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Le boom des applications de dating pour préparer l'après Covid-19

Application dating tinder bumble happnApplication dating tinder bumble happn
Jonathan Borba - Unsplash
Écrit par Laurent Colin
Publié le 27 mars 2020, mis à jour le 30 mars 2020

Il y a 40 ans, Alain Souchon nous chantait son ultra moderne solitude. Laissez-nous aujourd’hui vous fredonner les louanges de l’ultra moderne manière de faire des rencontres… à distance. Ces derniers jours, les applications Tinder, happn, Bumble accueillent des nouveaux utilisateurs en masse et voient se multiplier les conversations. Un bon moyen pour certains de passer le temps et pourquoi pas de trouver l’âme sœur.

 

Le confinement imposé dans de nombreux pays pour tenter d’enrayer la pandémie planétaire est clairement en train de changer nos habitudes et notre rythme de vie. Nous oublions la frénésie dans les transports en commun. Nous nous inclinons devant les fermetures de tous les lieux de socialisation : pubs, salles de sport, bureaux, restaurants. Nous voyons défiler non pas les métros ou les bus, mais les minutes beaucoup plus lentement. Nous passons plus de temps avec notre famille si elle est présente sous le même toit, ou sur WhatsApp pour nous enquérir de la santé de nos proches. Et pour les célibataires qui parfois vivent l’isolement comme une épreuve, les applications de dating peuvent constituer le rempart idéal contre la solitude.

35 % de conversations en plus depuis le début du confinement

Les applications de dating ont le vent en poupe. Ce que confirme notre contact chez Bumble. L’envoi de messages a augmenté très significativement cette dernière semaine avec une hausse de 39 % pour les femmes, contre 33 % les hommes, apparemment moins bavards. Avec un pic très net pour les utilisateurs âgés de 23 à 29 ans. Il en est de même pour les appels vidéo en augmentation de 21 %. Chez happn, une enquête menée auprès des utilisateurs montrent que 54 % envisagent de faire la fameuse « première date » sous forme vidéo.

Une tendance qui devrait encore s’amplifier dans les jours ou semaines à venir, même s’il n’y a pas (très vite) le sacro-saint rendez-vous tant espéré à la clé. Ce n’est pas grave confie Julie et Philippe, deux amis célibataires rencontrés juste avant le « bouclage » de Londres. « Il y a une vraie stratégie à trouver, des contacts à nouer, des liens à entretenir, pour pouvoir le Jour J organiser un face à face ». Ils jouent donc sur plusieurs applications et ont déjà plusieurs fers au feu confient-ils. En tout cas, pas question de braver les interdits. Ils restent calfeutrés à leur domicile. Le virus ne passera pas par eux !

Les descriptions de profils ont changé

Une étude menée par Bumble montre que près de 7 000 personnes au Royaume-Uni ont ajouté dans leur biographie des mots liés au Coronavirus ou à la quarantaine. Chacun essaie d’être le plus inventif possible pour sortir du lot. Une bonne chose car le pouvoir n’appartient finalement pas aux seules photos. Charlène « recherche partenaire de quarantaine » ; Mark est « partant pour bar à cocktail après confinement » ; Jo-Anne lance un « appel au prince charmant pour planifier le meilleur restaurant post-Covid » et Harry promet « un week-end inoubliable à Amsterdam à sa belle une fois le virus évaporé »…

Les plateformes veillent au grain

Chez happn, le message est clair. La priorité est à la sécurité des « Happners », aux rencontres oui, mais pas physiques. Pas pour l’instant ! L’application vient d’ailleurs de se fendre d’un message d’amour adressé à tous ses utilisateurs. « Les semaines qui s’annoncent vont être difficiles (…) happn continue à être cet espace de rencontre virtuel où vous pouvez vous découvrir, échanger, parler et apprendre à vous connaître. Ces moments sont aussi l’occasion d'apprendre à faire différemment, à s’aimer différemment. Cela peut être par échanges de messages écrits, par des premiers dates par téléphone, ou encore par appel vidéo. Nous sommes sûrs que vous redoublerez d'originalité et de créativité, car l’amour le mérite. Surtout, nous voulons que vous preniez soin de vous, de votre santé et de celle des autres, c’est la seule et unique priorité aujourd’hui ».

Même son de cloche chez Tinder qui rappelle que « la distanciation sociale ne signifie pas nécessairement la déconnexion ». La plateforme espère demeurer « un lieu de connexion pendant cette période difficile » et souligne que ce n’est surtout pas le moment d’aller rencontrer la personne aimée et que tout pour l’instant doit rester dans son smartphone. « Il va falloir prendre son ‘mâle’ en patience », confie Laetitia une jeune étudiante française avec beaucoup d’humour. Elle précise au passage qu’elle a choisi Bumble car c’est la seule application qui donne le pouvoir aux femmes. En cas de « match » entre l’homme et la femme qui ont réciproquement « swipé » vers la droite, c’est bien cette dernière qui à 24h pour initier la conversation.

Deux innovations pour aller beaucoup plus loin

Pour faire face à la crise sanitaire du moment, happn étend ses services. L’application se distingue des deux autres en enregistrant vos déplacements grâce à un système de géolocalisation très pointu et en suggérant des profils de personnes que vous auriez pu croiser dans la rue dans un rayon de 250 m. Le but est de proposer des personnes qui vivent ou travaillent à proximité. Après les annonces du gouvernement cette semaine (16 et 20 mars 2020), qui a fortement conseillé au public britannique de rester à la maison et de pratiquer la distanciation sociale, l'application de rencontres annonce qu'elle étend son rayon de 250 m à 90 km, dans le but « de préserver le lien social et de permettre de nouvelles rencontres, malgré l'isolement ». L’entreprise confie qu’à partir d'aujourd'hui et pour une période indéterminée « les utilisateurs verront d'abord les personnes à proximité, puis les personnes localisées dans un rayon de 90 km autour d'elles. »

Avec l’isolement forcé, c’est finalement tout le modèle de la plateforme qui était en train de vaciller, car moins on se déplace, moins de profils apparaissent. Comme l’explique Didier Rappaport, PDG de happn, « un certain nombre de nos utilisateurs ont partagé leurs angoisses avec nous alors que le nombre de profils proposés commençait à diminuer sérieusement. Nous connaissons le rôle du lien social que nous avons en tant qu'application de rencontres, et c'est pourquoi nous avons décidé d'étendre le rayon des personnes que les utilisateurs peuvent croiser à 90 km afin de ne laisser personne se sentir complètement isolé pendant la période de confinement ».

L’application Tinder mise quant à elle sur la fonction « Passeport » pour trouver des matchs parfois à des milliers de kilomètres. Antoine, un jeune utilisateur se réjouit de cette « trouvaille » car il suit désormais des conversations avec des jeunes filles de Johannesburg, Hong Kong ou encore Madrid. Cette fonction n’est pas nouvelle, mais elle était auparavant payante et comprise dans les abonnements Tinder Plus et Gold. L’application l’offre dès à présent à tous ses membres jusqu’au 30 avril. Pour y accéder, l’utilisateur a juste à aller dans ses paramètres et ajouter un nouvel emplacement symbolisant normalement son lieu de résidence.

L’entreprise fait aussi un geste aux étudiants en étendant le périmètre d’utilisation de Tinder Uni. Concrètement les étudiants pouvaient jusqu’alors « s'inscrire » en utilisant les adresses e-mail de leur école afin de correspondre avec les étudiants sur leur propre campus et à proximité. Maintenant la distance géographique a disparu et ils peuvent se connecter les uns aux autres même s’ils ne sont pas sur le même continent.

 

Si nous avons commencé avec Alain Souchon, finissons avec Claude François et un bon conseil. Surtout, si Le téléphone pleure et que vous ne parvenez pas aux matchs espérés, persévérez ! Les rencontres 2.0 arrivent et donnent parfois naissance à de belles histoires. Nous connaissons beaucoup de couples Tinder, Bumble et happn. Si vous roucoulez en sortie de crise, n’oubliez pas de nous écrire !