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Simon Derda : Directeur commercial chez DeepL le jour et secouriste la nuit

Quand Simon Derda termine sa journée de directeur commercial chez DeepL, le leader mondial de la traduction, il n’éteint pas pour autant son téléphone. Au contraire, il le garde précieusement près de lui, car une autre mission l’attend : celle de sauver des vies. Manager reconnu le jour, secouriste bénévole la nuit, Simon jongle entre deux univers radicalement différents mais tout aussi exigeants : “Quand j’ai terminé le travail, je prends ma radio, je mets mon uniforme et j'ai la radio des ambulances de Londres allumée.”

Simon Derda st john ambulanceSimon Derda st john ambulance
Écrit par Ewan Petris
Publié le 3 décembre 2024, mis à jour le 4 décembre 2024

Simon Derda passe ses journées à piloter les stratégies commerciales de DeepL, leader de la traduction dans le monde. Mais une fois son costume de manager au placard, il enfile un uniforme bien différent… Né à Paris, avec un parcours imprégné d’expatriation, Simon a décidé de consacrer une partie de sa vie au secourisme, de manière bénévole. 

Et le goût de l’aventure, Simon l’a cultivé toute son enfance : “Mon père était un grand reporter pour France Télévisions”. Il ajoute : “Dans ma jeunesse, j'ai passé huit ans à Moscou, mais aussi quelques années au lycée français de New York." Ce n’est pas tout : “Pendant trois ans, j'ai étudié à Dakar.” Finalement, il pose ses valises aux États-Unis, à San Francisco, où il réalise que la tech lui plait. À la fin de ses études, il s’envole vers Dublin : “qui est un peu le San Francisco de l'Europe, où toutes les boîtes américaines (Google, Airbnb, etc, Facebook), ont leur siège européen,” nous détaille-t-il. 

En 2021, après six ans à Dublin, Simon et sa compagne veulent changer d'air. Il déménage ainsi à Londres, où il continue de travailler dans une autre entreprise américaine. En début d’année 2024, il poursuit son aventure dans la tech, et rejoint une grande startup allemande : DeepL. 

 

Simon Derda deepl

 

“J'étais le seul à ne pas connaître Deepl dans mon entourage”

Après être passé par Yelp, un court séjour au Kenya, et une expérience de 5 ans chez Salesforce ; il rejoint le grand groupe allemand sans avoir conscience du lieu où il met les pieds : “J'étais le seul à ne pas connaître DeepL dans mon entourage, mais j'ai tout de suite accroché, avec le projet de l’entreprise. J'ai été recruté pour m’occuper du marché français.” Concrètement, Simon gère une équipe de commerciaux qui s'occupe du marché francophone. Auparavant, il gérait aussi la zone South Europe (Espagne, Portugal et Italie.) Entre meetings, recrutements, son but est de continuer à faire grandir le site. 

 

Deepl pour les non-initiés : 

Simon nous donne sa définition de l’enseigne : “Deepl est aujourd'hui, le leader mondial de la traduction. Le site est basé sur l'Intelligence Artificielle”. Il évoque, d’un ton compétiteur, que Deepl est : “la meilleure solution de traduction existant au monde, car nous devançons Google, Amazon. Microsoft… Notre entreprise a fait le choix de développer ses propres green data centers (centre de données), un réel avantage pour nous” 

 

Les humains déjà dépassés par les ordinateurs dans le domaine de la traduction ?

Un élément important dans le métier de Simon est la venue des IA, et il a une opinion bien tranchée sur le sujet : “Quand ma compagne et moi avons décidé de nous pacser, nous devions faire traduire son certificat de naissance américain en français. Nous avions fait appel à une agence officielle à Dublin, mais quand le document nous est revenu, il était bourré de fautes ! " Une expérience qui illustre bien un point clé selon lui : “Ce n’est pas parce qu’un humain fait de la traduction que ce sera forcément mieux qu’un ordinateur.”

Alors intervient DeepL, qui ne se repose pas uniquement sur l’intelligence artificielle. “Nous employons aussi des milliers de linguistes qui corrigent et améliorent constamment le site”, précise-t-il. Et l’approche paie : le groupe propose aujourd'hui des traductions rapides, avec 32 langues disponibles. Simon nous confie avec fierté à ce sujet que :

 

DeepL est le 34ᵉ superordinateur le plus puissant au monde et nous allons encore nous améliorer. Il s’agit d’une course interminable à la traduction où il faut tout le temps innover.”

 

Sauver des vies, la passion enfouie de Simon

Mais ce qui rend le parcours de Simon unique, est son engagement personnel. Depuis plus de deux ans, il est Community First Responder, mais aussi Emergency Ambulance Crew (depuis septembre 2024) ; en d’autres termes, il sauve la vie de centaines de personnes un peu partout dans Londres. Une vocation, qui lui a toujours fait du pied : “Je me suis toujours dit que si je devais tout refaire, j'aurais fait médecin urgentiste.” 

Il précise, dans un grand éclat de rire : “La plupart des gens n'aiment pas ça, mais moi j'ai toujours adoré les hôpitaux”.  Alors, lorsqu’il arrive à Londres, il se lance, sentant que tout est relié dans son esprit : “Quand j'habitais au Sénégal, il y avait des centaines de milliers d'enfants qui mendiaient dans les rues. Cela m'est resté en tête.” Son milieu exerce aussi une influence puisque : "Je travaille dans la tech et, bien que je n'aie pas d'effets négatifs sur le monde, je n'avais pas non plus d'effets positifs. Un jour, alors que j'étais stressé, un ami m'a dit : 'Nous vendons du software, nous ne sauvons pas des vies. Relativise et ne stresse pas trop.' Ces mots sont restés gravés dans ma mémoire..."


 

Simon Derda community first responder

 

L’engagement bénévole au sein de la communauté britannique

L’objectif de Simon est clair : être au cœur de l'action. Il s'inscrit donc à une formation d'une semaine, et depuis, son quotidien est bien rythmé : “Quand j’ai terminé le travail, je prends ma radio, je mets mon uniforme, j'ai la radio des ambulances de Londres allumée, et si ça sonne, je saute dans ma voiture et je fonce sur le lieu qui m’est confié”. Notre secouriste répond à deux catégories d'appels : les plus urgents (des personnes en danger de mort), mais aussi des situations un peu moins risquées, comme des crises cardiaques.

“La plupart du temps, j'arrive seul et je dois évaluer la situation, comprendre ce qu’il se passe, et pratiquer les premiers soins : cela peut être la pose d’un défibrillateur, ou le début d’un massage cardiaque.” Il ajoute : “Pour les interventions moins urgentes, je vais poser des questions au patient et faire un handover (transfert,ndlr) aux ambulanciers, qui expliquera toutes les recherches que j'ai faites.”


 

“Mon téléphone peut sonner au beau milieu de la nuit selon l’urgence” 

L’engagement bénévole de Simon ne s’arrête pas là. Après son rôle de First Responder, il a voulu accroître ses compétences médicales et devenir ambulancier volontaire (6 mois de formation, en week-end et soirée). Il est aussi secouriste sur Good Sam, une application 24 heures sur 24 de premiers secours : “Mon téléphone, même en mode silencieux, peut sonner très fort au beau milieu de la nuit pour me signaler une urgence”. Alors, il délaisse ses activités et court vers le patient, car il connaît les risques encourus, au fil des secondes :

 

1 minute sans massage cardiaque est entre 10 et 12 % de chance de survie en moins, 2 minutes passées entre 20 et 24 %"

 

Avant de devenir le secouriste aguerri qu’il est aujourd’hui, Simon évoque les difficultés qu’il a rencontrées : “Mon premier patient était un arrêt cardiaque. C’était éprouvant. Malheureusement, il n’a pas survécu.” Il nous le rappelle, la voix marquée par l’émotion : “On peut suivre cette formation autant que l’on veut, mais tant qu’on ne se retrouve pas face à la réalité, on ne sait pas vraiment si on est capable de le faire.'


 

Simon Derda community first responder london

 

Secourir des Britanniques mais aussi des Français à Londres 

En tant qu’ambulancier, Simon intervient auprès de personnes de tous horizons : “Je vois des riches, des pauvres, des jeunes, des plus âgés...” Mais cette différence est aussi l’une de ses plus grandes fiertés : “Je rencontre des gens que je n'aurais jamais croisés autrement.”

Simon est régulièrement confronté à la mort. Il a pris en charge plus d’une trentaine d’arrêts cardiaques : “La plupart des gens, malheureusement, ne survivent pas. Ce n’est pas facile à accepter”, admet-il. Pour faire face, Simon a développé une certaine distance émotionnelle. “Nous construisons une carapace. Étrangement, ce n’est pas le patient qui nous touche le plus, mais les proches.” Il poursuit, d’un ton beaucoup plus grave : “Dire à une mère que son fils est mort, fait très mal.” Heureusement, des services d’aide psychologique sont disponibles pour les ambulanciers, nous précise Simon.

Malgré la douleur que peut engendrer sa passion, Simon trouve aussi des moments plus légers. Il se souvient d'interventions auprès de compatriotes français, qui sont souvent surpris de l'entendre parler leur langue. “Cela crée une connexion plus forte, plus directe”, confie-t-il. Ces instants rappellent qu’au-delà de l’uniforme, il y a une personne déterminée non seulement à sauver des vies, mais aussi à rétablir des liens humains, même dans les situations les plus dramatiques.
 

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