Mardi 25 novembre, le Département de l’Intérieur américain a dévoilé une nouvelle grille de tarifs “America first” à l’entrée des parcs nationaux américains, qui fait tripler la facture pour les visiteurs étrangers, à partir du 1er janvier 2026. Faut-il s’attendre à une baisse de la fréquentation internationale des parcs ? Lepetitjournal.com a posé la question à Laurie Gounelle, guide française dans l’Ouest américain.
L’annonce a fait l’effet d’une douche froide pour les amoureux des parcs nationaux américains. Mardi 25 novembre, le Département de l’Intérieur américain a dévoilé, dans un communiqué, une série de mesures censées donner aux Américains la priorité d’accès aux parcs nationaux, et alourdissant considérablement les tarifs, pour les visiteurs étrangers.
Le pass « America The Beautiful » passe à 250$ pour les visiteurs étrangers
À partir du 1er janvier 2026, le pass annuel « America The Beautiful », qui donne accès à l’ensemble des parcs nationaux, coûtera 250$ par personne pour les visiteurs internationaux, au lieu de 80$ jusqu’ici. S’ils n’ont pas de pass, les touristes devront payer 100$ par personne en plus des frais d’entrée habituels (souvent de 35$ par véhicule) pour entrer dans les 11 parcs les plus fréquentés du pays : Acadia National Park, Bryce Canyon National Park, Everglades National Park, Glacier National Park, Grand Canyon National Park, Grand Teton National Park, Rocky Mountain National Park, Sequoia & Kings Canyon National Parks, Yellowstone National Park, Yosemite National Parks, et Zion National Park.
Pour les citoyens américains et les résidents permanents aux États-Unis, le pass annuel « America The Beautiful » - dont l’achat, ici, sera dématérialisé à partir du 1er janvier 2026 - restera à 80$, et les frais d’entrée pour un parc (souvent de 35$ par véhicule) resteront les mêmes. De nouveaux jours gratuits pour les résidents américains en 2026 ont aussi été annoncés, notamment les 3, 4 et 5 juillet - en l’honneur du 250ᵉ anniversaire de l’indépendance des États-Unis - et le 14 juin, qui est à la fois le Flag Day et l’anniversaire de Donald Trump.
Donner la priorité aux citoyens américains
« Le leadership du président Trump place toujours les familles américaines au premier plan (...). Ces politiques garantissent que les contribuables américains, qui soutiennent déjà le système des parcs nationaux, continuent de bénéficier d’un accès abordable, tandis que les visiteurs internationaux contribuent équitablement à l’entretien et à l’amélioration de nos parcs pour les générations futures » peut-on lire dans le communiqué du Département de l’Intérieur. Ce big-bang intervient alors qu'un quart des effectifs des parcs ont été supprimés par des coupes budgétaires, depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Le récent shutdown de 43 jours du gouvernement américain s'est aussi soldé par des millions de pertes de recettes pour les parcs.

Quel sera l’impact de cette hausse draconienne des tarifs pour les 14 millions de visiteurs étrangers qui visitent chaque année les parcs américains ? Pour la Française Laurie Gounelle, guide dans les parcs de l’Ouest américain, à San Diego, avec son agence de voyage Laurie en Californie, l’annonce a été un choc, même si elle était attendue. « Honnêtement, ça faisait des années que les tarifs n’avaient pas augmenté, et 80$ le pass annuel, c’était un prix plutôt accessible, reconnaît-t-elle. Mais passer de 80 à 250$ d’un coup, c’est une hausse horrible. » Cependant, elle ne pense pas que cela freinera massivement les voyageurs étrangers. « C’est un voyage qui coûte très cher, surtout en famille. Sur un voyage qui coûte déjà 4000 à 5000 dollars, 170 dollars de plus ne changeront pas grand-chose. Ceux qui rêvent de venir le feront quand même. »
Ce qu’elle redoute, c’est en revanche « l’effet d’accumulation » : ce changement pourrait être un élément dissuasif de plus pour les voyageurs, alors que les signaux négatifs s’accumulent depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. « La situation politique, la hausse du prix des ESTA (ndlr de 21 à 40$ depuis le 30 septembre 2025), de celui des hôtels, de la restauration, des activités… Tout est plus cher. Ce sont ces cumuls qui risquent de décourager certains » redoute Laurie Gounelle.
Chute du tourisme international aux États-Unis
De fait, depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, le 20 janvier 2025, le tourisme international a chuté aux États-Unis. Paradoxalement, la période pourrait être propice aux touristes européens. Si les prix montent, le dollar, lui, recule face à l’euro : « Le taux de change joue clairement en leur faveur. Ça compense une partie des hausses », estime la guide. « Et les billets d’avions ne sont pas excessifs non plus en ce moment.»
En temps normal, les Français sont très nombreux à visiter les parcs nationaux de l’Ouest américain - 500 000 selon le Consulat général de France à Los Angeles - en particulier au mois d’août. « C’est bien simple, en août, on entend parler français partout dans les parcs » sourit Laurie Gounelle. Mais depuis un an, la guide observe une baisse des demandes, de la part des Français, mais surtout des Québécois : « J’ai d’ordinaire une grosse clientèle québécoise, et cette année, j’ai eu une seule famille. Les Québécois boycottent complètement les États-Unis. Et côté français, certains me disent : on viendra plus tard, quand Trump ne sera plus là. »
Si vous avez prévu de visiter les parcs dans l'année qui vient, le pass America The Beautiful à 80$ est encore disponible à l'achat ici jusqu'au 31 décembre 2025 (valable douze mois). Profitez-en ! À partir de 2026, ceux qui rêvent de faire le voyage devront payer un peu plus cher pour admirer les trésors du patrimoine naturel américain.
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