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Philippe Sands : « Il y aura un accord sur le Brexit »

Brexit élections américaines Philippe SandsBrexit élections américaines Philippe Sands
Antonio Olmos - photo de Philippe Sands - Avril 2020
Écrit par Clara Grouzis
Publié le 17 novembre 2020, mis à jour le 19 novembre 2020

Philippe Sands, avocat et professeur de droit à la University College of London est spécialisé dans la défense des droits de l’Homme. Suite à son intervention à l’Institut Français, il a accepté de répondre à nos questions.

Philippe Sands parle un français quasi impeccable. Et pour cause, l’avocat est franco-britannique et vit chaque année cinq mois dans le Vaucluse. Lors de la conférence qu’il a tenue avec Agnès Poirier à l’Institut Français, nous avons été interpellés par ses propos sur les élections américaines et sur le Brexit, qu’il lie directement. Nous revenons là-dessus avec lui.

Vous dites que les élections américaines et le Brexit sont le signe d’un abandon du rôle de leaders qu’avaient les Etats-Unis et le Royaume-Uni au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi ?

Le moment de 1945 était fondé sur la coopération internationale, sur le multilatéralisme. Les Américains et les Anglais dirigeaient le monde et c’est eux qui ont été à l’origine de ces nouvelles règles internationales, depuis la Charte de l’Atlantique jusqu’aux accords de libre-échange. Aujourd’hui, le président américain, Donald Trump, ne croit pas à la coopération internationale, il s’éloigne de toutes les organisations qui la promeuvent.

Quant au Brexit, c’est le signe de la renonciation au multilatéralisme en milieu régional. Sur l’idée que l’on est plus puissant sans l’Union Européenne, on remplace ce multilatéralisme par des accords bilatéraux. Mais c’est catastrophique, c’est l’abandon de l’identité même du pays.

Comment pensez-vous que les négociations entre l’Union Européenne (UE) et le Royaume-Uni vont se terminer ?

Il y aura un accord. On voit déjà le désir de Boris Johnson de revenir de tout ça. Et la victoire de Joe Biden prouve qu’il y aura un accord parce que les Britanniques ne peuvent plus compter sur les Américains. Le Royaume-Uni n’a plus aucune puissance économique au niveau international.

Vous pensez tout de même qu’il y a des aspects positifs au Brexit. Lesquels ?

Comme dans tout, il y a des conséquences inattendues. J’aurais préféré que la Grande-Bretagne reste. Mais grâce au Brexit, l’envie de quitter l’UE s’est dissipée chez les autres membres. Et de toute façon, le Royaume-Uni va s’éloigner pendant cinq ou dix ans et sera obligé de ré-intégrer économiquement la communauté.

Donald Trump et Boris Johnson sont-ils des populistes ?

Oui c’est un terme très approprié, je l’emploie souvent. Leurs élections sont dues à une perte de confiance dans les gouvernements. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont des pays où les disparités économiques sont très fortes, et c’est directement lié. Quand Donald Trump sera parti, Boris Johnson se sentira très seul ; dans six mois, il sera parti lui aussi.

L’élection de Joe Biden va-t-elle permettre aux Etats-Unis de retrouver le droit chemin de 1945 ?

Les premières annonces de Joe Biden vont dans ce sens, déjà, il va revenir dans les grandes instances internationales et dans l’accord de Paris sur le climat. On verra ce qu’il fait pour l’accord avec l’Iran. S’il arrive à résoudre le problème des disparités économiques, il a ses chances.

Pour terminer l’entretien, Philippe Sands nous avoue : « Il faut dire que le compromis de 1945 n’est pas parfait, mais nous n’avons rien de mieux. Je regrette la disparition du Royaume-Uni et des Etats-Unis en tant que grands leaders. »

Philippe Sands nous donne l’illusion que nous vivons une époque étrange où tout est bousculé. Espérons que les choses entreront à nouveau dans l’ordre... 

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