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CINEMA – Valentina Cortese ou l’amour du cinéma français

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 mai 2013

A l'occasion du Festival Rendez-vous, organisé par l'Institut Français Milano, la rédaction a rencontré une très grande dame du cinéma. Valentina Cortese, 90 ans a toujours toute sa verve lorsqu'il s'agit de parler du 7e art. Elle a tourné avec Fellini en Italie ou encore Truffaut en France et aussi Hollywood. Elle nous livre son point de vue sur le cinéma français et nous fait faire un bond en arrière, à l'époque de la Nouvelle Vague.

Lepetitjournal.com : Le Festival de Cannes vient de débuter. Vous avez tourné avec François Truffaut. Quelle est votre relation avec le cinéma français ?
Valentina Cortese : Je n'ai pas tourné uniquement avec Truffaut mais c'est vrai qu'il occupe une place spéciale dans mon c?ur. C'était un homme charmant, un ange comme on en trouve rarement. Il travaillait avec cette légèreté et cette joie que seuls les génies peuvent se permettre. Il avait une qualité exceptionnelle, surtout aujourd'hui; il savait écouter. Il observait les choses avec cette sensibilité rare. Il savait regarder à l'intérieur de ses acteurs et faire ressortir des sentiments et des qualités insoupçonnées. Regardez ce qu'il a fait de moi dans "La nuit américaine" ! Nous nous sommes rencontrés, pour la première fois alors que la télévision française m'interviewait. Il a reconnu en moi l'interprète idéale pour son film. J'ai été tellement flattée?
J'ai toujours eu de bons rapports avec le cinéma français. J'ai travaillé avec Patrice Chereau, au cinéma comme au théâtre. J'ai toujours trouvé que les réalisateurs français avaient une intelligence remarquable et pleine d'humour. Ce sont des qualités fondamentales, selon moi lorsque l'on est réalisateur.

Quels sont, selon vous, les points forts du cinéma français ?
Dans le passé, il y a eu ce grand mouvement appelé "Nouvelle Vague". Les réalisateurs de cette période ont laissé une marque dans le cinéma international. Ce mouvement a aussi fait émerger de grands acteurs qui ont fait la renommée du cinéma français. Je pense à des réalisateurs comme Godard, Chabrol, Vadim et bien d'autres. Au niveau des acteurs, il y a eu Jean Seberg, Brigitte Bardot, ou encore la merveilleuse Jeanne Moreau dans "Jules et Jim" de Truffaut. Mais il est très douloureux de ne pas tous les citer.
Aujourd'hui, il y a un matériel humain très intéressant. Je vois émerger des acteurs merveilleux mais je ne citerai aucun nom pour ne froisser personne ! Cependant, je ne voudrais pas trop faire la distinction entre passé et présent. Déjà, au cours de la "Nouvelle Vague", on disait : "Les vagues n'existent pas, il y a la mer. Et sur la mer, il y a des vieux navires et des bateaux plus modernes. Qui ira le plus loin ?". Truffaut et le cinéma français ont navigué, et comment !

Vous avez aussi tourné avec Fellini. Quelle est, selon vous, la différence entre le cinéma français et le cinéma italien ?
Je n'aime pas trop les distinctions entre ce que serait le bon cinéma et le mauvais. Le cinéma français n'a pas connu le néo-réalisme du cinéma italien. Nos histoires sont différentes. Le cinéma est un art particulièrement difficile à maîtriser et il est facile de se perdre en chemin. Dans le cinéma français, il y a cette nouvelle forme narrative qui me plait. L'art du cadrage et des mouvements de caméra très spécifiques font partie de ce cinéma typiquement français. Le cinéma d'auteur a beaucoup plus sa place en France qu'en Italie. Le cinéma français est parfois en-dehors du système industriel. Je trouve ça très courageux.

Cette année, le film "La Grande Belleza" de Paolo Sorrentino fait partie de la sélection officielle au Festival de Cannes. Que pensez-vous du travail de ce réalisateur italien ?
Pour être honnête, je n'ai vu que "Il Divo de Sorrentino". Un film magnifique avec Toni Servillo, acteur talentueux. J'aime énormément sa manière de réaliser mais aussi son travail au théâtre. Selon moi, la sélection de son film à Cannes est amplement méritée. Je souhaite bonne chance et beaucoup de succès à Paolo Sorrentino. Il embellit le cinéma italien qui n'est pas toujours passionnant ces derniers temps.

Propos recueillis par Aurélien Bureau (www.lepetitjournal.com de Milan) ? jeudi 16 mai 2013

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Publié le 15 mai 2013, mis à jour le 16 mai 2013
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