent sur une des places les plus prestigieuses de Rome, Piazza Farnese. Quel est le rapport de Catherine Virlouvet avec la ville de Rome ?
Mon histoire avec Rome a commencé il y a 32 ans. Elève de l'historien français, Claude Nicolet, spécialiste de la Rome antique, j'ai suivi un cursus universitaire en histoire économique et sociale. Je suis rentrée à l'Ecole Française de Rome en tant que boursière puis en suis devenue membre. Par la suite, devenue maître de conférence à l'université de Rouen,  je revenais à Rome régulièrement. Ce sont au total 13 ans de ma vie passés à Rome. Une ville qui n'est pas facile pour les Italiens. Mais ce qu'y est unique, c'est que cette ville très émouvante saisit l'historienne que je suis. Ce qui me plaît, c'est l'imbrication des époques. Il n'y a qu'à Rome que l'on peut voir un temple dans une église. On y voit l'héritage de la ville à ciel ouvert. 

La bibliothèque de l'Ecole Française de Rome, la plus grande bibliothèque française à l'étranger.

- Nombre de volumes : 200.000 répartis sur 2.500 m², 5 km de linéaires
- Année du volume le plus ancien : incunable de 1490
- Provenance du volume le plus ancien : fond d'Edoardo Volterra reçu en leg en 1989. Une salle protégée renferme aujourd'hui son fond comprenant 18.000 ouvrages contemporains, 3.000 ouvrages anciens et 14.000 tires à part.
- Ouverture : en libre accès aux chercheurs de 9h a 21h
- Effectif : 15 personnes
- Politique d'achat : 3.000 nouveaux ouvrages par an
- Projet 2014: équipement des livres de RFID pour dresser un inventaire et analyser les pratiques des lecteurs pour adapter la politique d'achat et de stockage.
- Directrice : Annie Coisy

Propos recueillis par Sophie Her (Lepetitjournal.com de Rome) - mercredi 15 janvier 2014

Crédit photo : S.H pour lepetitjournal.com

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Publié le 14 janvier 2014, mis à jour le 15 janvier 2014

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