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Royaume-Uni : la fuite des travailleurs étrangers se compte en million

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Renée Fisher - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 2 mars 2021, mis à jour le 2 mars 2021

Le Royaume-Uni ne semble plus avoir la cote auprès des travailleurs étrangers. En 2020, 1,3 million d’entre eux ont quitté le pays, dont plus de 700 000 à Londres, selon une étude menée par l’Economic Statistics Centre for Excellence.

 

Alors que la capitale britannique devance désormais New-York en nombre de millionnaires, les expatriés moins fortunés ont plutôt tendance à déserter le royaume de Sa Majesté. Plus d’un million de personnes ont fui la Grande-Bretagne en 2020, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette tendance se ressent encore davantage à Londres, qui a perdu près de 8 % de sa population entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2020.

Une chute impressionnante, mais qui ne fait qu’accentuer une tendance observée depuis quelques années déjà. Une enquête InterNations réalisée peu avant le début de la pandémie plaçait Londres à la 51ème place des 66 villes préférées des expatriés.

 

Le Covid-19 et le Brexit mis en cause

Parmi les explications avancées par les auteurs de l’étude pour justifier d’une telle baisse, les chercheurs Michael O’Connor et Jonathan Portes, les conséquences liées à la crise du Covid-19 et au Brexit figurent en tête du classement. « Les résultats relativement médiocres obtenus par la Grande-Bretagne, tant sur le plan économique que sanitaire lors de la première vague de la pandémie constituent indéniablement une des causes principales de l’émigration des travailleurs étrangers, affirment-ils. Et une grande partie du fardeau des pertes d'emplois liés à la pandémie est retombée sur les travailleurs non britanniques ».

Dans le même temps, les universités se tournent désormais largement vers l’enseignement en ligne, un choix qui peut conduire de nombreux étudiants-travailleurs à ne pas se rendre au Royaume-Uni.

Mais les mesures sanitaires en vigueur n’expliquent pas la totalité des 1,3 million de départs enregistrés par le pays. Certains résidents européens qui ne bénéficiaient pas encore du statut de résident permanent n'ont en effet pas pu profiter des prestations sociales ni de l'aide au logement, et n’ont donc eu d’autres choix que de rentrer dans leur pays d’origine face au coût important de la vie, notamment à Londres.

 

Un phénomène parti pour durer ?

Si Boris Johnson a récemment annoncé les étapes du déconfinement en Grande-Bretagne, les voyages internationaux font toujours l’objet de sévères restrictions. Les ressortissants d’une trentaine de pays, parmi lesquels le Portugal et le Brésil, sont tenus de s’isoler dix jours à l’hôtel à leur arrivée au Royaume-Uni. Une mesure qui devrait rester en vigueur au moins jusqu’au 12 avril prochain.

Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2021, les citoyens de l’Union européenne qui souhaitent vivre et travailler au Royaume-Uni sont soumis à un nouveau système d’immigration à points. Les candidats à l’immigration doivent désormais justifier d’un revenu supérieur à 20 000 livres par an (soit 23 121 euros) pour espérer obtenir un visa de travail britannique valable cinq ans. Une rémunération bien au-delà des salaires perçus par les serveurs ou les filles et garçons au pair, des emplois très demandés par les expatriés.

Au-delà de la perte de main-d’œuvre pour les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, le Royaume-Uni, sans un minimum d’arrivée de travailleurs étrangers, ne pourra faire face au vieillissement de sa population. Un avis partagé par les professeurs David Bloom et Paige Kirby dans un rapport publié en 2019 par le Think Tank Global Alliance of ILCs.

 

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