« Ocean Viking » : Pourquoi le ton monte entre la France et l’Italie

L'Ocean Viking, objet du bras de fer entre la France et l’Italie depuis mardi, sera accueilli ce vendredi à Toulon, a annoncé Gérald Darmanin. Mais en réaction au «choix incompréhensible» de l'Italie de ne pas le faire, le ministre de l’Intérieur a déclaré suspendre l’accord qui prévoyait l'accueil en France de 3.500 réfugiés actuellement dans la Péninsule. Le point sur le refroidissement diplomatique à l’horizon.

Suite à un bras de fer entamé mardi entre la France et l’Italie, la tension monte même d’un cran ce jeudi concernant les migrants à bord du bateau humanitaire.
La France va accueillir « à titre exceptionnel » l'Ocean Viking, a déclaré ce jeudi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en dénonçant le manque « d’humanité » de l’Italie.

Le ministre de l'Intérieur a précisé qu'un tiers de ses passagers seraient « relocalisés » en France et un tiers en Allemagne, alors que les migrants non couverts par le droit de séjour et d’asile seront sujets aux mesures d’éloignement.

Que s’est-il passé avec l’Ocean Viking, objet du bras de fer diplomatique entre la France et l’Italie ?

L’Ocean Viking est le dernier des quatre navires humanitaires bloqués en Méditerranée, et compte à son bord quelque 234 migrants, dont 57 enfants et 20 enfants, secourus en mer il y a près de 20 jours. Le navire humanitaire bat pavillon norvégien, mais appartient à l'association européenne SOS Méditerranée. Il a essuyé ce mardi un refus d’assistance de la part des autorités italiennes et s’est alors tourné vers la France pour demander assistance.

Dès mardi soir, les services de la nouvelle Première ministre Giorgia Meloni ont salué la France qui accepterait d’accueillir l’Ocean Viking dans l’un de ses ports. Le ministre des Affaires étrangères italien Antonio Tajani a lui-même affirmé dans une interview mercredi, que le président Emmanuel Macron aurait décidé « d’ouvrir le port de Marseille ». Mais l’exécutif français a aussitôt démenti, en dénonçant le refus « inacceptable » de l’Italie, « contraire au droit de la mer et à l’esprit de solidarité européenne ».
Selon la règle européenne en la matière, le bateau doit pouvoir accoster dans le port le plus proche, en l'occurrence italien.
Mardi, l’Italie avait toutefois accepté le débarquement d’un autre bateau humanitaire, le Rise Above (à Catane). Pour deux autres embarcations, les autorités italiennes ont opéré une sélection en n’acceptant le débarquement que des migrants fragiles, dont les enfants.

Pour le ministre des Affaires étrangères italien Antonio Tajani, ce tri représente un signal pour forcer l’Europe à aider davantage l’Italie. Depuis le début de l’année, 88.100 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

De fortes conséquences dans les relations bilatérales France-Italie

En réaction au refus « incompréhensible » de l'Italie, le ministre de l’Intérieur a déclaré suspendre l’accord qui prévoyait l'accueil en France de 3.500 réfugiés actuellement dans la Péninsule. En vertu d’un système de relocalisation adopté en juin, il est qu’une douzaine d’Etats membres, dont la France et l’Allemagne, accueillent de manière volontaire des migrants arrivés dans des pays comme l’Italie. Mais Rome demande davantage de soutien.