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L’Italie du Covid, un pays bouleversé par la pandémie

Istat photographie italieIstat photographie italie
Palazzo de l'Istat à Rome (Wikipedia @Lalupa)
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 6 juillet 2020, mis à jour le 7 juillet 2020

En touchant l’Italie, la pandémie a impacté un pays déjà fragile et vulnérable, et vient en bouleverser la société et l’économie. Les problèmes de fonds de l’Italie ressortent accentués par l’impact de la pandémie d’après la photographie du pays élaborée par l’Istat dans son Rapport 2020. Le document a été présenté vendredi dernier par le président de l’institution, Gian Carlo Blangiardo, au parlement.

La crise n’a pas eu que des effets négatifs, souligne le président de l’Istat. Les Italiens ont en effet démontré une singulière résilience et redécouvert des valeurs importantes telle que la confiance dans les institutions ou encore un sens civique. La crise a aussi fait découvrir de potentielles nouveautés positives, comme le recours au télétravail qui en théorie pourrait intéresser 7 à 8 de travailleurs.

Les lacunes du système de santé

Mais le rapport pointe du doigt des lacunes, à commencer par un système de santé à reconstruire. L’Italie avait 3,5 lits à l’hôpital pour 1.000 habitants, contre 5 lits en moyenne dans l’Union européenne et 8 en Allemagne. Autres données qui font réfléchir : entre 2010 et 2018, les dépenses de santé publique n’ont augmenté que de 0,2% en moyenne par an, face à une croissance économique de 1,2%. Le ralentissement de la dépense est notamment dû à la diminution du personnel de santé. Par rapport à 2013, la baisse a été de 4,9%, touchant aussi bien les médecins (-3,5%) que les infirmiers (-3%). L’Italie peut aujourd’hui compter sur 39 médecins pour 10.000 habitants, un chiffre sensiblement inférieur à celui de l’Allemagne par exemple qui en compte 42,5. Le personnel infirmier quant à lui est de l’ordre de 58 pour 10.000 habitants, contre 129 en Allemagne.

Fragilité des entreprises

Le rapport voit émerger une autre fragilité à l’épreuve de l’épidémie, celle des entreprises. Entre 2014 et 2017, la base productive perdue durant la précédente récession n’avait pas encore été reconstruite. En 2017, l’Italie comptait encore près de 80.000 entreprises (-1,7%) en moins qu’en 2011, avec une valeur ajoutée inférieure de 1,9%, indique le rapport.
Et les mesures visant à contenir l’épidémie ont provoqué une forte réduction de l’activité économique. Durant la première phase de l’urgence (qui a pris fin le 4 mai), 45% des entreprises avaient suspendu leur activité, notamment les petites entreprises. Et si pour l’heure l’interdiction des licenciements reste en vigueur, probablement jusqu’à l’automne, un boom est à prévoir dès la fin 2020. Selon l’Istat, environ 12% des entreprises penseraient à réduire le nombre de leurs salariés, principalement dans les petites et très petites entreprises qui comptent la majeure partie des travailleurs.

Les jeunes en difficulté sur le marché du travail

Depuis 2008, lorsque la crise financière mondiale a éclaté, le marché du travail a radicalement changé. Pour les plus jeunes, les opportunités de travail se sont réduites. Les actifs de moins de 24 ans ont diminué de presque un demi-million, et de plus d’un million et demi pour les 25-34 ans. Quant aux 35-49 ans, la situation n’est guère meilleure avec 1,4 million de postes de travail en moins. Au contraire, les plus de 50 ans ont connu une croissance de 3 millions d’actifs.

Le digital à la traîne

L’Istat s’inquiète par ailleurs de la compétence digitale des Italiens en page de travailler. Près de 40% des 25-64 ans présentent d’importantes lacunes en la matière selon le rapport, contre 20% des Allemands.
La natalité, une priorité
Selon les enquêtes de l’Istat, seuls 500.000 Italiens âgés entre 18 et 49 ans ne veulent pas d’enfants, et une grande majorité le désire mais ne peut pas se le permettre. Or avec la crise, « le climat d’incertitude et la peur associée à la pandémie » pourrait causer une nouvelle baisse des naissances : 426.000 en 2020 et jusqu’à tomber à 396.000 en 2021, indique l’Istat.
Or selon l’Institut, la relance de la natalité est l’une des priorités pour le futur du pays, au même titre que la reconversion environnementale de l’économie.

 

lepetitjournal.com Milan
Publié le 6 juillet 2020, mis à jour le 7 juillet 2020

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