Le 21 juillet 2020, 181 historiens renommés ont signé une lettre ouverte au gouvernement britannique pour une révision du « Life in the UK Test ». Ce test, que doivent passer les étrangers pour s’installer sur le territoire britannique ou demander la nationalité, serait historiquement erroné. De quoi s’interroger sur l’objectif du questionnaire.
Le test qui permet de s’installer au Royaume-Uni ou d’obtenir la nationalité britannique a pour objectif officiel de faciliter l’intégration des étrangers en s’assurant de leur connaissance des îles britanniques. Afin de le passer, les candidats doivent étudier un manuel qui présente la culture et l’histoire britanniques. Chaque année, ce sont des milliers de candidats qui payent £50 pour le présenter. Sans compter que le manuel est payant aussi. Un premier obstacle financier qui peut empêcher certains immigrants de prétendre au test. Mais, bien plus préoccupant, son contenu même est remis en question.
En juillet dernier, 181 historiens ont appelé à une modification du contenu du manuel dans la revue académique « History ». Ils affirment que la partie du livre traitant de l’Empire britannique est erronée. En effet, la décolonisation y est présentée comme un processus transitionnel, engagé par les Anglais de manière ordonnée. De plus, il n’est fait mention à aucun moment des manifestations indépendantistes ou des travers de l’esclavage. L’histoire de l’Empire est présentée de manière unilatérale et la colonisation comme bénéfique pour les territoires annexés. Un chapitre, en somme, qui fait dire aux historiens que la connaissance historique recule. Ils demandent donc une révision du manuel et dans l’attente de celle-ci, la suspension du chapitre concernant l’Empire britannique.
Ce test constitue la première introduction à la culture et l’histoire britanniques pour beaucoup d’arrivants sur le sol britannique. Les ressortissants des anciennes colonies britanniques, peuvent en être offensés. Connaissant le passé de leurs pays et ayant une autre vision de la colonisation, l’histoire présentée par le gouvernement pourrait presque les dissuader de s’installer sur les îles britanniques. Pour les autres, ce test leur donne dès leur arrivée, une fausse image de ce qu’est l’histoire anglaise, voire les oblige à apprendre des éléments qu’ils savent incorrects.
Certains passages erronés datent de la troisième édition du livre, c’est-à-dire de 2013, sous le gouvernement de David Cameron. Cette dernière version, ajustée quelques fois depuis mais sans ré-édition, vient rendre le test d’autant plus sujet à question. Plutôt que de connaître le numéro des urgences, il faut savoir combien de pouces mesure « the London Eye ».
Les historiens s’insurgent : alors que ce questionnaire est censé promouvoir la tolérance, l’équité et faciliter l’intégration des étrangers, il fait tout le contraire. Il va à l’encontre de la culture démocratique et des valeurs libérales. Par ailleurs, Thom Brooks, professeur à l’université de Durham affirme que « c’est le seul test de citoyenneté que seulement quelques-uns des citoyens peuvent réussir ». Cela questionne en effet sur l’objectif réel du test : intégrer les nouveaux venus ou les dissuader de s’installer au Royaume-Uni ?
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