La crise de la natalité s’aggrave encore en Italie

L'Italie ne cesse de battre de nouveaux records de baisse de la natalité. Année après année depuis quinze ans, le taux de natalité est en chute libre. Il s’est encore aggravé l’an dernier et la fécondité moyenne a même atteint son plus bas niveau historique (1,19 en 1995), a indiqué l'Institut national des statistiques (Istat) mardi dernier.

Même en pleines Première et Seconde Guerres mondiales, les Italiens faisaient plus d’enfants - deux fois plus qu’aujourd’hui même, souligne Massimiliano Valerii, chercheur du centre Censis, dans le Corriere della Sera.

Inexorable déclin démographique

Concrètement, environ 370 000 naissances ont été enregistrées l’an dernier, contre 380 000 en 2023, soit une baisse de 2,6 %. Et la situation va encore s’aggraver en 2025 : le nombre de naissances a chuté sous la barre des 200.000 entre janvier et juillet, soit une chute de 6,3% sur un an. Il y a un peu plus de quinze ans, en 2008, c’était 576 000 bébés qui avaient vu le jour dans la Péninsule. Depuis près de deux décennies, l’Italie subit un déclin démographique inexorable.

Sans surprise, le taux de fécondité suit la même courbe. Le nombre d’enfants par femme était de 1,18 en 2024 (contre 1,66 en France selon l’INSEE), de 1,2 en 2023, et devrait se situe pour l’heure à 1,13 en 2025, d’après le rapport provisoire de l’Istat.

Parallèlement, les mères sont toujours plus âgées au premier accouchement : l'âge moyen atteint 32,6 ans, soit un peu plus que l'année précédente (32,5 ans). Il était de 28 ans en 1995.

Cet effondrement de la natalité accélère le vieillissement de la population. Pour la première fois, le nombre de nouveaux-nés est inférieur à celui des personnes âgées de plus de 85 ans dans la Botte. Au 1er janvier 2025, l’âge moyen de la population était de 46,8 ans, en hausse de 0,2 point sur un an. Les plus de 65 ans représentent désormais un quart des habitants de la péninsule. Si la tendance se poursuit, il y aura 300 personnes âgées de plus de 65 ans pour 100 jeunes de 15 à 34 ans en 2050, selon les projections de l'Istat. Le rapport était de 200 à 100 en 2024, et de 31 à 100 en 1951.

Résultat, l'Italie, deuxième pays le plus vieux du monde après le Japon, se dépeuple. La péninsule pourrait perdre 12 millions d’habitants, d’ici 2070, selon l’Istat.

Système de retraite menacé

"Le déclin démographique menace la pérennité du système de retraite, la croissance économique et les services publics essentiels", souligne le président du Forum des associations familiales italiennes, Alessandro Bordignon, dans le Corriere. 

Une priorité pour le gouvernement ?

La semaine dernière, le gouvernement de Giorgia Meloni a annoncé un budget 2026 développé selon « quatre priorités », parmi lesquelles « des mesures pour les ménages et la natalité ». C’était aussi le cas l’année dernière, mais avec des dispositifs de portée limitée : l’instauration d’une prime de 1 000 euros pour les nouveaux parents ou encore l’instauration d’un congé parental rémunéré à 80 % pour une durée de trois mois. Des problèmes structurels pèsent sur les jeunes qui voudraient une famille à l’instar du manque de places en crèche. Seuls 27% des enfants des enfants de moins de 36 mois bénéficiaient d’une place en crèche en Italie (366 000 places) en septembre 2025, soit loin de l’objectif européen de 45%, selon une enquête de la fondation Openpolis. Un chiffre trop bas, qui complique la vie des femmes à concilier vie professionnelle et vie familiale. Aussi, seules 53% des femmes travaillent en Italie.

Selon le démographe Alessandro Rosina, « il est urgent de créer des conditions pour que les jeunes puissent créer une famille sans attendre » alors que des Etats Généraux sur la natalité auront lieu fin novembre à Rome.