La Toscane défie le gouvernement Meloni en approuvant, ce mardi, une loi régionale sur l’aide au suicide. Suite à une décision de la Cour constitutionnelle, la pratique est légale depuis 2019 en Italie, mais le Parlement n’a jamais légiféré, rendant très difficile son application.


Une nouvelle brèche s’ouvre dans le mur de la fin de vie en Italie. Alors que dans la péninsule, la santé est administrée par les régions en lien avec l’État, la Toscane est devenue mardi la première région italienne à se doter d’un règlement ouvrant la voie au suicide assisté pour les malades en grande souffrance. Le règlement émane d’une initiative populaire, présentée par l'association Luca Coscioni qui a recueilli plus de 10.000 signatures en Toscane.
Avec sa loi régionale, la Toscane permet à une personne remplissant une série de conditions pathologiques d’accéder en moins de deux mois à un traitement pour l’aider à mourir.
Six ans d'immobilisme
L’aide au suicide avait été dépénalisée en décembre 2019, par une décision de la Cour constitutionnelle. Pour cela, la Cour a édicté plusieurs conditions : le malade doit être frappé d’une maladie irréversible, en état de formuler son désir de mourir de manière libre et consciente, sa pathologie doit être irréversible et/ou source de souffrances physiques ou psychologiques qu’il juge intolérables, et dépendant de traitements de maintien en vie. Il doit aussi avoir expressément refusé les solutions thérapeutiques, y compris la sédation profonde et continue.
La seule procédure autorisée est que le malade s’administre lui-même, et de manière autonome, le médicament pour mourir. Très stricte, cette procédure vise à distinguer l’aide au suicide de l’euthanasie, qui reste un crime en Italie.
La Cour constitutionnelle n’avait néanmoins donné aucun avis quant au délai de réponses aux demandes des malades, ni sur la gestion la mise en œuvre du suicide assisté.
Et le Parlement n’a jamais légiféré, rendant ce droit quasiment inapplicable. Selon l’association Luca Coscioni, seules onze personnes ont obtenu l’autorisation d’accéder au suicide assisté en Italie depuis 2019, mais pas plus de cinq y ont eu véritablement accès.
Une bataille menée par les régions
Durant ces six années d’immobilisme du Parlement, au moins 15 autres régions italiennes ont tenté de définir les contours de l’accès au suicide médicalement assisté pour garantir ce droit aux patients. Des tentatives qui ont attiré les foudres de l’exécutif et de l’Eglise, et qui se sont soldées par un échec.
Avec la brèche ouverte par la Toscane, ces régions devraient réitérer leur tentative, à l’instar de la Vénétie, les Pouilles, l’Émilie-Romagne, le Piémont et le Frioul-Vénétie Julienne. Et rouvrir la bataille au niveau national.



















































