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AEFE : les raisons de la grève historique à Milan et dans le monde

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Lundi 27 novembre, le personnel des lycées français dans le monde étaient en grève
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 janvier 2018

Plus de 95 % du personnel enseignant a fait grève lundi 27 novembre au lycée Stendhal, comme la plupart de leurs collègues des 492 établissements français du monde entier. Ils répondaient à l’appel lancé par les syndicats pour protester contre la réduction de 33 millions d’euros du budget alloué à l'AEFE. Une diminution jugée « dangereuse ».


Un coup de massue pour l’AEFE. L’Agence pour l’enseignement Français à l’étranger doit faire face à la baisse colossale de son budget de 33 millions d’euros, votée en plein milieu de l’été. « Le gouvernement exige des Français de l’étranger des sacrifices très lourds quand en même temps, il augmente le budget 2018 de l’enseignement scolaire de 1,25Md€, soit de 2,5% », s’insurge Meyer Habib, député de la 8e circonscription des Français de l’étranger, interrogé par le Petit Journal de Milan, qui tient à préciser en outre qu’il pratique une « opposition constructive » et assure soutenir une mesure à chaque fois qu’elle va dans la bonne direction.

Inquiétudes

Cette coupe budgétaire – équivalente à environ 10 % du budget de l’AEFE – devrait conduire à la suppression de « plus de 500 postes d’enseignants titulaires, soit 8% des effectifs actuels d’ici 2020 », s’inquiète le syndicat majoritaire dans un communiqué. A Milan, dès la rentrée 2018, un poste d’expatrié et deux résidents sont menacés.
« Faute de moyens, ce sont les contrats locaux qui vont être privilégiés », déplore Laure Peny, enseignante en primaire au lycée Stendhal, à la sortie de l’Assemblée générale. « Et ce type de contrat pénalise l’enseignant dont la carrière n’avance pas en France lorsqu’il travaille en local », ajoute-t-elle.

C’est aussi une dégradation de la qualité de l’enseignement qui est crainte. Et pour cause, « quelles que puissent être les qualités pédagogiques des enseignants en contrat local, ces derniers ne disposent en général ni des qualifications, ni de la formation adéquate dispensée en France », s’inquiète Meyer Habib.

De lourdes conséquences pour les familles

Alors qu’aujourd’hui déjà, le financement du réseau AEFE repose à 80 % sur les frais de scolarité et donc sur les familles, l’impact de la mesure devrait par ailleurs s’avérer très lourd pour ces dernières, avec une hausse des frais de scolarité à prévoir. Or, « les frais de scolarité sont déjà élevés, ils vont d'environ 4.300 à 6.200 euros annuels suivant le niveau de classe », rappelle l’Association des parents d’élèves de l’école Stendhal. « Nous avons vu arriver sur ces dernières années des familles françaises, expatriées volontaires donc durablement, en Italie : 60 % des familles inscrites sont locales aujourd’hui. Toutes ces familles font un choix pédagogique réel et souvent un effort financier important pour scolariser leurs enfants au Lycée Stendhal », précise Valerie Arabeyre, présidente de l’APE.

Résultat, à court terme, l’augmentation substantielle des frais de scolarité risque de générer une augmentation des demandes de bourses scolaires, dont le budget est stable. Aussi, le 7 novembre dernier, le député Meyer Habib a défendu en séance à l'Assemblée nationale une augmentation de 5M€ de crédits pour les bourses scolaires. « Par la voix de son secrétaire d’Etat, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian m’a demandé de retirer mon amendement en contrepartie d’un engagement personnel très fort qu’aucune famille française résident à l’étranger et entrant dans les critères des bourses scolaires ne serait exclue faute de crédits. Je serai très vigilant sur le respect de cette promesse », assure le député.

Rayonnement menacé

Il demeure qu’à terme, l’augmentation des frais de scolarité risque d’engendrer le retrait d’enfants de l’enseignement français et le « déconventionnement » d’établissements soit un véritable démantèlement du réseau. Un réseau qui aujourd’hui, fort de ses 492 établissement implantés dans 137 pays et de ses 350.000 élèves qui y sont scolarisés, revendique incarner une « vitrine de la France à l’étranger ». Considérés comme des « élites locales », ces élèves sont à 60 % étrangers et à 40% Français.

 

MAR
Publié le 29 novembre 2017, mis à jour le 4 janvier 2018

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