Boris Johnson a annoncé lundi soir la fin du port obligatoire du masque à partir du 19 juillet prochain, laissant ainsi chacun libre de continuer à en porter un ou non. Une décision qui divise et laisse perplexe un certain nombre de personnes.
71% des résidents britanniques contre la fin de cette obligation dans les transports
Si cette mesure fait bien évidemment des heureux, la plupart ne la voient pas d’un très bon œil. Selon un sondage réalisé sur la plateforme YouGov, plus de deux tiers des personnes interrogées pensent que l’abandon de l’obligation de porter un masque ne devrait pas s’appliquer aux transports.
Les sondés ont également répondu à d’autres questions dont il est ressorti que 66% estiment que cette obligation devrait rester en vigueur dans les magasins, tandis que 70% pensent qu’ils se sentiraient moins en sécurité dans des espaces bondés ou non ventilés.
Le nombre de personnes ayant participé à ce sondage étant de 2749, celui-ci peut-être techniquement considéré comme représentatif de l’opinion générale ( l’échantillon étant supérieur à 1000 personnes).
L’incompréhension des scientifiques face à cette décision
Les scientifiques sont nombreux à regretter cette décision prise par le gouvernement. Elle est d’ailleurs remise en question au sein même de ce dernier. Le professeur Adam Finn, du Comité Conjoint sur la Vaccination et l’Immunisation, estime que le port du masque a une utilité d’une extrême importance dans certaines circonstances, et qu’il ne compte pas l’abandonner. « À titre personnel, je continuerai certainement à porter un masque si j'ai des symptômes ou si je me trouve dans un espace clos avec beaucoup d'autres personnes pendant une période prolongée, indéfiniment en fait », a-t-il déclaré pour Sky News.
Le docteur Chaad Nagpaul, président du conseil de la British Medical Association, a quant à lui avoué trouver « très préoccupant » que le Premier ministre prenne une telle décision malgré les avis émis par ses pairs et lui-même sur les risques d’augmentation des hospitalisations et des décès. Il constate « un décalage évident entre les actions que le gouvernement prévoit de prendre et les données et opinions de la communauté scientifique et de la profession médicale ».
Même son de cloche du côté du professeur Stephen Reicher, membre de l’Independent SAGE et conseiller du gouvernement dans le cadre du groupe d'étude scientifique sur les comportements en cas de pandémie (Spi-B). Il alerte sur « la perspective très réelle du risque » d’observer d’ici fin juillet un taux de contamination proche d’un million de cas par semaine.
Qu’en est-il dans les autres pays ?
Le Royaume-Uni n’est pas le premier pays à afficher son intention de donner à l’expression « bas les masques ! » un sens plus actuel. D’autres ont sauté le pas il y a un certain temps déjà. Parmi eux : la Suède, Israël, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, la Chine et la Hongrie.
Les trois derniers cités ont tous levé l’obligation de porter un masque entre avril et début juillet, avec quelques exceptions relatives à certains lieux (comme les hôpitaux en ce qui concerne la Hongrie). La Chine est un cas à part, les habitants de ses grandes villes ayant eu l’habitude de porter des masques avant même la pandémie en période d’épidémies de rhume ou de pics de pollution.
Outre-Atlantique, la plupart des Etats américains ont retiré le port du masque en intérieur et en extérieur pour les personnes complètement vaccinées. Toutefois, dans certains Etats, des agences de santé publique alertent sur la propagation du variant Delta et suggèrent un retour du masque en intérieur.
Du côté d’Israël, le rétropédalage a été immédiat. Le pays a subi une forte hausse de contamination due au variant Delta, le forçant à remettre en place le port du masque quelques jours seulement après l’avoir abandonné. Une voie que devrait suivre la Nouvelle-Zélande en fonction du niveau d’alerte, tel que l’annonçait le gouvernement la semaine dernière.
Last but not least, la Suède semble évoluer dans une autre dimension. Le pays n’a jamais été confiné et le port du masque jamais rendu obligatoire, seulement recommandé pendant les heures de pointe dans les transports en commun. Le nombre de nouveaux cas faiblit et, bien que le taux de décès soit plus élevé que dans les autres pays nordiques, il reste bien inférieur à celui de beaucoup de pays européens s’étant astreints à un confinement strict. Une donnée qui donne matière à réflexion.
Sachant cela, quel est votre avis concernant l’abandon du port du masque ?