Le rapport annuel de l’Istat tire la sonnette d’alarme. L’Italie connaît la plus grosse crise démographique jamais enregistrée depuis 100 ans, mettant à risque la croissance du pays. Les facteurs expliquant cette récession.
La récession démographique qui touche l’Italie depuis 2015 est en train de se traduire par une chute numérique du même niveau que celle de 1917-1918, une époque marquée par la première guerre mondiale. C’est ainsi que le président de l’Istat Gian Carlo Blangiardo a présenté ce vendredi le Rapport annuel de l’Institut de la statistique italien.
Baisse des naissances, vieillissement de la population et perte du nombre de résidents depuis 2015 ont engendré une chute démographique telle qu’elle fait encourir des risques à l’économie du pays, pointe du doigt le rapport 2019.
Les prévisions indiquent une forte probabilité (78%) que la population résidente en 2050 soit inférieure à celle d’aujourd’hui, passant de 60,4 millions d’habitants au 1er janvier 2019 à 60,3 millions en 2030 avec une baisse plus accentuée encore au cours des années suivantes, portant à 58,2 millions la population en 2050 (soit 2,2 millions en moins par rapport à aujourd’hui).
C’est le passage des générations du baby boom à un âge avancé qui explique principalement le vieillissement de la population. Les plus de 65 ans pourraient ainsi augmenter de 9 à 14 points par rapport à 2018 (22,6%).
La baisse démographique est due quant à elle à un solde naturel toujours plus négatif lié à la baisse des naissances et à l’augmentation du nombre des décès. Selon les données provisoires relatives à l’année 2018, 439.000 naissances ont été enregistrées – près de 140.000 de moins qu’en 2008 -, et 633.000 décès, soit 50.000 en plus environ.
Par ailleurs, 45% des femmes âgées en 18 et 49 ans n’ont pas encore eu d’enfant, selon les derniers chiffres de 2016.
La diminution du nombre des naissances, s’explique en partie par la baisse des enfants nés de couples où les deux parents sont italiens. Ils sont 359.000 en 2017, soit 121.000 de moins qu’en 2008. Et la tendance négative touche même les couples mixtes. Entre 2012 et 2017, 8.000 enfants en moins sont nés avec au moins un parent étranger. Ils représentent près d’un enfant sur cinq.
De moins en moins de femmes
La population féminine âgée entre 15 et 45 ans a fortement baissé entre 2008 et 2017 en Italie, avec 900.000 femmes en moins. Une diminution qui expliquerait selon l’Istat la différence du nombre de naissances enregistrées. Le rapport souligne en outre la baisse de la fécondité, passée de 1,45 enfants par femme en 2008, à 1,32 en 2017.
L’Istat rappelle qu’au cours de ces 20 dernières années, la population italienne n’augmente que « grâce au nombre d’’étrangers ». Au 1er janvier 2019, la population d’origine étrangère compte plus de 5 millions de résidents, soit 8,7% de la population de la Péninsule.
Zoom sur les jeunes
Les jeunes italiens tardent à quitter le nid familial. Plus de la moitié des 20-34 ans (5,5 millions) vivent avec au moins d’un des parents, selon le rapport de l’Istat. Mais il y aussi ceux qui s’expatrient directement. Le solde migratoire des Italiens vers l’étranger est négatif depuis 2008, produisant une perte de 420.000 résidents. Parmi eux, la moitié a entre 20 et 34 ans.
Pour conclure, le président de l’Istat a estimé vendredi devant le Parlement, qu’en « l’absence de mesures significatives, la chute démographique pourrait avoir des retombées négatives sur la croissance économique, avec des impacts sur l’organisation des processus productifs ainsi que sur la structure et la qualité du capital humain disponible ».