Héritage de l’empire colonial, ces territoires offrent au Royaume-Uni une présence sur tous les océans.
Comme la France, le Royaume-Uni contrôle encore de nombreux territoires en dehors du continent européen. La plupart sont des anciennes colonies à qui le statut de nation indépendante n’a pas été proposé ou l’ayant refusé. S'ils ne font pas directement partie du pays, ils sont dépendants du Royaume-Uni pour les questions de défense et de politique étrangère. Ils ont tous pour chef d’État la Reine d’Angleterre.
Ces quatorze territoires sont peuplés d’un peu plus de 250 000 personnes et couvrent 1 700 000 km2, dont une large partie en Antarctique. La plupart ont leur propre gouvernement et système législatif mais plusieurs d’entre eux sont uniquement peuplés de scientifiques ou de militaires.
Palmiers et banquiers
Presque la moitié des territoires britanniques d’outre-mer se trouvent dans la région des Caraïbes. Leur réputation repose en grande partie sur leurs plages magnifiques, qui en font des destinations touristiques importantes pour les vacanciers du Royaume-Uni, le tout saupoudré de la légèreté de leurs systèmes fiscaux.
L’archipel des Bermudes est le plus peuplé et le plus riche de la région. Connu pour la légende du triangle des Bermudes, une large zone entre l’archipel, la Floride et Porto Rico dans laquelle un grand nombre de bateaux et d’avions auraient disparu, l’archipel est aussi un paradis fiscal ainsi qu’un important lieu d’enregistrement des bateaux. Un large nombre de navires sont immatriculés dans l’archipel alors qu’ils n’y ont jamais largué leur ancre. Cette pratique, dite du pavillon de complaisance, permet aux armateurs de payer moins d’impôts et de profiter d’un droit du travail plus souple. En 2015, 71 % des navires marchands dans le monde naviguaient sous pavillon de complaisance. Plus au sud se trouvent les Îles Caïmans, un spot reconnu mondialement pour la plongée et l’important “hub” bancaire qu’il constitue. Ce secteur emploi 26 % de la population. Les Îles Caïmans sont placées sur la liste noire des paradis fiscaux recensés par l’UE depuis 2017.
Même schéma pour les Îles Vierges Britanniques ; 45 % des revenus de l’archipel viennent du tourisme et le reste des cabinets de comptables, d’avocats ou encore des fonds de pensions. A l’est des Îles Vierges se trouve l’archipel d’Anguilla, habité par 15 000 personnes, il n’est qu’à une quinzaine de kilomètres du territoire français de Saint Martin. Une distance beaucoup plus courte que la trentaine de kilomètres séparant la France du Royaume-Uni dans la Manche.
Juste au nord de la Guadeloupe, le petit îlot de Montserrat est le plus sauvage des territoires britanniques des Caraïbes. Entre 1995 et 1997, le volcan de la Soufrière, au sud de l’île, entre en éruption à plusieurs reprises et ravage une partie de Montserrat. Plymouth, la capitale, est détruite avec son aéroport. La moitié sud de l’île est aujourd’hui inhabitable et interdite d’accès. Une histoire qui lui vaut le surnom de « Pompéi des Caraïbes ». Enfin, au nord d’Haïti et à l’est de Cuba se trouvent les Îles Turques-et-Caïques. C’est le plus grand territoire britannique de la région avec 430 km2. Pour l’anecdote, sachez que le Canada envisage depuis plusieurs années d’annexer ce territoire pour obtenir un point d’ancrage dans la région et réduire l’énorme déficit touristique dont souffre le pays en hiver.
Moutons, militaires et scientifiques
En dehors des Caraïbes, les territoires britanniques se trouvent en grande partie dans l’Atlantique mais aussi dans l’océan Indien ou le Pacifique. Beaucoup moins accueillants que leurs congénères des tropiques, ils sont en grande partie peuplés d’animaux sauvages et de chercheurs.
Au beau milieu de l’Atlantique, se trouve le territoire de Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha. Composé des îles de Sainte-Hélène, Ascension et des cinq îles de l’archipel Tristan da Cunha, il est le plus isolé des territoires britanniques. Contrôlé par les anglais depuis 1673, Sainte-Hélène est choisie en 1815 comme prison pour Napoléon Bonaparte. Craignant une tentative d’évasion vers les îles alentours, les britanniques prirent à ce moment-là le contrôle d’Ascension et de Tristan da Cunha. Ce dernier est l’archipel habité le plus isolé du monde, la première terre se trouvant à 2 420 kilomètres. Plus au sud et à quelques centaines de kilomètres de l’Argentine se trouve l’archipel des Malouines, ou Falkland pour les Britanniques. C’est sûrement le plus connu des territoires britanniques d’outre-mer. Entre avril et juin 1982, la République argentine et le Royaume-Uni se sont affrontés pour le contrôle de celui-ci. Après un millier de morts et la perte d’un grand nombre de bateaux et d’équipements des deux côtés, le Royaume-Uni conserve le contrôle des Falkland, une défaite militaire qui laissera des traces importantes en Argentine. Dans cette guerre, les Britanniques auront grandement profiter du contrôle qu’ils exercent sur le territoire de la Géorgie du Sud-et-les îles Sandwichs du Sud. Situées au sud-est des Malouines, ces îlots, tout comme Sainte-Hélène, ont servi de base-arrière à la marine britannique pendant la guerre. Aujourd’hui, ils ne sont habités que de façon ponctuelle par des scientifiques.
C’est le cas également pour le Territoire antarctique britannique. Le continent austral est en effet régi depuis 1959 par le Traité sur l’Antarctique. Il définit la façon dont les États peuvent agir sur le continent, interdisant notamment les activités militaires et établissant un cadre pour les expéditions scientifiques. Cependant, il ne définit pas exactement les zones de contrôles des États et une large partie du Territoire antarctique britannique est revendiqué tant par le Chili que l’Argentine. D’ailleurs, ce n’est pas le seul territoire à faire l’objet de revendications territoriales. C’est le cas de Gibraltar, tout au sud de la péninsule ibérique. Ce petit rocher d’à peine 7 km2 est encore officiellement revendiqué par l’Espagne et suscite régulièrement des conflits. Contrôlé par la couronne d’Angleterre depuis plusieurs siècles, Gibraltar est un port stratégique pour la présence militaire britannique en Méditerranée.
C’est également dans cette mer que le Royaume possède son territoire le plus surprenant. Sur l’île de Chypre, le pays contrôle deux bases militaires souveraines ; Akrotiri et Dhekelia. Ces deux bases existent depuis le début des années 1960 et occupent une surface de 250 km2. Elles sont habitées par plus de 14 500 militaires britanniques et leurs familles. Les forces en présence participent, dans le cadre d’une mission de l’ONU, à la surveillance de la zone tampon entre la république turque de Chypre du Nord, état uniquement reconnu par la Turquie, et la République de Chypre.
Enfin, la couronne contrôle les Territoires britanniques de l’océan indien composés de l’archipel des Chagos. Les habitants de l’archipel ont été évacués dans les années 1970 pour permettre aux forces armées américaines d’y construire une base. Le terrain est loué au Royaume-Uni par les États-Unis et 4 000 militaires y travaillent. S’il la base offre aux Américains une place forte stratégique dans la région et rapporte probablement beaucoup d’argent aux Britanniques, le contrôle de ce territoire n’en reste pas moins illégal. En 2019, l’Assemblée Générale de l’ONU a condamné le Royaume-Uni à restituer l’archipel aux autorités de Maurice.
Concluons ce tour du monde par les Îles Pitcairn, seul territoire britannique du Pacifique. Situés à l’extrême ouest de l’archipel polynésien, les Pitcairn abritent une population de seulement 50 personnes. La plupart sont les descendants de marins s’étant mutinés et installés sur l’île en 1789.
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