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Olivier Cadic : « On ne sait toujours pas ce que Brexit veut dire »

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Olivier Cadic - Twitter
Écrit par Corentin Mittet-Magnan
Publié le 21 octobre 2020, mis à jour le 21 octobre 2020

Installé au Royaume-Uni, Olivier Cadic est depuis 2014 le sénateur des Français établis hors de France. Dans un entretien accordé à notre journal, il revient sur la situation des Français installés de ce côté de la Manche et notamment sur leur statut après la période de transition.

 

Pour préparer l’après Brexit, les autorités britanniques permettent aux citoyens de l’Union Européenne (UE) d’effectuer une demande pour obtenir un statut de résident. Il existe deux versions de ce statut, nous vous expliquions leur fonctionnement ici. Ce qu’il faut retenir, c’est que ces deux statuts n’offrent pas les mêmes garanties. Lors d’une séance au Sénat le 14 octobre dernier, le sénateur qualifiait ce système de « barrière réglementaire [.] incompatible avec l’accord de sortie de l’UE car elle catégorise les Européens du Royaume-Uni légalement enregistrés en deux groupes avec des droits distincts.»

En effet, le pre-settled status, accordé aux citoyens installés depuis moins de cinq ans, rend plus difficile l’accès aux aides sociales britanniques. Alerté par Nicolas Hatton, président de association the3millions dont le but est de défendre les droits des trois millions d’Européens installés au Royaume-Uni, M. Cadic avait en juillet fait part à Michel Barnier, chargé des négociations sur le Brexit, des difficultés liées à cette catégorisation.

S’il considère que les autorités sont informées du sujet et travaillent sur ce point, il attend toujours une réponse concrète. C’est pour cette raison qu’il a alerté le Secrétaire d’État aux affaires européennes sur le sujet lors de la séance du 14 octobre. Dans un communiqué, la Commission Européenne dit avoir obtenu des garanties du gouvernement britannique promettant de donner « à tous les citoyens européens les mêmes garanties de droit », bien que les détails de cette promesses ne soient pas encore connus.

 

« Mon travail est de faire coller la réalité, tout le temps, avec les discussions au niveau législatif ou exécutif. »

Concernant son travail de représentant des Français du Royaume-Uni, M. Cadic a évoqué son rapport aux associations, notamment the3millions avec qui il dit « travailler de façon très proche ». Une réunion commune avait d’ailleurs été organisée le 10 octobre pour faire le point sur l’après-Brexit, vous trouverez le résumé de celle-ci en suivant ce lien. Ce rapport avec le milieu associatif permet de « créer des boucles pour réconcilier les gens avec la politique ».

En effet, si « le parlementaire se doit d’être sur le terrain », il nous confie que les problématiques des citoyens remontent souvent de façon « déjà digéré » menant à une « perte de contact », d’où la nécessité de la démocratie participative et du travail avec les acteurs locaux.

C’est ce fonctionnement, en « partage des rôles », qui a notamment permis de supprimer en 2019 les frais de demande des statuts de résident mais aussi de faire remonter à la Chambre des lords la demande, finalement rejetée, d’un papier prouvant l’obtention de ce statut plutôt qu’un simple version numérique.

 

« Les choses ne se passent jamais comme on le prévoit, il faut donc les aborder avec flegme. »

Interrogé sur l’état des négociations sur l’accord entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, le sénateur se veut optimiste. Il déclare « faire confiance aux négociateurs européens » mais critique la décision des Britanniques. Il considère en effet que le référendum de 2016 et la campagne qui l’a précédée avait « l’apparence de la démocratie » mais « n’en avait pas toutes les facettes

C’est surtout le flou complet entretenu depuis quatre ans sur les futures relations entre l’UE et le Royaume qui gène Olivier Cadic : « on ne sait toujours pas ce que les Britanniques veulent ». Sur de nombreux sujets comme les retraites ou tout simplement la validité du permis de conduire tout est encore possible puisque « tout dépend de ce qui va sortir de l’accord. »

Auteur en 2018, d’un éditorial appelant le Royaume-Uni à rester dans l’Union, M. Cadic maintient sa position sur la nécessité absolue d’un accord, déclarant qu’un « mauvais accord vaut mieux que pas d’accord du tout », le fait de ne pas conclure les négociations n’étant « pas dans l’intérêt des Européens ».

 

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