Cent clichés et une vidéo, racontent Guy Bourdin, son regard ironique et élégant plus que provocateur, porté dans ses œuvres. Un hommage de la part de Giorgio Armani au photographe français.
A l’occasion de la semaine de la mode de Milan, Giorgio Armani inaugure dans les espaces de son musée Armani/Silos, l’exposition Guy Bourdin : Storyteller (à voir du 24 février au 31 août 2023).
Malgré une formation et un début de carrière en tant que peintre, Guy Bourdin (né à Paris en 1928), passe à la photo de manière autodidacte au début des années 1950. Il développe aussitôt un style personnel. Il travaille de manière magistrale avec la lumière et les couleurs, il crée des situations empruntées au surréalisme (notamment grâce à sa longue relation d’amitié avec Man Ray), mais aussi remplies d’ironie.
Remarqué par Vogue Paris, Guy Bourdin commence à travailler avec le magazine de mode, avant de multiplier les collaborations avec les plus grands périodiques du monde. Il produit des services photographiques et des campagnes publicitaires pour les Maisons de mode les plus raffinées avec une incroyable liberté créative. L’artiste-photographe met la création de l’image au premier plan et non pas le produit. Son passé de peintre influence sans doute son approche, de l’étude minutieuse des couleurs aux compositions suspendues entre l’absurde et le sublime, capables de stimuler le subconscient du spectateur.
« Dans son travail, ce qui se perçoit immédiatement, en surface, c'est la provocation, mais ce qui me frappe, et ce que j'ai voulu souligner, c'est plutôt sa liberté de création, sa capacité narrative et son grand amour du cinéma. Bourdin n'a pas suivi le courant et n'a pas fait de compromis : un trait dans lequel je me reconnais. Je crois qu'il n'y a pas d'autre moyen de laisser une trace dans l'imaginaire collectif », a déclaré Giorgio Armani à l’occasion de l’exposition.
C’est ainsi que Giorgio Armani lui-même a sélectionné cent photos de Guy Bourdin, parmi des clichés iconiques et d’autres moins connus. L’utilisation des couleurs saturées – trait distinctif du travail de Guy Bourdin – est exploré à travers des salles entièrement dédiées aux rouge, vert et rose, à l’image de son habilité à jouer avec la forme déconstruite, en particulier avec les mannequins et son incomparable idée de composition.
Quelque 21 photographies en noir et blanc montrent comment la capacité expressive de Guy Bourdin est immédiatement perçue, même avec le plus simple des contrastes. Une section explore l'amour de l’artiste pour le cinéma, au cœur de sa créativité, et présente une sélection de photographies de campagnes publicitaires montrant ce qui semble être des scènes de crime ou des poursuites policières, en référence à sa fascination pour Alfred Hitchcock et le thème de "l'intrigue mystérieuse".
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