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Ces mots français que les Italiens nous piquent

Petit guide pratique pour éviter les quiproquos en parlant français avec un Italien, sans en perdre son latin !

deux visages avec des points d'interrogationdeux visages avec des points d'interrogation
Le vocabulaire d'origine française constitue aujourd’hui 7 % du vocabulaire de base italien | PIxabay @nastya_gepp
Écrit par Catherine Roussel
Publié le 12 mars 2024, mis à jour le 12 mars 2024

Du fait des guerres, les échanges culturels, littéraires ou encore et commerciaux, le vocabulaire d'origine française constitue aujourd’hui 7 % du vocabulaire de base italien. Un vocabulaire totalement intégré à la langue de Dante, mais utilisé parfois à mauvais escient. Petit guide pratique pour éviter les quiproquos en parlant français avec un Italien, sans en perdre son latin !

 

Le vocabulaire de la mode

Le vocabulaire italien de la mode foisonne de termes français, certains sont connus de tous (griffe, collant, lingerie, prêt-à-porter), d’autres sont employés dans un registre beaucoup plus technique, pour définir les finitions des matières (bouclé, jacquard…) ou des vêtements (pinces, ruches/ruchés). S’ils prennent souvent le même sens qu’en français, l’usage apparaît parfois radicalement différent du nôtre.

  • Chiffon : non, les Italiens ne s’en servent pas pour faire leur ménage ! Il s’agit d’un tissu fin et transparent, souvent en soie, mais qui peut aussi être synthétique. Un « chiffon » italien n’est autre que la « mousseline » en France.
  • Culotte (prononcer coulotte) : pour un Italien il s’agit en fait d’un type particulier de slip féminin : le shorty (orthographié shortie en anglais, comme quoi…).
  • Décolleté : ce mot est utilisé exactement comme en français dans l’industrie cosmétique. En revanche, pour les Italiens, il désigne aussi un modèle de chaussures : l’escarpin (dérivant de la forme échancrée de l’ouverture de ce modèle sur le pied).
  • Gilet : pour nos amis du Bel Paese, un gilet est exclusivement sans manches, qu’il s’agisse de la troisième pièce d’un costume comme d’un anorak ou d’un pull sans manches.
  • Mélange : non, cela ne désigne pas le mélange de deux matières (misto) mais un effet de couleur, le chiné (« grigio mélange » signifie gris chiné).
  • Papillon : il ne vole pas, il reste sagement attaché autour du cou, c’est le nœud papillon !
  • Bohémien : Cela correspond à un style, voire un art de vivre, c’est ce que nous appelons l’esprit bohème côté français.

 

En gastronomie

La renommée gastronomique de la France n’est plus à faire et sa tradition culinaire est solidement ancrée. La terminologie qui s’est développée dans le temps peut se révéler extrêmement technique même pour les Français eux-mêmes. Certains mots sont particulièrement opaques comme Brider, Chiqueter ou encore Contiser. Nos cousins d'outre-Alpes n’ont pas manqué de nous emprunter certains termes, qu’ils emploient parfois … à la sauce italienne.

  • Chantilly : si on se rend chez un glacier en demandant un « gelato con la chantilly », celui-ci risque d’être bien embêté. La chantilly est réservée au monde de la pâtisserie. C’est un mélange de crème pâtissière et de crème fouettée (en franco-français crème Madame ou Princesse). Pour votre glace, demandez plutôt de la « panna montata ».
  • Champignon : le sens italien est beaucoup plus restreint qu’en français, il s’agit exclusivement des champignons de Paris.
  • Gâteau (ou Gattò !) :  ce n’est pas un plat sucré mais plutôt salé, souvent réalisé à base de pommes de terre et cuit au four. C’est une sorte de hachis parmentier en plus compact.
  • Pâté : là, on risque carrément l’incident diplomatique, certains (Wikipédia aussi) « osent » l’associer au foie-gras, pensant que ce dernier est, comble du sacrilège, malaxé. Plus largement, le « patè » italien désigne justement des pâtes à base de viande ou de poisson.
  • Ragoût (orthographe italienne : ragù) : c’est ce que nous appelons communément la sauce bolognaise. Le plat français à base de morceaux de viande mitonnés est quant à lui appelé « spezzatino » de ce côté-ci de la frontière.
  • Bignè/Beignet : le dictionnaire Treccani confirme l’origine française du mot « bigné » qui dérive de beignet. Sauf qu’en Italie, cela désigne un chou à la crème, donc pas du tout frit.

 

Petit florilège « pot-pourri » de faux-amis

  • Pot-pourri : on l’utilise au sens propre comme en français, mais aussi au sens figuré pour signifier un mélange disparate d’objets ou de notions. Cela pourrait correspondre à des idées lancées «pêle-mêle ».
  • Garage : côté italien, il s’agit d’une place de stationnement, souvent dans un parking couvert, par opposition au garage fermé que les Italiens appellent un « box ».
  • Roulotte : si vous pensez déjà, avec nostalgie, au générique du Petit bonheur dans la prairie…. Vous faites fausse route. Les Italiens appellent « roulotte » une caravane.
  • Pendant : dans ce cas la différence est plus subtile. En français, le pendant de quelque chose est selon le Larousse : « Ce qui concorde avec quelque chose, est comparable à quelqu'un ou lui est semblable ». Pour les Italiens, dans le langage commun, c’est plutôt le fait d’assortir son sac et ses chaussures ! (« fare pendant », on le trouve souvent dans le vocabulaire de la mode).
  • Défaillance : pour les Italiens, c’est une façon élégante d’indiquer que l’on a eu une faiblesse, un manquement, employé au sens figuré.
  • Mignon : en italien, ce mot désigne en général quelque chose de petit (ou de mini). Il est notamment utilisé en pâtisserie pour indiquer les mignardises, mais aussi pour évoquer la ressemblance entre un enfant et son parent (dont il est la version « mignon »).
  • Chance : les Italiens le prononcent à la française, mais ce mot reprendrait plutôt la définition anglaise. « Une chance » indique la possibilité que quelque chose arrive.
  • Soubrette : l’origine de son emploi en italien remonte aux opérettes du XIXe siècle pour indiquer des rôles féminins de serveuses, femmes de chambre un peu malicieuses (demandant toutefois une certaine présence sur scène). Il est intéressant de noter que pendant l’époque fasciste ce mot avait été banni du vocabulaire italien, le Duce menant une campagne d’autarcie linguistique. Il est revenu en force avec l’avènement des programmes de variété pour désigner certaines présentatrices télé, parfois reléguées au second plan. Raffaella Carrà est l’une des premières du nom.

 

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