Institut Français : une conférence historique qui ramène à l’actualité

Mardi 10 novembre, l’Institut Français tenait une conférence virtuelle, animée par la journaliste Agnès Poirier et l’avocat Philippe Sands. Un moment de vérité sur l’histoire et l’actualité.

« Je ne suis pas sûr que je veux revenir au monde d’avant. » Quand Agnès Poirier interroge Philippe Sands sur la crise sanitaire, c’est ce qu’il avoue. Et pourtant, moi, j’aurais bien aimé assister à cette conférence depuis l’amphithéâtre dans lequel se trouvaient les deux protagonistes. L’évènement, le public y était sans y être. Certes, c’était en direct, certes nous pouvions poser des questions via le chat, mais aucun moyen d’interagir avec le reste de l’audience, et puis surtout, j’étais en proie à un terrible manque de contact humain.

« La Filière » ou quand l’Histoire rencontre l’histoire

Philippe Sands est spécialiste du droit international, il enseigne à la University College of London et a déjà été l’auteur de dix-sept livres, le dernier étant sorti il y a peu. Dans « La Filière », il raconte une histoire de famille, celle du haut-fonctionnaire nazi Otto von Wächter , qui s’enfuit après avoir perpétré les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale.

Au travers de la conférence, il explique sa rencontre avec le fils d’Otto, Horst. Une rencontre entre un fils de nazi, qui porte une admiration sans bornes à son père, et le petit-fils d’un homme qui est mort dans les camps. C’est l’Histoire qui rencontre les histoires. Après dix ans de recherche et de rencontres, le livre de Philippe Sands relate les aventures du nazi, et nous comprenons qui sont ces personnages, qui est cette famille et les choix dans lesquels ils ont pu s’inscrire. Nous comprenons à quel point la vie normale, la vie banale, continue pendant que des milliers de personnes sont massacrées.

Des paroles qui résonnent aujourd’hui

La discussion que nous livrent Agnès Poirier et Philippe Sands rebondit sur l’actualité. Les élections américaines, le Brexit, les attentats islamistes et le nouveau coronavirus. Les sujets ne manquent pas.

Philippe Sands se confie : « C’est un peu comme pendant un génocide, c’est difficile de dire qu’il y a quelque chose de positif. Il y a des milliers de personnes qui meurent et bien sûr, on veut tous que cela se termine, cela doit être dit. Mais je ne suis pas sûr que je veux revenir au monde d’avant. Celui où je voyageais tout le temps, pour aller d’une conférence à une autre. Je passais moins de temps chez moi, moins de temps avec ma famille. Quelque chose de positif est ressorti de tout ça ».

Une conférence qui du début jusqu’à la fin, nous fait ressentir non pas le poids de l’histoire mais le poids de l’actualité. Pendant que Philippe Sands parle du nazisme, il explique aussi que ce sont les enfants et les petits-enfants qui, aujourd’hui, en subissent les conséquences. Il nous raconte le déni dans lequel s’est plongé le fils d’Otto, et comment sa fille s’est suicidée.

Et nous, derrière nos écrans, nous ressentons le poids de la crise sanitaire. Si Philippe Sands donne des notes positives, elles prennent une tout autre tournure quand nous suivons cette conférence seul, à travers l’ordinateur. De quoi remettre en question tout ce que nous vivons.

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