Zion, Bryce Canyon, Monument Valley, Antelope, le Grand Canyon… Début octobre 2025, avec nos trois enfants, nous avons fait un voyage de près de 3000 kilomètres en voiture au départ de Los Angeles, à la découverte des plus beaux parcs de l’Utah et de l’Arizona. Voilà notre carnet de bord dans cette série de neuf épisodes à lire en décembre sur Lepetitjournal.com.


Ces paysages époustouflants du Far West américain, nous en rêvions depuis longtemps. Sur le papier, le défi est impressionnant. Une boucle de neuf jours au départ de Los Angeles, près de 3000 kilomètres en voiture à travers la Californie, le Nevada, l’Utah et l’Arizona… Avec une bonne logistique et de l’entraînement, nous étions prêts à le relever. Le plateau du Colorado, brûlant l’été, et enneigé l’hiver, attire des millions de visiteurs chaque année. Alors pour échapper à la foule et profiter d’une météo douce et ensoleillée, nous sommes partis début octobre, en faisant rater l’école à nos enfants, les devoirs des maîtresses dans nos valises. Un field trip grandeur nature !
Mon mari a passé des soirées entières, les yeux rivés sur Google Maps, à calculer les temps de trajet, réserver des Airbnb, sélectionner des randonnées, repérer les curiosités et les supermarchés où se ravitailler… Résultat : un circuit sur-mesure entre Zion, Bryce Canyon, Monument Valley, Antelope et le Grand Canyon, avant de revenir à Los Angeles, les yeux plein d’étoiles. Un road-trip assez intense, avec une ou deux journées dans chaque parc, beaucoup de route, beaucoup de marche… Au rythme de nos trois enfants, 8 ans et demi, 6 ans et demi et 3 ans et demi.
Car si on peut se balader à cheval à travers Bryce Canyon, descendre le Grand Canyon à dos de mule ou le survoler en hélicoptère, la randonnée est pour nous la meilleure manière d’observer la vie sauvage. Zion et sa vallée mystérieuse sculptée par la Virgin River. Bryce Canyon et son amphithéâtre aux piliers de feu. Monument Valley, décor de cinéma en plein territoire Navajo. Les incroyables rubans de roches rouges d’Antelope, cachés sous terre. Le Grand Canyon, géant de roc aussi majestueux que fragile… Pendant neuf jours, ces paysages fous nous ont fait vivre des émotions indescriptibles.
Le niveau de décibel est parfois (souvent) monté pendant les longues heures en voiture, mais les petits nous ont impressionnés par leur endurance et leur agilité. C’était grandiose, alors on a voulu partager notre carnet de bord, à travers une série en neuf épisodes. Étapes jour par jour, réservations, choix des Airbnb, équipement, pic-nique, itinéraires de randonnées avec des enfants, bonnes adresses sur la route… On vous embarque dans ce road-trip inoubliable !

Visiter les parcs nationaux américains coûtera plus cher pour les visiteurs étrangers en 2026. Mardi 25 novembre, le Département de l’Intérieur américain a dévoilé une nouvelle grille de tarifs « America first » à l’entrée des parcs, qui fait tripler la facture pour les visiteurs étrangers, à partir du 1er janvier 2026. Faut-il s’attendre à une baisse de la fréquentation internationale des parcs ? Lepetitjournal.com a posé la question à Laurie Gounelle, guide française dans l’Ouest américain. Notre article est à lire ici.
Déjà parus :
Jour 1 - De Los Angeles à Zion en passant par Las Vegas
Jour 2- Zion, la vallée enchantée
Jour 3- Bryce Canyon, cathédrale de pierre
Jour 4- Au pied des hoodoos de Bryce Canyon
Jour 5-Monument Valley, fascinant territoire des Navajos
Jour 6- Antelope, le ruban rouge souterrain
Jour 7 - Le Grand Canyon, vertige absolu
Il fait un peu gris sur le South Rim ce matin-là, quand, en s’approchant du bord du précipice, nous découvrons ce géant sculpté par le Colorado durant six millions d’années. Rouge, ocre et gris selon les strates de roche, le Grand Canyon s’étire à perte de vue : 1800 mètres de profondeur, 30 kilomètres de large, impossible d’en apercevoir le fond ni de l’embrasser totalement du regard. Seul le bourdonnement lointain d’un hélicoptère trouble le silence. Vertige et majesté de la création !
Nous faisons quelques pas au bord du Rim, jusqu'à une maisonnette de pierres sèches, perchée au bord du précipice : « The Lookout Studio ». Construite en 1914 par la Fred Harvey Company d'après les dessins de Mary Colter, l'architecte à l'origine de la Hopi House (1905), ce perchoir offre un point de vue saisissant sur les profondeurs du Canyon. Je grimpe à l'étage pour prendre encore plus de hauteur. Deux jeunes proposent gentiment de nous photographier, eux à l'égage, nous sur la terrasse en contre-bas. Un superbe cliché !
La grande majorité des 5 millions de visiteurs annuels restent en haut du Rim, et admirent le Canyon depuis les nombreux points de vue, accessibles en navettes, qui longent la faille. Seul 1% d’entre eux s’aventurent tout en bas, avec un guide, et campent sur place avant d’entreprendre l’ascension retour car il est impossible de faire l’aller-retour en un jour. L’option n’est pas à notre portée, mais nous avons envie de randonner sous le Rim. Mais quel dénivelé peut-on raisonnablement descendre avec les enfants, pour ensuite remonter sans difficulté ?
Nous optons pour le « Bright Angel Trail », l’un des principaux sentiers qui descend dans le canyon. À l’entrée, un panneau met en garde les randonneurs. L’été, les températures peuvent grimper jusqu’à 46°C au Phantom Ranch. Avec la chaleur, 600 randonneurs sont secourus par les rangers chaque année, et 150 sont héliportés. L’hiver, les températures chutent jusqu’à zéro degré, et le sentier, glacé, devient dangereux. De juillet à septembre, la foudre peut frapper. Contre la déshydratation, il faut boire assez et manger des snacks énergisants salés.
Randonner au bord du vide
Prudents, nous descendons jusqu’au Lower Tunnel avant l’ascension retour, qui nous paraît facile au bout de sept jours d’entraînement. Un pique-nique, et nous partons explorer le Rim sous une pluie fine, en restant sur du plat. La navette bleue nous conduit jusqu’à « Abyss » et de là, nous longeons le bord du canyon, en direction du Village. Le lieu porte bien son nom. Du bord de l’abîme, on aperçoit les flots boueux du Colorado, 1500 mètres plus bas. Le panorama est à couper le souffle, mais la plupart du temps, il n’y a aucune barrière entre le sentier et le vide. Des touristes s'amusent à se prendre en photo au bord du précipice. Moi, j'aboie sur mes enfants pour ne pas qu'ils s'en approchent... C'est beau, mais épuisant.
Le chemin est ponctué de panneaux explicatifs. L'un d'eux, intitulé « Diminishing view », retient mon attention. Je me penche sur l'écriteau pour lire : « Par temps clair, le panorama est visible jusqu'à 100 miles à la ronde, mais par temps obstrué, la vibilité tombe à 18 miles ou moins. » En cause : la pollution de l'air, due aux millions de véhicules qui transportent les touristes jusqu'au coeur de cet espace sauvage chaque année. En 100 ans, nous avons réussi à polluer la vue sur le Grand Canyon ! Sidération et tristesse.
Le soir, de retour à Williams, un dîner au restaurant vient récompenser nos efforts. Chez Miss Kitty’s, dans une ambiance moderne et chic, nous nous régalons de tacos de short ribs cuits lentement. Les enfants ont droit à de délicieux burgers accompagnés de frites croustillantes et s’occupent avec des coloriages. Les serveuses sont aux petits soins. Un 20/20 pour cette super adresse !

Notre bon plan : Trouver le bon restaurant. À proximité des parcs, les restaurants sont souvent bondés. Les Américains dînent tôt : si vous voulez aller au restaurant le soir sans réservation, arrivez vers 5:30 pm pour être sûr d’avoir une table. Les notes et les avis Google sont d’excellents indicateurs pour connaître le rapport qualité-prix. Comme ailleurs aux États-Unis, burgers, tacos, pizzas et fried chicken sont partout à la carte. Pour manger healthy, faites le plein de fruits et de crudités (vendues sous plastique) dans les supermarchés.
Jour 8 - Sous le Rim, un monde de géants

Pour cette deuxième journée au Grand Canyon, nous empruntons la ligne de bus rouge, direction l’extrémité ouest du South Rim. Nous descendons au départ du « South Kaibab Trail », un itinéraire populaire qui descend sous le Rim. Là encore, un panneau nous rappelle les consignes de sécurité élémentaires à respecter. Il a plu la veille, le terrain est boueux, parfois un peu glissant. Nous nous élançons dans les lacets qui descendent, de manière vertigineuse, dans la paroi rocheuse. J’essaie de faire abstraction du vide.
Le paysage est différent de la veille, beaucoup plus dégagé et plus ensoleillé que le long du Bright Angel Trail. Nous dépassons le « Ooh-Aah Point », situé à 1,4 kilomètre du départ. « Ohh-Aah », est-ce l’exclamation que l’on pousse devant la vue indescriptible qui s’étale sous nos yeux ? On se sent minuscule au milieu du canyon, comme si on avait pénétré par effraction dans un monde de géant, trop grand pour l’homme.
Deux elks paisiblement allongés au bord du Rim
Je veux poursuivre, mais mon mari refuse. Déjà très chargé, il craint de devoir porter notre petite dernière de 3 ans et demi au retour. Mais aujourd’hui encore, l’ascension est vite avalée : impressionnés par la réputation du Grand Canyon, nous avons sous-estimé l’endurance de nos mini-rangers, après une semaine à crapahuter dans les parcs. En une heure, nous voilà au sommet. Mais la journée n’est pas terminée.
En longeant le Rim à pied, vers le point de départ des navettes, nous apercevons deux elks (des élans), paisiblement allongés sous les arbres du Coconino Plateau. Des animaux géants à l’échelle du décor ! La veille, nous avions croisé une biche un peu plus farouche. La vie sauvage n’a pas fui, malgré la surfréquentation touristique du Canyon.

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