En ce début du XVIème siècle, Rome, Florence et Venise sont les foyers d’un renouveau artistique éclatant. La peinture se dégage du hiératisme des Primitifs et cherche à saisir la vérité mouvante de la vie.
Raphaël peint des Madones non sur un trône gothique, mais avec une grâce pleine de vie, entourées de l’envol des anges annonçant avec un siècle d’avance, les fastes de l’art baroque sensible avant tout au jeu de l’ombre et de la lumière.
Raphaël, une vie brève mais éclatante
Une carrière rapide et brève, une séduction infinie, un succès irrésistible. Raphaël, qui a fasciné son temps, a sans doute été le peintre le plus admiré du monde.
Fils de Giovanni Santi, artiste de la cour d’Urbin, Raphaël naît à Urbain le 6 avril 1483, le jour du Vendredi Saint. Il perdit sa mère à huit ans et son père quatre ans plus tard.
Peu avant sa mort, son père le conduit à Pérouse, où le Pérugin l’aurait pris comme élève. Il développe déjà, adolescent, une conception personnelle de la peinture. A dix-sept ans, il est déjà appelé “Magister” et obtient ses premières commandes. Après un séjour à Sienne, il part pour Florence, où il peint, à vingt ans, sa première grande œuvre : Le Mariage de la Vierge, et à vingt-deux ans, Le songe du chevalier, et les Trois Grâces.
Bramante lui demande de venir à Rome
A vingt-cinq ans, Raphaël est déjà un roi de la peinture. A la fin de 1508, alors que l’âge d’or du quattrocento florentin touche à sa fin, Raphaël s’installe à Rome où Jules II l’emploie à la Basilique Saint-Pierre. Alors que Michel-Ange vient de commencer la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine, le pape le charge de décorer ses appartements privés. Les années s’écoulent dans la gloire et la mort de Jules II ne freine en rien l’irrésistible ascension de l’artiste.
La passion amoureuse contrarie pourtant son travail
En 1511, au palais Chigi, le peintre au visage d’ange peint l’une de ses plus admirables fresques : Le Triomphe de Galatée. Le maître des lieux venu juger de l’avancement des travaux, trouve le peintre dans une humeur épouvantable : lui si doux d’ordinaire. Interloqué, Chigi demande à Raphaël ce qui le met dans un tel désordre, l’artiste répond que sa maîtresse, la Fornarina, est trop loin de lui et qu’il ne parvient pas à peindre en son absence. Chigi décide de faire quérir la belle courtisane. La Fornarina cède aux instances du richissime banquier. A son apparition, Raphaël retrouve tout son entrain, sa bonne humeur et son génie. Il achèvera la fresque et peindra cent autres tableaux.
Le roi des peintres à Rome
Le pontificat de Léon X apporta des changements notables dans sa carrière. Après la mort de Bramante en 1514, l’éloignement de Michel-Ange, l’échec de Léonard de Vinci, Raphaël reste le seul des grands artistes appelés à Rome. Tout ce qui concerne les arts repose maintenant sur lui : direction des travaux d’architecture du Vatican, les “Loges” et leur décoration, achèvement du décor de la chapelle Sixtine par une série de tapisseries, à quoi s’ajoutent toutes les commandes particulières, sans parler de la direction des antiquités et des fouilles.
Sa mort prématurée
Raphaël en aurait-il fait autant, si la mort ne venait brutalement le prendre, à trente-sept ans, dans des conditions sinon mystérieuses du moins imprécises.
Il meurt le jour de son anniversaire, le vendredi saint. Pour beaucoup, il aurait été victime d’un empoisonnement, peut-être lié à quelque aventure sentimentale.
Raphaël est pleuré dans toute l’Italie comme le génie qui a embelli le monde. Pietro Bembo compose son épitaphe , qui se termine : “Tel est Raphaël par qui, quand il vécut. Notre puissante mère nature a craint d’être vaincue. Quand il mourut, elle-même a craint de mourir”.