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Jaouad Bentama «NY est la plus belle chose qui me soit arrivée »  

Jaouad BentamaJaouad Bentama
Jaouad Bentama
Écrit par Portraits d’Hommes par de Tilly Real Estate
Publié le 21 novembre 2019, mis à jour le 10 avril 2024

Jaouad Bentama est un artiste français installé à New York depuis 2012. De New York, il nous raconte que c’est la ville qui lui a tout donné, sans doute parce qu’il lui a donné tout ce que lui-même avait, son art. Il fait partie des hommes du « Mois de l’Homme » du Petit Journal New York.

 

Des Puces à l’art

Jaouad Bentama est né et a grandi à Paris, entre deux portes, celle de Clignancourt et celle de Saint-Ouen. Le week-end, avec son père, alors chiffonnier, ils vendaient des « bricoles » au Marché aux Puces, lequel côtoyait alors les antiquaires. Deux mondes physiquement si proches, mais si différents. D’un côté il y avait des fripes, des vieilleries, sans trop de valeur, mais dont la vente était nécessaire à la famille Bentama, de l’autre, l’art, un autre monde. Jaouad ne le savait pas, mais ce monde de l’art serait le sien, plus tard et plus loin, de l’autre côté de l’océan.

C’est à la Porte de Clignancourt que le jeune Jaouad tombe dans l’art, tout à fait par hasard. « Il y avait dans le quartier, Monsieur Pierrot, je l’appelais Papy Pierrot. Un jour, il est venu me chercher à l’école parce que ma mère ne pouvait pas. En rentrant chez lui, il m’a dit une phrase qui allait changer ma vie : tu ne vas pas regarder la télé, mais tu vas faire des dessins ». Il initie Jaouad à l’art. « Je n’aspirais pas à l’époque à être artiste, d’autant que je n’habitais pas un quartier où l’art venait à nous ».  Mais il gardera toute sa vie les conseils de son initiateur « exprime-toi et laisse exprimer ton âme ». Le papier canson de ses débuts deviendra avec le temps de la toile, l’épais feutre, de la peinture.

Avant de faire le grand saut vers New York, ville qu’il avait detesté en y venant en vacances une première fois, Jaouad Bentama garde son art pour lui. Pour la société, il est chauffeur, vendeur puis serveur. C’est un rendez-vous, à l’ANPE d’alors, qui lui donne un déclic « on me proposait des choses qui n’étaient pas moi. J’ai réalisé que ce que j’étais vraiment, c’était artiste ». Il décide alors de tout plaquer, direction New York, la ville de Keith Haring, de Jean-Michel Basquiat et de Jackson Pollock.

Même si à New York, il est un homme libre, loin de toute étiquette que la société française lui a collée, celle d’un enfant d’immigrés qui a grandi dans un milieu défavorisé, ses débuts dans la ville qui ne dort jamais ne sont pas faciles. Mais il y a cette liberté, cette renaissance, cette vie sans étiquette dans une ville où tout est possible à condition de s’en donner les moyens. « Je ne crois pas à l’american dream, je crois à la volonté » explique Jaouad.

 

New York, une renaissance

Cette volonté, et peut-être une parole de sa mère « va et deviens » lui permettent de faire ses premiers pas en galerie, à Chelsea, dans une exposition au nom prédestiné «  We Share The Same Sky ». L’artiste fait ses débuts ainsi et depuis, plus rien ne l’arrête. Il rejoint un premier collectif avant d’intégrer Con Artist Collective, dans le Lower East Side, quartier sacré pour Jaouad Bentama. Le restaurant Bagatelle, dont Aymeric Clemente lui a soufflé « si tu crois en ce que tu fais, tu vas y arriver » l’emploie, mais aussi l’expose, et de galerie en galerie, l’artiste fait monter sa côté. New York, Miami, Casablanca, Paris... Un sacré chemin pour celui qui donnait ses dessins à Washington Square pour quelques dollars.

De son art naïf originel, Jaouad Bentama a fait évoluer sa démarche artistique. Aujourd’hui, l’artiste contemporain récupère des objets qui ont une histoire. Cette histoire est aussi celle de l’œuvre ainsi que l’œuvre en elle-même. Des peluches au centre de la toiles, collées. « J’ai acheté un mickey à une veille dame qui avait besoin d’argent ». Jaouad Bentama peut raconter l’histoire de chaque objet récupéré et placé dans son oeuvre, mais qui fait aussi l’œuvre. Une paire de baskets, celle d’un copain de fortune, ou d’infortune, de ses débuts difficiles à New York. Un jean, il le portait quand il a eu un accident de la route en 2014...

Et ce mickey, souvent présent, représente l’enfant qui est en lui. L’artiste ne s’apitoie pas sur son enfance, sur l’environnement de son quartier relativement difficile. C’est aussi ce qui l’a forgé, ce qui lui a donné la foi de venir à New York, pour être enfin lui-même, un artiste, un homme libre, loin de la France et de ses stéréotypes. Mais aussi un homme qui parle d’âme, qui parle aux âmes. Le gamin du 18ème est devenu un artiste new-yorkais. Parmi ses acheteurs les plus célèbres, Toni Parker ou des membres de la famille Kardashian.

« À New York, je me suis vu mourir, mais c’est aussi ici que je me sens vivre, cette ville est la plus belle chose qui me soit arrivée ». Se battre et aller au bout, faire confiance à son sixième sens, se surpasser... Il est comma ça Jaouad Bentama, l’artiste qui parle en métaphores et qui croit aux belles âmes.

 

Merci, cher Jaouad, de faire partie des hommes du « Mois de l’Homme » du Petit Journal.

Jaouad Bentama expose actuellement à Con Artist Collective et, est le premier français à y avoir une exposition solo. « DEEP », initialement programmée jusqu’au 23 novembre, est visible jusqu’au 27 novembre 2019 à Con Artist Collective - 329 Broom Street - New York.

Pour en savoir plus sur Jaouad Bentama

 

Article rédigé par Rachel Brunet - rédactrice en chef du Petit Journal New York

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