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L’Ecole des Petits : un pont entre l’éducation française et anglaise

Ecole française LondresEcole française Londres
L'Ecole de Battersea
Écrit par Colin Porhel
Publié le 21 mars 2021, mis à jour le 21 mars 2021

Alors que le Brexit est venu semer le doute sur la nature des futures relations franco-britanniques, un établissement scolaire de Londres continue d’encourager un mélange des cultures. L’Ecole des Petits, créée il y a près de 45 ans, et son annexe de Battersea, s’appliquent aujourd’hui à faire vivre le lien entre la France et l’Angleterre, en prodiguant un enseignement bilingue adapté à tous.

 

Londres, 1977. En cette fin de journée ensoleillée du mois d’avril, et comme tous les soirs depuis quelques mois, la jeune institutrice Mirella Otten donne cours, en français, à une poignée d’enfants dans une petite salle paroissiale au cœur de Chelsea. Elle ne le sait pas encore, mais 44 ans plus tard, plusieurs centaines d’élèves pousseront quotidiennement la porte de l’une des deux écoles issues de son projet.

Devant la qualité des services proposés par l’enseignante, de plus en plus d’enfants francophones commencent à suivre les leçons délivrées dans les locaux de l’église. L’objectif de Mirella Otten, franco-italienne mariée à un Britannique, semble en passe de se concrétiser. La première école maternelle française de Londres était née.

 

D’un ancien centre social délabré à L’Ecole des Petits

En 1991, la Franco-italienne n’a pas d’autre choix que de chercher des locaux plus grands pour pouvoir accueillir tous ses élèves. Elle se rend alors à Fulham, où elle tombe sous le charme d’un établissement pourtant en ruine. Mais la bâtisse attise les convoitises. La propriétaire, qui cohabite avec les pigeons et les puces, ne souhaite toutefois pas vendre sa demeure à des promoteurs immobiliers. Il ne faudra que quelques jours à Mirella Otten pour parvenir à convaincre la vieille dame de lui céder son bien, subjuguant cette dernière en lui promettant qu’une école remplacerait bientôt cet ancien centre social tombé en désuétude.

La nouvelle maîtresse des lieux s’attèle alors à restaurer la maison. La toiture, en très mauvais état, est entièrement refaite, tandis que les pièces sont progressivement réaménagées en salles de classe. Quelques semaines plus tard, 60 élèves faisaient leur rentrée dans un espace flambant neuf.

 

Une école française qui s’adapte aux programmes britanniques

L’établissement, homologué par l’Education nationale française en 1995 et partenaire de l’A.E.F.E (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) depuis, accueille aujourd’hui 120 enfants, de la Petite à la Grande Section de Maternelle. Son annexe, située à Battersea (Londres) et inaugurée en 2005, permet d’en instruire plus de 250. Les deux écoles sont assidument visitées par un inspecteur français, qui vérifie que les enseignements prodigués restent conformes à ceux établis par le ministère, mais également par l’Ofsted du côté anglais.

Mais pour Frédérique Brisset, la cheffe des deux établissements, pas question pour autant d’abandonner les bienfaits du système britannique : « la souplesse anglo-saxonne se marie très bien avec la rigueur française, explique-t-elle. Les deux schémas se montrent complémentaires ». Une partie du programme anglais est ainsi intégré à l’instruction.

Les professeurs, tous diplômés du monde de l’éducation, cultivent leurs différences tout en gardant un objectif commun : la progression de l’élève. Issus d’horizons différents, ils apportent leur savoir-faire dans un cadre bienveillant, tant aussi bien pour eux que pour les enfants.

 

L’enseignement bilingue au cœur de l’apprentissage

A L’Ecole des Petits comme à L’Ecole de Battersea, les cours donnés en anglais et en français s’entremêlent tout au long de la semaine. Et si les vacances, exceptées à Pâques, se juxtaposent à celles déterminées en France, les festivités font l’objet d’un savant mélange des deux cultures. Aussi bien Halloween que la galette des Rois, sans oublier le passage du Père Noël, sont célébrés à l’école.

A Fulham, les parents décident, lors de l’inscription en Petite Section, si leur enfant va suivre les cours dans la langue de Molière (une classe) ou dans celle de Shakespeare (deux classes). Deux demi-journées par semaine, les élèves changent de professeur pour pouvoir bénéficier d’un apprentissage dans deux langues différentes. Les instituteurs francophones donnent cours à la classe anglaise, tandis que les enseignants anglophones travaillent avec les enfants ayant choisi le français comme langue principale. L’année suivante, le schéma se répète, à la différence que ce sont les professeurs qui décident de la répartition des classes, en prenant en compte les besoins de chacun. En Grande Section, afin que les élèves soient prêts à intégrer une école élémentaire francophone, deux classes profitent d’un enseignement à parité horaire entre l’anglais et le français, tandis que la dernière, destinée aux anglophones, suit les cours principalement en français.

A L’Ecole de Battersea, une grande place est également accordée au bilinguisme. En Maternelle, les élèves apprennent autant en anglais qu’en français. En Cours Préparatoire et au-delà, des horaires renforcés en anglais permettent aux élèves de devenir bilingues à l’oral comme à l’écrit, avec des enseignements spécifiques selon les besoins de chaque enfant. Ainsi, après L’Ecole de Battersea, ils sont prêts pour le collège français mais peuvent également choisir d’intégrer le système britannique ou international.

 

Des élèves français, mais pas seulement

Si tous les enfants ont un lien avec la francophonie, ils ne viennent pas forcément de l’Hexagone. Frédérique Brisset estime ainsi « à 70 le pourcentage d’élèves ayant (au moins) un passeport français ». Les 30 % restants arrivent du Maroc, du Liban, ou d’ailleurs. Plus de 35 nationalités sont représentées dans l’école.

D’autre part, pas besoin ici de passer un examen pour intégrer l’école. Si les fratries sont prioritaires, les admissions se font selon l’ordre d’arrivée des candidatures. La cheffe d’établissement conseille ainsi d’inscrire son enfant « le plus tôt possible », surtout en Petite et Moyenne Section. Avant la crise du Covid-19, les parents avaient aussi l’occasion de venir visiter l’école, puis de s’entretenir avec la directrice au sujet de la pédagogie privilégiée à Battersea et à Fulham, ainsi que sur leurs motivations à rejoindre l’institution. Pour le moment, des présentations en ligne sont organisées chaque semaine.

L’Ecole des Petits et L’Ecole de Battersea subliment ainsi la notion de l’apprentissage bilingue en plaçant les élèves au cœur du projet. Les avantages du système éducatif français sont accompagnés des bienfaits de l’enseignement anglo-saxon dans le but d’atteindre un seul objectif : la progression et le bien-être de l’enfant.

 

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