Dimanche minuit, la célèbre National Gallery de Londres s’est faite cambrioler. Un cambriolage pas tout à fait comme les autres…
Qui peut-être assez ingénieux pour voler absolument toutes les oeuvres d’une galerie (sauf deux) ? Yarden Yaroshevski. La National Gallery de Londres s’est faite dérober ses plus belles collections par un homme dans la quarantaine portant des petites lunettes noires et rectangulaires. Si il fallait se tenir à un stéréotype, celui du « geek » s’accorderait parfaitement à son apparence. Oubliez cagoules, lasers à infrarouge, armes ou encore plans stratégiques pensés quatre ans à l’avance. Aujourd’hui, le vol d’œuvres d’art, c’est tout une technologie. Le PDG de Stikipixel et l’inventeur du jeu « OWW » (Occupy White Walls), s’est servi du logiciel Javascript pour faire des photos de haute résolution de différents tableaux et la National Gallery en regorge. Situé sur Trafalgar Square, le musée détient certaines des peintures les plus célèbres dans le monde comme Van Gogh ou Botticelli. Actuellement, il est possible de s’y rendre sous réservation.
« L’art veut être libre », citation prise dans la biographie Linkedin de Yarden Yaroshevski
Pour son jeu, Yarden Yaroshevski accumule les œuvres d’art virtuelles. Elles viennent de la National Gallery de Washington ou encore du Metropolitan Museum de New York. Toutes copiées sur le site des musées, le concepteur de « OWW » veut libérer l’art, le rendre accessible au plus grand nombre. N’importe qui détenant un ordinateur et un compte Steam peut avoir accès à cette culture. 50 000 personnes peuvent créer virtuellement leur propre musée ou collection personnelle ainsi que visiter ceux des autres joueurs. Cette dimension 3D n’a pas été créée seulement dans le but d’amuser quelques individus. Yarden Yaroshevski y voit un aspect politique. «J'aime à y voir une libération».
En 2017, lors d’une conférence, il explique de manière amusante sa théorie sur l’homme des cavernes. Il y défend l’aspect public de l’art et condamne l’élite qui en est chargée. « Je crois que les collections publiques sont comme des administrateurs - elles s'occupent de l'art au nom de la société, et le mandat principal est d'essayer de le montrer au public et d’y augmenter son accès».
Il rappelle également que la plupart des œuvres se trouvent principalement dans les sous-sols des galeries. Pour imager ses propos, il utilise encore une métaphore : la partie immergée de l’iceberg. En effet, exposer entièrement les possessions d’un musée est tout simplement irréalisable.
Une véritable expérience autour de l’art
Avec le confinement, les musées ont développé la mise en ligne virtuelle des collections qu’ils possédaient. Yarden Yaroshevski veut faire mieux. Il veut pouvoir offrir une véritable expérience à ses clients et pas seulement de vieilles images produites par Google Street View. « Ils pensent toujours comme des bâtiments », a déclaré Yaroshevski.
Un crime ?
Le vol numérique qu'a entrepris Yarden Yaroshevski n’était d’après lui aucunement intentionnel. « Mais c'est la première fois que nous réalisons une collection entière, comme celle-ci », explique le créateur de jeux vidéos. L’homme s’est dit vouloir communiquer dans un premier temps avec le directeur du musée de la National Gallery comme avec d’autres avant lui. Selon lui, c’est toujours le même détail qui dérange : toutes les oeuvres d’art ont le même prix. Malgré tout, devant la justice, les directeurs de musée sont impuissants car la plupart des oeuvres d’art comme celle de ce musée (sauf deux) n’ont plus de droit d’auteur depuis longtemps.