Après huit années passées à la tête du Collège Français Bilingue de Londres, François-Xavier Gabet a annoncé son départ. Dans quelques mois, non sans une certaine émotion certainement, il passera le témoin à Denis Bittmann, que nous avons eu le plaisir de rencontrer et d’interviewer à Londres.
Lepetitjournal.com Londres : Parlez-nous d’abord de Denis Bittmann l’instituteur
Denis Bittmann : Je suis originaire de Strasbourg. J’ai commencé ma carrière d’instituteur à l’âge de 22 ans dans la commune alsacienne de Pfaffenhoffen. Puis je suis parti découvrir le monde. J’ai toujours voulu travailler à l’étranger et pensé que devenir enseignant était un bon moyen de franchir les frontières. C’est une chose possible avec les quelques 500 établissements d’enseignement français implantés à l’étranger. Finalement, ce que j’ai commencé à faire à un peu plus de 20 ans se poursuit encore aujourd’hui, à presque 60 ans.
Une première expatriation à Montréal et un parcours très international ?
En 1988, je me suis en effet expatrié à Montréal. J’étais alors instituteur au collège Marie de France. Puis j’ai enseigné au Vietnam, au Liban et plus récemment au Maroc avant de devenir proviseur au lycée français de Jérusalem où je suis encore en poste actuellement. De nombreux concours m’ont permis de passer du statut de professeur des écoles, à directeur, conseiller pédagogique puis enfin chef d’établissement.
Avec le CFBL de Londres, vous délaissez un peu le Moyen-Orient…
C’est vrai que mes derniers postes étaient assez axés dans cette zone géographique. Je m’en écarte un peu, mais en même temps le projet du CFBL est unique. Et une telle opportunité ne se refuse pas.
Vous n’êtes pas dépaysé en arrivant à Londres ?
Au risque de vous décevoir, pas du tout car lors de mon premier poste au Québec, j’habitais à côté de Hampstead, un quartier de Montréal. Et hier soir, avec ma femme, nous nous sommes promenés pour regarder, nous imprégner et sentir un peu l’ambiance du quartier et nous avons justement poussé notre balade jusqu’à Hampstead, à Londres cette fois-ci. Les rues ressemblent à celles du quartier où j’habitais avant. La boucle est bouclée. Il y a une sorte de début et de fin assez particulière, car je pense que ce sera mon dernier poste à l’étranger.
Votre parcours semble guidé par le plurilinguisme…
Ce n’est pas anodin en effet. A peu près tout ce que j’ai fait dans ma carrière tourne autour du plurilinguisme. J’ai travaillé dans des sections internationales arabes par exemple, mais mon fait d’arme en France a été d’ouvrir une école européenne à Strasbourg, un nouvel établissement qui a permis à des élèves de faire du plurilinguisme (Ndlr : français, anglais, allemand) sur un nombre d’heures assez important. Le recteur m’a alors confié la mission de créer cette école qui a finalement ouvert ses portes en 2008. Aujourd’hui, c’est un très bel établissement de plus de 1000 élèves.
Vous avez parlé du CFBL et d’un projet unique, pouvez-vous détailler ?
Je sais que le CFBL est un établissement d’excellence où les parents sont heureux de venir déposer leurs enfants le matin. Les enfants semblent également heureux d’y passer la journée et possèdent un vrai attachement pour leur école. Je pense que c’est plutôt intéressant pour un chef d’établissement d’arriver dans une telle ambiance, une atmosphère à la fois conviviale et aussi tournée vers la réussite et l’excellence. Lorsque j’ai postulé, j’ai petit à petit découvert ce qu’était le CFBL et sa réputation. Bien sûr on ne parle pas de cette école sur la planète entière. Mais quand on creuse un peu, les témoignages sont tous identiques et on se rend compte du bien qui en est dit. J’ai senti une culture commune et je me suis identifié au projet. J’ai dirigé de nombreux établissements différents et je sais ce que je peux apporter ici, comment être en phase avec ce qui s’y passe déjà.
C’est votre deuxième visite après votre entretien en janvier, qu’avez-vous découvert au CFBL ?
Tout ce que je vois me conforte dans mon choix, mais je ne suis là que pour deux jours. L’équipe de direction a essayé de me concocter un planning très dense pour me permettre d’échanger avec un maximum de personnes. Une première immersion essentielle. D’autant plus que l’école n’a connu qu’un seul chef d’établissement depuis le départ. Le jour où François-Xavier Gabet va partir, il va laisser un vide. Donc il y a des interrogations légitimes : « il y a un nouveau directeur qui arrive, est-ce que cela va être pareil ? Est-ce que nous serons toujours contents de travailler ici… ? Je sais que c’est un moment important pour tous.
Est-ce que cela génère pour vous une certaine appréhension ?
Je ne vais pas dire que je n’ai pas d’appréhension, car c’est toujours plus compliqué de succéder à quelqu’un dans ces conditions-là plutôt que de remplacer une personne que tout le monde déteste. Mais croyez-moi, c’est plutôt agréable de se dire qu’on va arriver dans un établissement où tout fonctionne. J’apporte un nouveau regard et je vais m’efforcer, avec les équipes, de voir ce que nous pouvons encore améliorer ensemble. La première des choses c’est de dire « j’arrive à la tête d’un établissement qui fonctionne, qui produit de l’excellence et de la satisfaction chez les gens ». Il faut dans un premier temps être à la hauteur de cela. Aussi c’est plus de l’enthousiasme que de l’angoisse.
Votre date officielle de prise de fonctions ?
J’arrive à Londres le 19 août prochain. Mon prédécesseur et toute l’équipe auront bien préparé la rentrée du CFBL, il n’y aura donc pas de souci particulier. Juste à gérer quelques aléas de dernière minute, comme avant toute nouvelle année scolaire.