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L’Italie, multirécidiviste en matière d’alerte à la pollution

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Un nuage noir de pollution recouvre le nord de l'Italie depuis plusieurs jours / Twitter Paolo Nespoli, astronaute italien
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 23 octobre 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

La pollution a atteint des niveaux alarmants en Italie ces derniers jours. L’urgence au smog est ainsi de retour, après quelques mois seulement. En cause notamment, le climat sec mais aussi des procédures imposées par l’Union européenne, non respectées.

 

Un immense nuage noir recouvrant le nord de l’Italie, principalement Milan et Turin. C’est le cliché posté sur twitter par l’astronaute italien Paolo Nespoli. Le même jour, la municipalité de Turin appelait ses habitants à fermer portes et fenêtres, rester à l’intérieur et éviter les activités sportives. Et pour cause, la ville a enregistré mercredi une concentration de particules fines de 114 microgrammes par mètre cube, alors que la valeur maximale est fixée à 50 microgrammes. A Milan, où l’air est également de plus en plus irrespirable, des mesures temporaires limitant la circulation ont été mises en place, en vertu de l’accord de la plaine du Pô, adopté le 9 juin dernier, par la Lombardie, le Piémont, la Vénétie, l’Émilie-Romagne et le ministère de l’environnement italien. L’Arpa, l’Agence régionale pour la protection de l’environnement, relevait alors une concentration de particules fines de 90 microgramme par mètre cube, soit près du double de la limite tolérée.

De tels niveaux de pollution sont habituellement relevés entre décembre et janvier dans cette région, qui concentre industries, grandes agglomérations et intense trafic routier. Une région dont la géographie favorise le maintien des particules.
Certes, le manque de pluie a contribué à la concentration des particules fines. Mais dans une période où les radiateurs n’étaient même pas encore allumés.

Et le problème est récurrent. Depuis le mois de janvier, le seuil de 50 microgrammes de particules fines, a été dépassé plus de 70 jours, contre une limite européenne autorisée de 35 jours.

 

Epée de Damoclès de Bruxelles

Une situation qui fait de la Péninsule, un pays multirécidiviste : elle a déjà fait l’objet de plusieurs rappels à l’ordre de la part de Bruxelles, avant de probables poursuite devant la Cour de justice de l’UE. En avril dernier, la Commission européenne avait lancé à l’Italie un « dernier avertissement » en exhortant le pays d’adopter des actions appropriées contre l’émission des particules fines et de bioxyde d’azote.  Une menace qui s’ajoute aux objectifs d’amélioration de la qualité de l’air en 2020 et 2030, introduits par l’Europe fin 2016 : les Etats membres devront transposer la directive européenne d’ici 2018. Si rien ne change, l’Italie sera en état d’infraction permanente.

 

Situation critique

« Les particules fines continuent de provoquer le décès de plus de 400.000 Européens chaque année », résume le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, publié à la mi-octobre. C’est l’Allemagne, le pays le plus peuplé d’Europe, qui paye le plus lourd tribut avec 81.160 décès (sur 82, 67 millions habitants). L’Italie arrive deuxième, avec près de 80.000 décès, soit presque autant qu’en Allemagne, alors que le Belpaese compte plus de 20 millions d’habitants en moins (60,6 millions en 2016).


A Milan, des dizaines de citoyens ont commencé leur bataille, en silence. Ils se retrouvent sous le Palazzo Marino, siège de la municipalité, avec un masque blanc leur couvrant la bouche et le nez, tous les soirs de 18h30 à 19h30, « pour signaler aux institutions que la population attend des réponses » face à l’urgence smog, explique l’organisateur Paolo Pinzuti, cité par La Repubblica. En rappelant que selon l’Arpa, « 44% de la pollution provient des véhicules à moteur ».

MAR
Publié le 23 octobre 2017, mis à jour le 15 janvier 2018

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